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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Liban solidaire de la population de Cisjordanie

Le Liban est un pays rapide. Il entre vite en effervescence mais se calme tout aussi rapidement. Un exemple entre mille : la fièvre électorale qui avait atteint pendant la campagne de redoutables sommets et qui est retombée d’un seul coup, une fois le scrutin terminé. De même l’émotion provoquée certain mercredi par le manifeste de Bkerké commençait à s’apaiser, diluée dans des propos communs sur «le dialogue», quand un ministre syrien, M. Adnane Omrane, en visite au Liban, a ravivé le débat, en traitant toute l’affaire comme on le fait d’une dent malade «par le mépris». Ajoutant en substance que son pays a réchauffé un serpent en son sein, dans ce sens qu’il avait «protégé certaine partie de l’anéantissement». Selon ce responsable, les troupes syriennes sont intervenues «pour immuniser le pays contre le sectarisme et pour en finir avec le confessionnalisme». Si ces facteurs perdurent, comme le visiteur semble s’en plaindre, s’ils sont toujours aussi «nocifs» comme il l’affirme, il faut croire que le but visé n’a pas été atteint. Reste alors la question de fond : pourquoi Taëf n’est-il pas appliqué, pourquoi les forces syriennes ne se redéploient-elles pas sur la Békaa ? Pour sa part, le patriarche Sfeir campe fermement sur ses positions et même les renforce de jour en jour, de sermon en sermon. Il accepte visiblement le combat et entreprend de réfuter les arguments des contempteurs du manifeste de Bkerké, dont il aurait pu se contenter. Tout de suite, on le sait, Mgr Sfeir a commenté la réaction de M. Omrane comme étant une déformation des faits historiques «pour des buts et des desseins qui sont un secret de Polichinelle». Pour le cardinal, le Liban n’a connu ni une guerre de religion, ni une guerre civile, mais des guerres d’autrui, avec des instruments locaux mais aussi étrangers. Il redit que, dans ce magma, il n’y a pas eu de sauvetage désintéressé. Ajoutant que si l’on devait admettre, sur un simple plan théorique, que «telle fraction libanaise doit sa survie à telle partie, cela est-il suffisant pour justifier l’hégémonie, la domination, la volonté qu’autrui vous impose. Même des enfants, redevables de leur vie à leurs géniteurs, ont le droit de sortir un jour de la tutelle parentale». La certitude d’avoir raison n’interdit pas toute habileté sémantique. Ainsi, oubliant le ton virulent du manifeste et son timing pointu, des sources proches de Bkerké s’étonnent que «le communiqué des évêques fasse tant de bruit, alors qu’il n’apporte aucune idée vraiment neuve. La demande de redéploiement en application de Taëf remonte à plus de huit ans. Ceux-là mêmes qui auraient poussé les hauts cris si l’on avait évoqué dans le même communiqué le cas de l’occupation israélienne font semblant de s’indigner qu’on ne l’ait pas fait. Le thème n’a pas été abordé parce qu’il n’avait pas besoin de l’être. Et de plus, le point de vue de Bkerké à l’encontre de l’occupation israélienne et des milices est inattaquable. Personne ne peut faire de surenchères à ce sujet et nul n’ignore que le patriarcat n’adopte que des positions nationales. Mgr Sfeir ne s’exprime qu’en fonction de ses convictions profondes et des responsabilités qu’il doit assumer. Ses déclarations ne sont et ne peuvent lui être soufflées par aucune partie étrangère, comme le prétendent certains». Qui pratiquent eux-mêmes volontiers ce genre d’exercice. Quoi qu’il en soit, les visiteurs de Bkerké répercutent volontiers le thème du dialogue. Dans ce sens qu’en général, ils veulent voir dans le manifeste des évêques une perche tendue pour une large concertation nationale sur le problème de la présence syrienne et sur ses accablantes conséquences socio-économiques. Ils ajoutent que parler de relation dans la confiance plutôt que de rapports de force, c’est faire preuve d’amitié et non d’hostilité à l’égard de la Syrie, puisqu’une telle harmonisation est clairement dans son intérêt. Quant aux critiques sur le timing, les sources proches de Bkerké les réfutent par un cinglant : «Si ce n’est pas maintenant, ce serait à quel moment ? Quand le pays aura été vidé de tous ses jeunes et de toutes ses ressources ? Quand il n’y aura plus personne pour entendre l’appel ?» Ceci étant, un détail anecdotique pour conclure : nombre de députés chrétiens s’abstiennent, en ces temps de ministrables, de faire acte de présence à Bkerké.
Le Liban est un pays rapide. Il entre vite en effervescence mais se calme tout aussi rapidement. Un exemple entre mille : la fièvre électorale qui avait atteint pendant la campagne de redoutables sommets et qui est retombée d’un seul coup, une fois le scrutin terminé. De même l’émotion provoquée certain mercredi par le manifeste de Bkerké commençait à s’apaiser, diluée...