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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Une agréable surprise pour les milieux chrétiens

Au lendemain de la prise de position des évêques maronites en faveur notamment d’un retrait syrien du Liban conformément à la résolution 520 du Conseil de sécurité et de la réplique des instances sunnite et chiite, de nombreuses personnalités chrétiennes se sont exprimées hier pour rendre hommage à Bkerké et apporter leur soutien à la teneur du communiqué des prélats. Cependant, outre l’intervention de ténors traditionnels du camp chrétien comme Dory Chamoun et Albert Moukheiber, dont la réaction favorable était prévisible, le fait nouveau réside dans les positions exprimées par des députés fraîchement élus, y compris sur des listes proches du pouvoir, comme Émile Émile Lahoud (voir par ailleurs) et Farès Souaid. Pour le président du Parti national libéral, l’appel de l’Assemblée des évêques maronites a constitué une «agréable surprise». «Nous considérons que ce texte est en parfaite conformité avec tout ce que nous réclamons depuis longtemps», a ajouté M. Chamoun. Pour lui, «ceux qui ont critiqué ce communiqué, ou bien ils ne l’ont pas compris, ou bien il ne leur est pas autorisé de le comprendre». Pour sa part, M. Moukheiber, député élu du Metn, a estimé que Bkerké «a bien fait d’ouvrir le dossier de la présence syrienne au Liban». Selon lui, «refermer ce dossier avant que la partie syrienne ne soit convaincue de la nécessité de retirer son armée du Liban conformément à la résolution 520 ne ferait qu’aggraver les périls qu’évoque l’appel de Bkerké». «Après toute cette attente, le temps de la franchise fraternelle avec la Syrie est venu», a-t-il dit. «Après avoir pris connaissance de l’appel de Bkerké et des réactions qu’il a suscitées à Dar el-Fatwa et au Conseil des ministres, j’estime qu’il est de mon devoir d’en appeler au président syrien Bachar el-Assad pour qu’il intervienne rapidement et adopte une position juste. Je pense qu’après 22 ans de tutelle syrienne, il est temps que ce retrait se fasse parce que c’est le seul moyen de rétablir la concorde entre les deux peuples libanais et syrien», a conclu M. Moukheiber. Élie Aoun, député élu du Chouf, a relevé que le communiqué de Bkerké ne contenait rien de nouveau par rapport aux revendications maintes fois exposées par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir. «La seule différence, a noté M. Aoun, c’est que d’ordinaire le patriarche se contentait d’évoquer implicitement les questions politiques de l’heure, alors que cette fois-ci l’appel de Bkerké nomme les choses par leur nom». « Soupape de sécurité » «Si certains pensent que cet appel survient dans le contexte politique général que traversent actuellement les milieux chrétiens, je suis, pour ma part, enclin à croire que Bkerké a voulu contenir les débordements de la rue chrétienne et contrôler les événements afin d’empêcher les tentatives d’exploitation que l’on a pu voir en divers lieux», a-t-il ajouté. Qualifiant le patriarcat maronite de «soupape de sécurité», le nouveau député a souligné que «tout le monde reconnaît que les accords signés entre les deux États libanais et syrien se sont révélés dans beaucoup d’aspects préjudiciables au Liban». Un autre député élu, Farès Souaid (Jbeil), a rappelé que le patriarche Sfeir a subi «des attaques personnelles et des humiliations» en raison de la position qu’il avait adoptée à l’époque de la conclusion de l’accord de Taëf. «Hier, dans son appel, il n’a rien demandé d’autre que l’application de cet accord dans la lettre et dans l’esprit», a-t-il estimé, notant que, depuis 1990, «Taëf n’a été appliqué que d’une manière sélective, ce qui a créé un déséquilibre clair dans la vie politique et dans la vie quotidienne des Libanais». Pour M. Souaid, les évêques maronites ont délibérément choisi de parler d’appel et non de communiqué, afin de permettre l’instauration d’un dialogue national sérieux tant au sein qu’à l’extérieur des institutions. Il s’agit, selon lui, d’«un appel à la modération dans le camp chrétien mais aussi chez toutes les communautés. Tout le monde devrait prendre en considération cet aspect positif susceptible de reconstruire une ligne politique libanaise modérée intercommunautaire et de barrer la voie à tous les radicalismes». L’ancien ministre Michel Samaha, qui a été reçu hier par le patriarche Sfeir, a souligné qu’il aurait fallu «qu’il y ait depuis longtemps un dialogue entre les autorités responsables d’une part et Bkerké et des instances similaires de l’autre. L’absence de ce dialogue conduit à des positions telles que celles qui ont été exprimées». «Le Conseil des ministres, ou du moins ses membres maronites, aurait dû, au lieu de répondre comme il l’a fait, se rendre à Bkerké pour parler directement de la question avec le patriarche et les évêques», a-t-il ajouté. Le député sortant du Kesrouan Roucheid el-Khazen a estimé de son côté que «la réponse hâtive» venue de Dar el-Fatwa à l’appel de Bkerké fut «une grande erreur». Le texte des évêques est «très réaliste», parce qu’il n’est que l’écho des «plaintes de nombreux visiteurs» du patriarcat maronite, a-t-il souligné. «Certains veulent continuer aujourd’hui à faire de la surenchère prosyrienne, mais l’appel de Bkerké ne contient rien qui porte atteinte aux intérêts de la Syrie». Wadih Akl, député sortant du Chouf, s’est interrogé : «Pourquoi tout ce tapage est fait autour d’un responsable religieux qui appelle à l’indépendance du Liban ?». «Est-il interdit de parler d’indépendance ?», s’est-il demandé. Enfin, l’ex-ambassadeur Simon Karam a souligné que «le plus surprenant dans les réactions du Conseil des ministres et de Dar el-Fatwa est leur forte détermination à faire abstraction du pacte national, l’accord de Taëf, comme s’il n’existait pas».
Au lendemain de la prise de position des évêques maronites en faveur notamment d’un retrait syrien du Liban conformément à la résolution 520 du Conseil de sécurité et de la réplique des instances sunnite et chiite, de nombreuses personnalités chrétiennes se sont exprimées hier pour rendre hommage à Bkerké et apporter leur soutien à la teneur du communiqué des prélats....