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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Education - Huitième congrès des écoles catholiques Les jeunes et le refus de tout engagement politique

La question de l’engagement politique et social des jeunes a été abordée au cours du huitième congrès des écoles catholiques qui a eu lieu, cette semaine, au collège des Apôtres de Raouda. Quatre conférenciers ont évoqué ce problème, tant au niveau sociologique que factuel, déplorant le manque d’engagement des jeunes dans la vie politique, alors que la société civile entreprend de prendre conscience de la conjoncture qui prévaut dans le pays. Abordant le problème de l’engagement social dans sa globalité, le sociologue Abdo Kahi a constaté une nette désaffectation et insisté sur l’importance du rôle de l’école dans le développement de la citoyenneté de l’enfant. Une éducation à la citoyenneté qui enseigne aux jeunes à créer eux-mêmes les institutions, au lieu de se complaire dans un monde déjà fait et dans des institutions préétablies. M. Kahi présente quatre espaces d’engagement aux objectifs différents et qu’il est important de distinguer. Si l’engagement dans l’espace familial a pour objet de consolider le lien de parenté primaire, d’assumer et de renforcer la cellule familiale, l’engagement social et sociétal est le passage à la cité. Il représente celui d’une famille en rapport avec d’autres familles, le lien associatif consenti et non plus primaire, qui a pour objet de faire tenir une association, un pacte, un contrat, des projets communs qui dépassent les frontières de la nation. Quant à l’engagement national, son objectif est d’assurer les besoins d’une unité construite sur une terre commune, ayant en commun des lois, un symbolisme, des besoins et des ambitions. Dépassant la famille, la nation et la société, l’engagement humaniste global est celui qui touche les causes humaines, comme la lutte pour les droits de l’homme, pour la non-discrimination, pour un environnement sain, ou contre l’inégalité. Et à partir du moment où la personne a développé cet engagement, elle peut aborder les autres causes plus sainement, car elle apprend à reconnaître chaque valeur dans ses limites. C’est pourquoi, il est important pour les écoles d’engager les élèves dans la lutte humaniste, insiste M. Kahi. Mais cet engagement doit être basé sur des motivations individuelles et collectives, pour la construction d’un monde meilleur pour tous. Malheureusement, la nation de cause se perd, déplore le sociologue, car on offre aux jeunes un monde tout fait. Un monde où il n’y a plus de grandes idées à développer, mais où les problèmes sont importants, un monde où les gens se recroquevillent et opèrent un retour vers l’engagement familial. M. Melhem Khalaf, docteur en droit et enseignant à l’USJ, a pris la parole, à son tour, pour défendre l’idée d’une société civile libanaise qui se traduit par l’engagement de la jeunesse libanaise dans la société, à travers de nombreuses actions humanitaires. Un engagement qui est d’autant plus important que les projets d’utilité publique sont attrayants et à la portée des jeunes, qu’il leur permet d’entreprendre des actions réalisables et palpables, et qu’il est pratiqué dans un esprit de transparence. «Les jeunes du Liban ont prouvé qu’ils étaient capables d’un engagement social et d’un investissement dans des projets communs, explique-t-il, car ils ont senti qu’ils pouvaient changer quelque chose». À ce sujet, M. Khalaf a donné l’exemple d’un groupe de 36 jeunes qui se sont démenés durant tout un week-end pour assurer 265 pupitres à une école publique. De plus, raconte-t-il, ils ont œuvré à l’installation de pancartes dans les villages les plus lointains du Liban-Sud, dès la libération. «Ces actions ont aidé les jeunes à dépasser leur peur, à sentir qu’ils avaient accompli un projet d’utilité publique». Cependant, il déplore que certaines situations découragent les jeunes dans leur engagement, comme l’accomplissement de projets au mépris de leurs convictions ou de leurs principes, dans un climat négatif de corruption. Mais, conclut-il, «du don gratuit découle une véritable joie». À son tour, le Dr Farid el-Khazen, professeur à l’AUB, a abordé le problème de l’absence d’engagement politique des jeunes au Liban, mettant en cause la crise politique qui règne depuis la fin de la guerre, qui décourage les jeunes. À cela, dit-il, s’ajoutent la crise économique et les problèmes de la vie quotidienne. «On assiste à une restriction sur les libertés, à des conflits à l’intérieur même des partis politiques, à des tentatives d’annihilir des partis représentatifs, alors que le pouvoir est en dehors du pays», dit-il. Et il déplore qu’aucun programme scolaire n’explique la politique aux jeunes Libanais, alors que les partis politiques creusent le fossé entre les communautés, prônant l’intolérance et le refus des différences. Et pourtant, la société civile libanaise est active, dans un souci d’ouverture et de liberté, malgré la crise politique, dit le Dr Khazen, donnant pour exemple les récentes manifestations organisées par les jeunes pour obtenir la réduction de l’âge de vote à 18 ans. Mais il est important de clarifier le concept de la politique. Censée être une action d’intérêt public, assumée par une autorité à qui l’on peut demander des comptes, la politique n’est pas seulement autorité et autoritarisme, comme elle n’est pas l’apanage des dirigeants, car elle doit découler d’un libre choix, visant à préserver les libertés et à mettre la démocratie en place. Le président de la commission de la Défense des droits de l’homme au Liban, M. Waël Kheir, a pour sa part regretté le renoncement des chrétiens du Liban à la vie publique, parallèlement aux problèmes qui touchent les minorités. Car ce refus peut mener à la disparition de la décision chrétienne dans la vie soicale, économique et politique, a-t-il estimé. Quant à l’exode des jeunes, s’il peut être source d’ouverture sur d’autres sociétés, d’autres pays, entraînant un nouvel apport d’idées et de modes de vie, il risque aussi d’entraîner un déséquilibre démographique. Parmi les solutions proposées par M. Kheir, la nécessité de réviser la loi électorale, de libérer Samir Geagea et de le juger d’une manière équitable, de permettre le retour du général Michel Aoun, d’exploiter positivement le refus par les chrétiens des figures politiques qui leur sont imposées, et surtout d’insérer les déclarations des droits de l’homme dans le programme des universités du Liban et des écoles secondaires. Car il est indispensable, conclut-il, d’instruire le citoyen sur la nature de ses droits et de ses libertés.
La question de l’engagement politique et social des jeunes a été abordée au cours du huitième congrès des écoles catholiques qui a eu lieu, cette semaine, au collège des Apôtres de Raouda. Quatre conférenciers ont évoqué ce problème, tant au niveau sociologique que factuel, déplorant le manque d’engagement des jeunes dans la vie politique, alors que la société civile...