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Actualités - ANALYSE

Présidence du Conseil - Une entente sur le programme de l'Exécutif s'impose Berry milite pour un consensus préalable

En vieux routier de la politique, le président Nabih Berry, que sa réélection au perchoir ne préoccupe pas trop, s’engage à fond, mais avec une remarquable prudence, dans le véritable dossier de l’heure : la formation du prochain Cabinet. Il multiplie à cet effet, loin des feux de la rampe, des concertations tous azimuts. Traitant, avec un art diplomatique consommé, le premier des problèmes qui se posent, l’épineuse question de la désignation d’un nouveau président du Conseil, il évite soigneusement l’écueil des noms. Ce qui est une sorte d’exploit quand il s’agit, justement, d’une nomination. M. Berry, selon ses proches, «ne cite pour le moment personne. Pour la bonne raison qu’il faut tout d’abord un accord sur l’accord. Il est absolument nécessaire en effet que, pour commencer, l’on ait l’assurance d’une bonne harmonie entre le chef de l’État et le Premier ministre virtuellement pressenti. Et dans la même logique, une entente préalable sur le programme de l’Exécutif s’impose. Les critères établis sur cette base devraient ensuite faciliter le choix des ministres. Étant entendu que sur le plan politique, le nouveau gouvernement devra être l’expression d’une entente nationale, d’un élan unanime pour le redressement, d’une volonté générale de participation active à un tel effort salvateur. À partir d’une telle orientation, la cohésion ministérielle coulerait de source. Pour en arriver là, il est évident qu’il faut se hâter de dépasser la mentalité de vainqueurs et vaincus, de loyalistes et d’opposants. Il ne doit plus y avoir qu’un seul camp, le rôle indispensable de censeur, de contrôleur étant assumé par la Chambre. Les rancunes, les susceptibilités, les conflits d’intérêts ou d’influence, les antipathies personnelles doivent être mis de côté, le salut public l’exige. D’autant, soulignent avec force ces personnalités proches de M. Berry, que sans accord entre ses pôles politiques, le pays courrait tout droit à une crise de pouvoir. Ce qui précipiterait sa ruine sur le plan économique». Ces sources indiquent ensuite qu’à leur avis, «le fait que le président de la République ait proclamé son attachement aux procédures constitutionnelles est de bon augure. Le chef de l’État voudra donc respecter la volonté que la majorité parlementaire exprimera librement. Il veillera à l’application des lois en refusant de s’impliquer dans des controverses à ce propos. Tout le monde reconnaît que le président Lahoud est resté neutre dans la bataille électorale. Il reste donc fidèle à sa mission d’arbitre placé au-dessus de la mêlée. Et on peut être certain qu’il ne déviera pas de ce rôle, lors de la formation du Cabinet». Après ce satisfecit doublé d’un souhait, les sources citées en viennent à soutenir que le chef de l’État «n’a aucune préférence quant au choix du nouveau Premier ministre. Les députés n’iront pas entendre des conseils, lors des consultations. Le régime, sur ce plan-là, comme pour les législatives, est équidistant de tous les postulants. Ils ont leurs voies propres, leurs styles et leurs méthodes. On ne peut dès lors comparer à vide les noms qui circulent comme ceux de MM. Rafic Hariri et Nagib Mikati, les plus fréquemment cités pour le moment. Ou encore ceux du président Omar Karamé, Sami el-Khatib, Mohammed Safadi et Adnan Addoum. Chacun représente une valeur distincte, dont l’avènement aurait une signification politique singulière. Il est faux de prétendre que tel ou tel se trouve soutenu par le pouvoir. Ou qu’il y ait un mot d’ordre déterminé…». Sans doute pas encore : les décideurs, chez qui tout le monde défile, n’imposeraient une solution d’arbitrage que si, encore une fois, les Libanais n’arrivaient pas à s’entendre. Ce qui est possible mais douteux. Car on voit aujourd’hui des politiciens loyalistes tenter de crisper la situation, en prétendant paradoxalement la dédramatiser. Ignorant les statistiques alarmantes que publient les experts, ils affirment sans sourciller que «l’on exagère beaucoup le danger économique. Ceux qui sonnent le tocsin veulent tout simplement promouvoir le produit Hariri. Mais le pays n’a pas besoin d’un sauveur». Peut-être pas, mais d’un sauvetage, sûrement.
En vieux routier de la politique, le président Nabih Berry, que sa réélection au perchoir ne préoccupe pas trop, s’engage à fond, mais avec une remarquable prudence, dans le véritable dossier de l’heure : la formation du prochain Cabinet. Il multiplie à cet effet, loin des feux de la rampe, des concertations tous azimuts. Traitant, avec un art diplomatique consommé, le...