Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Une gestation qui s'annonce difficile

Qu’y aura-t-il après ? Bien malin qui peut répondre à une telle question. Car les déclarations d’intention, les prises de position affichées à l’issue des élections s’inscrivent de toute évidence dans la perspective du bazar ministériel. Elles sont donc à caractère négociatoire et n’offrent dès lors que peu de fiabilité. Mais beaucoup d’indices montrent qu’au départ de cette nouvelle course au pouvoir, il subsiste un malaise relationnel certain. Les membres battus de l’équipe gouvernementale sortante ne prennent pas tous les choses avec sportivité. Ils s’accrochent encore à ce qui leur reste d’influence politique et leur pugnacité se répercute sans aucun doute sur l’aile qui soutient le régime ou qui en procède. En termes plus clairs, la détermination des hossistes de faire feu de tout bois en passant à l’opposition, les manifestations qu’ils organisent en allant puiser des réserves jusque dans Saïda ou Tripoli, tendent à contester l’hégémonie haririenne en ce qui concerne la part politique réservée à la communauté sunnite. Et du même coup, la frange qui estime que la direction des opérations dans ce pays doit rester l’apanage du régime, en reprenant le slogan hraouiste d’un pouvoir «à une seule tête et non à deux», se trouve encouragée à exiger qu’en cas de come back de M. Hariri, il se contente d’un rôle de numéro deux. En tout cas aujourd’hui, il se propose sur le marché des spéculations une infinité de scénarios possibles. Opposants et loyalistes avancent des pronostics aussi variés que contradictoires. Les analyses vont très loin, dans des directions différentes, et l’on ne décèle chez les professionnels qu’un dénominateur commun : la priorité doit aller au traitement de la crise économique. Et il faut à cette fin doter le pays d’un gouvernement à la hauteur, ce qui serait une première, soit dit en passant. Ainsi M. Nabih Berry tire avec force la sonnette d’alarme et met en garde contre une apocalypse sociale. Ses proches relèvent que le leader d’Amal, «assuré de retrouver le perchoir de l’Assemblée, ne tient pas des propos alarmistes à des fins démagogiques. Il est tout aussi sérieux que le problème qu’il soulève. Et il ne craint pas, comme d’autres, de rappeler que le pouvoir devra prendre des mesures impopulaires pour redresser la barre». C’est là une indication politiquement précieuse. Car ainsi avertis, les ministrables, qui tiennent généralement à rester populaires, seront sans doute moins nombreux que d’habitude. En tout cas, devant ses visiteurs, M. Berry tient un langage rassembleur et apaisant. Il souligne qu’il faut tourner sans tarder la page des tiraillements électoraux, dissiper la tension subséquente, cesser les réactions ulcérées ou les provocations impulsives. Il a dans ce sens suggéré à M. Rafic Hariri, lors de leur récent entretien, de faire annuler les meetings organisés pour célébrer la victoire de son courant aux élections. Tout comme M. Walid Joumblatt, dont il n’apprécie cependant pas beaucoup les allusions à une normalisation des relations avec les décideurs, le président de la Chambre pense qu’il faut réaliser un accord politique général dans le pays. Il estime indispensable que l’entente règne sur le front intérieur, notamment entre le chef de l’État et le prochain chef de gouvernement. Un consensus préalable, juge M. Berry, permettrait d’éviter une crise grave et faciliterait beaucoup la formation du nouveau Cabinet. Mais l’entente éventuelle entre le président Émile Lahoud et M. Rafic Hariri ne résout pas tout, tant s’en faut. On voit déjà poindre à l’horizon politique une nouvelle controverse de taille : faut-il opter pour un Cabinet d’union nationale, englobant l’Est politique, ou se rabattre, au titre de l’homogénéité, sur une équipe encore une fois monochrome ? Alors que son allié de la montagne, M. Joumblatt, plaide pour une formule d’entente, M. Hariri ne parle pour sa part que d’homogénéité ministérielle. À cela s’ajoute le fait, toujours patent, que les vues du régime et du seigneur de Koraytem sont loin d’être harmonisées. Il faudra beaucoup d’efforts, notamment de la part des décideurs, pour rapprocher les deux pôles.
Qu’y aura-t-il après ? Bien malin qui peut répondre à une telle question. Car les déclarations d’intention, les prises de position affichées à l’issue des élections s’inscrivent de toute évidence dans la perspective du bazar ministériel. Elles sont donc à caractère négociatoire et n’offrent dès lors que peu de fiabilité. Mais beaucoup d’indices montrent...