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Actualités - ANALYSE

Les droits des ténors préservés grâce au découpage

Le président de la République, le général Émile Lahoud, ne manque jamais d’insister devant ses visiteurs sur son impartialité par rapport à l’ensemble des candidats aux élections législatives. Défendu à quiconque, y compris à son fils, de se prévaloir de son amitié ou de sa relation avec lui pour exercer des pressions sur les candidats rivaux. À ceux qui seraient victimes de ces pressions, le chef de l’État demande de lui faire part de leurs griefs, quitte à réclamer des comptes à tout responsable s’étant rendu coupable d’ingérence dans le processus électoral en faveur de tel ou de tel autre candidat. L’intervention du président Lahoud resterait toutefois insuffisante. De fait, selon des milieux informés, certains «pôles influents» imposent aux chefs de liste des candidats qui leur sont dévoués, exigeant aussi que d’autres soient exclus de ces listes. C’est ainsi que s’expliquerait la composition d’équipes hybrides dans le Mont-Liban, où les candidats de partis et courants complètement antinomiques sur le plan politique s’unissent pourtant dans le seul but d’être élus. D’ores et déjà, le gâteau électoral est ainsi partagé, le Chouf étant dévolu en principe à Walid Joumblatt, à quelques exceptions près, alors que la circonscription de Baabda-Aley est loin de lui être acquise. Dans le Metn-Nord, on s’attend à ce que la liste du ministre Michel Murr remporte tous les sièges malgré la faiblesse de certains candidats qui comptent essentiellement sur les voix dont bénéficiera M. Murr pour se faire élire. Une troisième liste éventuellement présidée par Albert Moukheiber renforcerait paradoxalement celle du ministre de l’Intérieur dans la mesure où elle priverait Nassib Lahoud d’un grand nombre de voix. Dans ce cas, M. Moukheiber serait sûr de l’emporter, surtout si Michel Murr se décide à laisser vacant le deuxième siège grec-orthodoxe sur sa liste. Il est fort probable aussi que Pierre Amine Gemayel parvienne à se faire élire si M. Murr s’abstient de drainer les voix dont il va bénéficier en faveur de Mounir Hajj, chef du parti Kataëb, qui figure sur sa liste. Dans la circonscription du Kesrouan-Jbeil, une liste jouissant de la bienveillance de l’État aurait également été mise sur pied, excluant d’emblée certains noms comme celui de Carlos Eddé, Amid du Bloc national, qui aurait décidé de ce fait de se retirer de la bataille électorale. À Beyrouth et au Nord, comme ailleurs, chaque chef de liste est censé avoir sa part du gâteau. Interdit toutefois d’empiéter sur le fief électoral des autres chefs, sous peine d’en être définitivement privé. Reste à savoir évidemment si ces calculs et prévisions se concrétiseront au moment du scrutin. Est-il possible par exemple que des candidats sûrs de l’emporter ne soient pas élus si tel est le désir de l’État ? En 1957, sous le mandat du président Camille Chamoun, des ténors de la Chambre avaient été évincés par les bons soins des autorités, tels Saëb Salam ou encore Ahmed el-Assaad. Cette fois-ci, l’État ne s’en mêlera point, affirme une source responsable. Et si un candidat venait à échouer, ce serait à cause de la composition des listes et du système des alliances propre à toutes les démocraties dans le monde. Quoi qu’il en soit, le découpage des circonscriptions est tel que l’échec d’un candidat en vue est pratiquement impossible. C’est ainsi que les «droits» de chaque leader politique ont été dûment sauvegardés a priori. La même source estime qu’étant extrêmement soucieux de l’intégrité du scrutin, le président Lahoud est déterminé à faire en sorte que le prochain Parlement représente effectivement la volonté populaire. De cette Assemblée serait issu un gouvernement incarnant l’unité et l’entente nationales, apte à entreprendre un véritable train de réformes politiques et administratives.
Le président de la République, le général Émile Lahoud, ne manque jamais d’insister devant ses visiteurs sur son impartialité par rapport à l’ensemble des candidats aux élections législatives. Défendu à quiconque, y compris à son fils, de se prévaloir de son amitié ou de sa relation avec lui pour exercer des pressions sur les candidats rivaux. À ceux qui seraient...