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Actualités - REPORTAGES

Médecine - Séminaire sur l'homéopathie, demain, à l'USJ L'homéopathie, cette inconnue (photos)

À l’évidence, le grand public libanais et même une partie du corps médical, en général, ignorent tout de l’homéopathie ou sont très peu informés au sujet de cette méthode thérapeutique. Médecine douce, médecine par les plantes, maladies psychosomatiques, charlatanisme, etc., les concepts se mélangent et les préjugés ressurgissent dès lors qu’il est question d’homéopathie. Le moment est peut-être venu de mettre les points sur les «i» sur ce plan à l’occasion de la tenue demain, samedi, d’un séminaire sur l’homéopathie organisé par la Faculté des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph. Ayant pour thème «l’Homéopathie, une autre approche de la médecine», ce séminaire se tiendra à partir de 9 heures 30 au campus des sciences humaines de l’USJ, rue de Damas. L’homéopathie est une méthode thérapeutique qui cherche à guérir le malade en lui donnant, à doses infimes, une substance qui provoquerait, le cas échéant, chez un homme sain des troubles semblables à ceux que présente le malade. Le terme homéopathie est d’ailleurs issu du grec «homoios», semblable, et «pathisis», maladie. Au carrefour de la philosophie, de la psychologie et des mathématiques, l’homéopathie n’en est pas moins une discipline scientifique aux résultats d’une redoutable efficacité et qui, en Europe et aux États-Unis, fait de plus en plus concurrence à la médecine classique. Quatre principes sont à la base de cette méthode thérapeutique. En premier lieu, la globalité. L’homéopathie tient compte de la totalité du sujet. Un malade qui se rend chez son médecin pour se faire examiner et qui rentre bredouille avec un magistral «vous n’avez rien, c’est dans la tête» souffre quand même de quelque chose. L’homéopathie s’intéresse donc au malade dans sa globalité, corps et tête comprise… Le second principe est celui de l’individualité. L’homéopathie considère qu’il n’y a pas deux personnes identiques, donc tout le monde ne peut avoir la même réaction face à un virus ou un médicament donné. Le troisième principe est celui de la similitude. En médecine classique, ou allopathie – du grec «allos», autre, et «pathisis», maladie –, il s’agit de donner au malade une substance qui agit contre le mal, car étant son contraire. C’est la famille des «anti». Dans le cas de l’homéopathie, la substance donnée au malade est celle-là même qui, administrée à une personne saine, provoque les mêmes symptômes que ceux du malade. Le principe est quelque peu mathématique en définitive : si une personne a effectué un parcours du point A au point B grâce à une substance X, cette même substance permettra à cette personne d’effectuer le chemin inverse, du point B au point A. On ne peut plus simple… Le dernier principe est celui de l’infinitésimalité, terme introuvable dans un dictionnaire et propre au vocabulaire homéopathique. Ce principe a trait à la préparation de la substance à administrer au malade. Une dose infime d’origine animale, végétale ou minérale est prélevée pour être diluée dans de l’alcool ou de l’eau avant d’être dynamisée, c’est-à-dire agitée de manière à se charger électromagnétiquement. C’est d’ailleurs pour ne pas perdre son potentiel électromagnétique que la préparation homéopathique ne doit pas être touchée avec les doigts. Une dose, deux globules, trois granules M. Krikor Sahakian, docteur en pharmacie et diplômé en homéopathie, est propriétaire d’une petite pharmacie dans une toute petite ruelle d’Achrafieh, qui ne désemplit pas. Entre deux clients, il explique à L’Orient-Le Jour comment se fait le traitement homéopathique. «Le médecin homéopathe établit un diagnostic de l’état du malade sous forme d’un examen clinique mais aussi d’un questionnaire qui s’intéresse à l’ensemble du vécu du patient, à son comportement et aux modalités des symptômes. Il ne s’agit pas de dire j’ai mal seulement mais où et comment.» Le médecin prescrit alors un traitement de fond, les doses, qui ciblent la totalité du sujet, et un traitement périphérique, les granules, supposées agir directement sur les symptômes. Contrairement à une croyance reçue, le traitement homéopathique n’est pas forcément de longue durée. Dans le cas de symptômes aigus (rhume, angine, toux, grippe, douleur articulaire, problème gastro-intestinal…), le traitement dure entre trois et cinq jours. C’est dans le cas de symptômes chroniques que le traitement est long, en raison, précisément, du caractère chronique du mal. En cas de migraine, de sinusite, d’allergie, d’asthme, de problème dermatologique ou gynécologique, le traitement dure tant que le mal persiste. La rapidité de l’effet du traitement dépend aussi du potentiel réactionnel du sujet. «Le médicament homéopathique ne vise pas à guérir le mal à la place du malade mais plutôt à aider ce dernier à s’autoguérir, par ses propres moyens», souligne M. Sahakian. On parlera alors de potentiel réactionnel du sujet, qui est très élevé chez les enfants où le traitement homéopathique a un taux de succès important. «À l’inverse, dans le cas de personnes âgées, il s’agit de nettoyer l’organisme des résidus de substances qui s’y trouvent suite à des traitements aux hormones, antibiotiques ou aux corticoïdes pour retrouver le potentiel réactionnel initial», ajoute M. Sahakian. Il importe de souligner qu’il est possible dans certains cas, surtout lors de troubles chroniques, de combiner les traitements homéopathique et classique. Il était une fois Hahnemann… Au XVIIIe siècle, l’Allemand Hahnemann, déçu par la médecine de son époque, se consacre à la traduction. Ce médecin, qui maîtrise sept à huit langues, remonte au temps de la médecine d’Hippocrate et découvre l’existence de deux approches de la médecine, celle des contraires et celle des semblables qui a été éclipsée à un moment donné par la première. De fil en aiguille, Hahnemann restitue et développe l’approche des semblables, en appliquant la médecine expérimentale. L’homéopathie est née. Au Liban, l’introduction de l’homéopathie ne tarde pas. Au tout début du XXe siècle, elle est pratiquée notamment à Beyrouth et Tripoli. Aujourd’hui on recense entre cinq et dix médecins homéopathes au Liban. Un laboratoire a été installé en 1998 et fournit le marché local en produits homéopathiques. Côté formation, un cours d’homéopathie est donné aux étudiants en pharmacie, à l’Université Saint-Joseph. Pour l’instant, l’homéopathie reste inconnue au Liban. Demain samedi, quatre spécialistes en la matière exposeront leur point de vue au grand public et au corps médical au campus des sciences humaines de l’USJ.
À l’évidence, le grand public libanais et même une partie du corps médical, en général, ignorent tout de l’homéopathie ou sont très peu informés au sujet de cette méthode thérapeutique. Médecine douce, médecine par les plantes, maladies psychosomatiques, charlatanisme, etc., les concepts se mélangent et les préjugés ressurgissent dès lors qu’il est question...