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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Syrie - Un aveu en contradiction avec toutes les déclarations précédentes, affirme Solid Damas : il y a moins de 50 détenus libanais dans nos prisons

Une œuvre dense, grave mais traversée d’une étrange lumière et habitée de rires nerveux a ouvert tambour battant la saison théâtrale au TDB à Aïn Mreissé. Placée sous les auspices de l’association coopérative culturelle Shams (de toute évidence rayonnante pour cette rentrée d’octobre de cette année!), la pièce de Tennessee Williams Parle-moi comme la pluie (dans une traduction en arabe de Michel Jabre) est en fait une adaptation un peu libre de Rima Dadenji (qui assure aussi une mise en scène musclée et sortant des chemins battus) de l’univers d’un des plus grands dramaturges contemporains américains. Dans un décor crépusculaire ingénieux mais d’une grande simplicité comportant trois pans de tissus, l’un tacheté de peinture et les deux autres en patchworks bariolés, et dans une «aire scénique» faite d’un bac à eau, une jeune femme (talentueuse Maria Doueihi) barbote, soliloque et se débat contre ses anges et ses démons ! Monodrame d’une quarantaine de minutes où l’on retrouve sur un ton agité, parodique, hystérisé les thèmes favoris de l’auteur d’Un tramway nommé désir. Passion, frustration, déchirements intimes, exploration des limites de la condition humaine (notamment féminine), voilà une héroïne bien «williamssienne», sœur jumelle légèrement fêlée et mythomane de Blanche Dubois (cette tigresse vaincue !) prise au piège des circonstances. Vide absolu d’une femme mariée qui attend en vain l’homme de sa vie et qui voudrait être une autre, une Anna Jones, fuyant vers des horizons lointains… Prisonnière dans cette flaque d’eau entre deux chaises basses et une valise, celle que guette impitoyablement une sorte de désintégration mentale et qui traque en vain bonheur et sérénité se joue de ses mots et de ses fantasmes. Si l’eau est signe (et symbole) de vie, elle peut être aussi liquescence et déliquescence… Avec des phrases courtes, cinglantes, faussement décousues, nerveuses, obsessionnelles (surtout ce risible et pathétique riz au lait que la protagoniste n’en finit plus de touiller, d’évoquer et d’invoquer !), crues, violentes, blessées et blessantes, un monde de violence, de sexe, de désirs inassouvis et de rêves déçus se dessine tout au long de ce lapidaire monologue meublé aussi d’éloquents moments de silence. Ici, émotion et sensibilité vont de pair. D’ailleurs T.Williams déclarait : «Je défends un théâtre vivant destiné à faire voir et à faire sentir». Bien sûr on pourrait reprocher à cette œuvre son aspect négatif et surtout cette présentation extravagante d’un personnage instable de même que la peinture d’une sexualité envahissante et exacerbée. Mais en même temps on ne peut que souligner l’effort de lucidité et de démystification pour «réaliser» une vie et éviter les impitoyables dérapages. Dosant adroitement réel et symboles, tragique et grotesque, Tennessee Williams semble vouloir suggérer que la vraie force est peut-être la non-violence. Des premières images de cette femme attifée en clocharde aux confins d’une folle de Chaillot et scandant «tous les enfants grandissent» jusqu’à la dernière minute de la représentation où elle renonce à sortir de son «bac à eau» et se recroqueville sur elle-même dans sa valise comme un fœtus dans son placenta, cette héroïne, incurable nostalgique de l’enfance, est bien de celles «qui ont toujours compté sur la gentillesse des autres»… Brillante performance où la musique a une place capitale dans l’émotion suscitée. Choix étendu et original de partitions pour accompagner le verbe de l’auteur de La descente d’Orphée : Vivaldi, Bregovic, un poème bel cantiste, la voix d’Asmahan dans Ya habibi taala, Pink Martini. Joli panaché à l’atmosphère déroutante mais si seyante à ces confusions de sentiments et cette âpre tentative de libération. Un excellent moment de théâtre qu’on devrait prolonger pour permettre au public d’applaudir (et de savourer) cette prestation certes baroque (au sens beau du terme) mais qui ne peut laisser indifférent.
Une œuvre dense, grave mais traversée d’une étrange lumière et habitée de rires nerveux a ouvert tambour battant la saison théâtrale au TDB à Aïn Mreissé. Placée sous les auspices de l’association coopérative culturelle Shams (de toute évidence rayonnante pour cette rentrée d’octobre de cette année!), la pièce de Tennessee Williams Parle-moi comme la pluie (dans...