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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Autorité en appelle au Conseil de sécurité et Chirac parle de provocation Washington prépare un sommet Barak-Arafat pour stopper l'escalade

Traduttore tradittore : la traduction, même littérale, est souvent traîtresse. Et même doublement traîtresse, puisqu’il lui arrive de trahir des vœux inexprimables. Ainsi, dans Taëf on trouve, au sujet du retrait syrien, l’expression «les forces syriennes, remerciées»... Remerciées pour leur contribution à la pacification de ce pays, bien évidemment, mais le double sens du terme laisse rêveur. Aujourd’hui, le thème redevient d’actualité. La reconnaissance du rôle positif de la Syrie implique naturellement, pour ne pas sortir des vocables homonymes, une certaine dose de reconnaissance. Damas a contribué à l’arrêt des combats, au maintien de l’unité de ce pays, au rétablissement de la paix civile, à la reconstitution d’une armée nationale bien soudée et à la victoire de la Résistance libanaise contre l’occupant israélien. «Tout cela, proclame un dignitaire religieux de l’Est, nous sommes les derniers à le contester. Mais comment parler de geste fraternel quand le prix à payer doit être le maintien ad libitum d’une aussi pesante présence militaire ? Doit-on rester à jamais l’esclave de quelqu’un qui vous aurait sauvé ? Doit-on, une fois sa raison retrouvée ou sa maturité atteinte, rester sous curatelle ou sous tutelle ? L’enfant devenu adulte ne peut-il obtenir son indépendance, s’en aller vivre ailleurs que sous le toit du pater familias et fonder son propre foyer s’il le désire ? Cela signifie-t-il qu’il divorce de sa famille, qu’il n’y aura plus de liens entre eux ? Mais ces mêmes rapports peuvent-ils autoriser, la mère ou le père, à se mêler des affaires de leur fils et de sa femme ? Le rôle des parents ne doit-il pas devenir alors de simples conseils, de mentors sages et écoutés, sans trace de despotisme ?» Ce prélat relève, dans la même logique, que «dans la mesure où la Syrie souhaite faire mousser aux yeux de la communauté internationale la réussite en profondeur de son intervention chez nous, de sa politique libanaise, elle doit pouvoir présenter la seule preuve qui compte : le rétablissement d’un État libanais fort, souverain, indépendant, veillant à l’union nationale comme à la paix civile avec le concours de solides forces régulières. Une entité qui tient toute seule sur ses jambes et qui n’a plus besoin de béquilles». «Si, relève encore ce prélat, après 25 ans de traitement direct, la Syrie ne peut encore présenter au monde qu’un handicapé, c’est que sa thérapie a échoué et qu’on doit lui retirer son accréditation de médecin traitant». En somme, dans les deux cas de figure, échec ou succès du long mandat, le retrait s’impose. Ce dignitaire religieux invite ensuite Damas «à saisir l’occasion pour partir avec la gratitude de tous les Libanais comme de toutes les nations qui portent de l’amitié à ce pays. C’est gâcher le tableau, c’est même en dénaturer le sens que de vouloir s’accrocher en usant de prétextes fallacieux ou de politiciens intéressés. Une attitude qui risque de provoquer de profondes dissensions internes et d’accentuer le ressentiment d’une bonne partie des Libanais. Les Syriens, par leur expérience propre avec les Turcs, avec les Français puis avec les Égyptiens, sont bien placés pour savoir que nul ne peut imposer son intrusion ou sa colonisation à une population assoiffée d’indépendance». La personnalité religieuse citée s’étonne ensuite que «dans la plupart des cas, les contempteurs du manifeste de Bkerké omettent d’en commenter le contenu et se contentent de critiquer le ton ou le timing. Nous aurions aimé entendre des voix s’élever pour discuter raisonnablement, sans passion délétère ou sans peur. On nous affirme que la relation avec la Syrie est stratégique, mais que veut dire ce terme ? Personne ne le précise et personne n’avance une explication technique pour justifier le non-redéploiement des forces syriennes sur la Békaa, en application de Taëf. Le seul autre argument prétendument de fond qu’on nous oppose, et qui est en réalité tout à fait contradictoire, est que la Syrie nous a sauvés de la perdition et de l’anarchie. On ne s’aperçoit pas que c’est le même slogan que l’occupant israélien a utilisé pendant 22 ans pour justifier la spoliation de notre territoire comme de notre souveraineté. On n’a cessé de nous répéter pendant cet interminable calvaire qu’il ne fallait pas mettre à pied d’égalité le frère et l’ennemi. Nous en avons tenu compte. Maintenant, c’est aux autres d’éviter l’amalgame». Puis le prélat souligne que le communiqué des évêques maronites a réservé une large place à la crise socio-économique, à l’émigration massive des jeunes, à l’appauvrissement du pays, en insistant sur les causes précises de ce désastre. «Pourquoi, conclut-il, personne ne nous répond sur ce point ?» Sans doute pour un million de raisons.
Traduttore tradittore : la traduction, même littérale, est souvent traîtresse. Et même doublement traîtresse, puisqu’il lui arrive de trahir des vœux inexprimables. Ainsi, dans Taëf on trouve, au sujet du retrait syrien, l’expression «les forces syriennes, remerciées»... Remerciées pour leur contribution à la pacification de ce pays, bien évidemment, mais le double...