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Actualités - CHRONOLOGIE

Education - Dispenser les élèves d'une attestation de radiation Tollé dans les écoles privées contre le projet Chalak

La rentrée scolaire est décidément le baromètre par excellence de la gravité de la crise économique et sociale dans le pays. Certes le phénomène n’est pas récent, et depuis quelques années déjà, de plus en plus de parents renonçaient à inscrire leurs enfants dans les écoles privées faute de moyens. Cette année, sous la pression des députés et du vice-président de la Chambre en particulier, Elie Ferzli, le gouvernement a même décidé d’exempter les parents des frais d’écolage dans les établissements publics, frais qui, pourtant, s’élèvent en tout et pour tout à 100 000 LL. Le fait pour un Libanais de ne plus pouvoir s’acquitter de cette somme afin d’assurer l’instruction de sa progéniture est déjà un scandale social en soi. Mais il y a pire, un problème pratiquement insoluble : nombre de parents n’arrivent plus à assumer les écolages dans les établissements privés et décident de transférer leurs enfants dans le secteur public. Or les écoles privées ne délivrent à l’élève une attestation de radiation (lui permettant de s’inscrire ailleurs) qu’à condition de régler le solde des frais de scolarité. D’aucuns jugent que c’est là un manque outrageant de solidarité de la part des établissements privés – notamment catholiques – à l’égard des plus démunis. L’Orient-Le Jour s’est enquis auprès de certains responsables pédagogiques du secteur privé de la légitimité de ces accusations. Les réponses ont aussitôt fusé, chiffres à l’appui. «Il y a en moyenne 30 à 35 % d’écolages impayés. Au Liban-Nord, il y a même des établissements catholiques qui se retrouvent en fin d’année avec un déficit de 50 à 55 % à combler dans leur budget», nous a-t-on dit. Du reste, même les écoles les plus cotées du pays ne sont pas épargnées par la crise. Le taux de scolarités impayées y est en moyenne de 10 %. Que font alors ces établissements pour survivre ? À en croire les responsables, il est exclu qu’un élève soit renvoyé pour des raisons financières. La direction s’arrange généralement pour obtenir des parents en difficulté une somme minimale, quitte à ce qu’elle assume de son côté le solde impayé. Pour ce faire, et pour ne pas grever lourdement son budget, l’école a recours à des recettes extérieures : caisse de solidarité, frais d’inscriptions supplémentaires imposés aux nouveaux élèves. Certaines congrégations religieuses se trouvent même quelquefois dans l’obligation de liquider une partie de leurs biens-fonds en vue de combler leur déficit. Bref, la politique de ces établissements se résumerait ainsi en une phrase : «Ne jamais jeter un enfant à la rue». Il est évident, en revanche, que ni les parents ni les écoles ne peuvent durer dans ces conditions. Estimant – à tort ou à raison – que la crise économique est appelée à s’aggraver, les parents se considèrent d’ores et déjà dans l’incapacité de permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études dans un établissement privé. Ils sont généralement persuadés que leur situation financière ne s’améliorera pas dans un délai raisonnable, et se rabattent finalement sur le secteur public. Les institutions privées ne peuvent, quant à elles, assumer indéfiniment un poids qui, d’année en année, devient de plus en plus lourd à supporter. Les réactions Quoi qu’il en soit, certains établissements refusent toujours aujourd’hui de délivrer un certificat de radiation à l’élève dont les parents n’ont pas encore réglé leur dû. Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, le ministre de l’Education Mohammed Youssef Beydoun a lui-même reconnu que l’affaire était «extrêmement compliquée». Il s’en est donc remis au gouvernement qui a chargé le ministre de la Réforme administrative Hassan Chalak de trouver une solution adéquate. Or, selon des sources dignes de foi, ce dernier a déjà élaboré un projet qu’il compte soumettre aujourd’hui (mercredi) au Conseil des ministres, un projet hybride qui crée un nouveau problème bien plus qu’il ne représente un règlement. Les mêmes sources indiquent d’ailleurs que M. Beydoun s’y oppose fermement. En tout état de cause, M. Chalak propose, «à titre exceptionnel», d’admettre dans les établissements publics l’élève qui ne dispose pas d’une attestation, quitte à ce que celui-ci redouble sa classe en fin d’année si les parents ne se sont pas acquittés de leur dû auprès de l’école privée où il était inscrit l’an dernier. Pis encore, le ministre de la Réforme ajoute que l’établissement lésé pourra avoir recours à la justice en vue de se faire rembourser le solde impayé. La réaction des établissements privés ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié à ce sujet, ils ont estimé que ce projet ne devrait même pas être débattu en Conseil des ministres «car, ont-ils précisé, s’il est normal qu’un élève qui a échoué redouble sa classe, il est honteux et humiliant pour un enfant de reprendre son année pour des raisons financières». D’autre part, les écoles privées refusent «catégoriquement» le recours aux tribunaux : «Nos responsabilités pédagogiques impliquent que nous soyons solidaires des parents», ont-elles affirmé. Selon ces institutions, qui estiment notamment que c’est la liberté de l’enseignement qui est en jeu, il convient donc de trouver une solution radicale au problème. Dans ce cadre, il incombe aux autorités d’étudier les moyens susceptibles d’assurer la gratuité de l’enseignement au niveau du cycle primaire dans toutes les écoles publiques et privées du pays, et d’apporter leur contribution aux frais de scolarité dans les autres cycles. Les réactions officieuses au projet de M. Chalak sont encore plus virulentes. Dans les milieux pédagogiques, on estime en effet que «toute intervention dans une relation contractuelle en vue de dispenser l’une des deux parties (école, parents) de ses engagements constitue une ingérence illégale qui exposerait l’autorité concernée à des poursuites judiciaires». Et d’ajouter : «Un droit ne peut en aucun cas être aboli par une décision ministérielle».
La rentrée scolaire est décidément le baromètre par excellence de la gravité de la crise économique et sociale dans le pays. Certes le phénomène n’est pas récent, et depuis quelques années déjà, de plus en plus de parents renonçaient à inscrire leurs enfants dans les écoles privées faute de moyens. Cette année, sous la pression des députés et du vice-président de...