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Actualités - REPORTAGES

Législatives - Les grandes familles de la 3e circonscription du Mont-Liban panacheraient à tout va La crédibilité de Joumblatt, le retour des ténors et la relève : les enjeux de Baabda-Aley

Les deux cazas de Baabda et de Aley sont désormais, par les miracles de la nouvelle loi électorale que d’aucuns ne comprennent pas et que beaucoup honnissent, réunis. Une évidence d’abord : comme dans les deux circonscriptions du Liban-Nord et les trois autres du Mont-Liban, à Baabda-Aley, dans 24 heures, une liste loyaliste – ou appuyée par le pouvoir, et une – ou plusieurs listes de l’opposition s’affronteront en un combat que beaucoup de sources autorisées qualifient volontiers de «gigantesque». Sauf que dans cette circonscription du Mont-Liban, l’un des principaux leaders nationaux et un des barons de l’opposition met sa crédibilité – nationale – en jeu. Walid Joumblatt mise gros. Suffisamment gros au regard de tout le discours qu’il construit depuis plusieurs mois. Bon nombre d’observateurs, mais aussi d’hommes politiques parlent «du vrai visage, enfin, de Walid Joumblatt». Walid Joumblatt qui n’hésite pas à s’exposer, à virer de 180° en se rapprochant de plusieurs factions adverses qu’hier il vouait aux gémonies, Walid Joumblatt dont les discours ont rarement atteint pareille virulence (voir page 2). Notre collaborateur Philippe Abi-Akl parle du leader du Parti socialiste progressiste comme étant celui qui «a endossé le premier l’habit du changement, mais pas du tout dans le sens où le régime l’entend et qui se fait maintenant le champion, assez inattendu, d’une réconciliation générale en vue d’une véritable entente nationale.» Louables intentions que celles du député du Chouf, approuvées et suivies par la presque totalité du leadership chrétien – l’alliance PSP-Kataëb-BN en est l’exemple-type, mais qui ont besoin, pour prendre toute leur ampleur, sinon d’un plébiscite du moins d’un sérieux encouragement populaire. Et surtout de la part de l’électorat chrétien, c’est-à-dire celui vers lequel tous les (gros) signaux de changement de la position et des intentions joumblattistes se dirigent. Que ce soit l’électorat chrétien pur et dur du caza de Baabda, ou celui, encore chaudement méfiant et revanchard, de Aley – à l’heure où le dossier du retour des déplacés de la montagne est loin d’être clos, malgré la bonne volonté affichée par le seigneur de Moukhtara. Bref, les résultats de la liste que ce dernier parraine, avec l’appui de plusieurs courants, seront donc déterminants. Premier enjeu, et le plus important, en tout cas sur le plan national. Le retour des ténors Autre enjeu, et pas des moindres, le retour place du Parlement de certains ténors de la circonscription, et qui, alliés en 1996 contre le même Walid Joumblatt qui était, il y a quatre ans, loyaliste, avaient essuyé un sérieux revers – on avait même parlé d’un véritable «coup de Jarnac». Les anciens députés Pierre Hélou – ancien ministre également - et Fouad el-Saad, chacun candidat sur une liste rivale mais tous deux prônant – il n’y a pas qu’une seule façon de le faire… – le rétablissement de l’importance de la présence chrétienne dans la région au sein d’une coexistence communautaire. Enfin, il est impératif de se rappeler que le Parlement, à l’image de l’ensemble de la vie politique libanaise, a besoin de sang neuf, et la circonscription de Baabda-Aley, au sein des deux listes rivales comme parmi les nombreux candidats indépendants, ne manque pas de nouvelles figures, des noms parfois unanimement reconnus : Salah Honein, Ghaleb Aawar, Abdallah Farhat, Mahmoud Abdel-Khalek ou Imad el-Hajj, entre autres. Première liste à s’être formée, «L’entente et le renouveau», sans tête de liste, mais dont le moteur est le couple Talal Arslane-Pierre Hélou, ce dernier ayant joué un rôle prépondérant d’artisan rassembleur au sein de cette formation. Pour le caza d’Aley, outre M. Hélou (maronite) et l’émir Talal (druze), la liste comprend MM. Antoine Khalil (maronite), Marwan Abou Fadel (grec-orthodoxe) et Mahmoud Abdel-Khalek (druze). Pour le caza de Baabda, «L’entente et le renouveau» réunit le Dr Pierre Daccache (maronite ainsi que MM. Jean Ghanem (maronite), Ali Ammar (chiite), Salah Haraké (chiite) et Ghaleb Aawar (druze). Le troisième siège maronite a été laissé vacant pour l’ancien ministre Élie Hobeika. Cette liste incomplète (10 noms sur 11) regroupe, autour de l’indépendant Pierre Hélou et son allié Marwan Abou-Fadel, le courant arslaniste (Talal Arslane et Ghaleb Aawar), le PSNS (Antoine Khalil et Mahmoud Abdel-Khalek), le Hezbollah (Ali Ammar), le mouvement Amal (Salah Haraké), ainsi que celui du Waad (Jean Ghanem). La seconde liste qui a ensuite été proclamée, celle de «L’Union de la montagne», présidée par Fouad el-Saad, se caractérise par l’homogénéité de ses différents courants politiques. Pour Aley, outre M. Saad (maronite), la liste comprend MM. Akram Chéhayeb (druze), Abdo Bejjani (maronite) et Antoine Andraos (grec-orthodoxe). Le second siège druze du caza a été laissé vacant pour le courant arslaniste, pour la sauvegarde, autant que possible, de la coexistence druzo-druze. Pour le caza de Baabda, «L’union de la montagne» regroupe MM. Salah Honein (maronite), Bassem Sabeh (chiite), Abdallah Farhat (maronite), Ayman Choukeir (druze) et Antoine Ghanem (maronite). Le deuxième siège chiite a été laissé vacant pour le Hezbollah. Cette liste est également incomplète (9 noms sur 11), fait se retrouver le PSP (Akram Chéhayeb et Ayman Choukair), le Bloc national ou proches (Fouad el-Saad, Salah Honein et Abdallah Farhat), le courant Hariri (Bassem Sabeh, Antoine Andraos et Abdo Bejjani), ainsi que les Kataëb (Antoine Ghanem). Peu d’indépendants Deux autres «petites» listes incomplètes ont également été annoncées. La première regroupe MM. Rafic Féghali (maronite), Fadi Gergès (maronite), Georges Chédid (grec-orthodoxe), Hafez Jaber (druze), Souheil Aawar (druze) et Pierre Naufal (maronite). La seconde, quant à elle, se limite à MM. Imad el-Hajj (maronite), Saad Slim (chiite) et Salam Maamari (grec-orthodoxe). Quant aux candidats indépendants, ils ne sont pas si nombreux que cela. Pour Baabda, les maronites Joseph Adaïmi, Charles Chidiac et Tanios Deaïbess, et les chiites Saïd Alameh, Riad Raad, Marwan Mansour et Sabah Hajj. Pour Aley, les druzes Mounir Barakat, Abdallah Daou, Nabil Mezher, Sleiman Sayegh, Saïd Malaëb et Anwar Alameddine, les maronites Maroun Hajj et Assaad Abi-Raad, ainsi que les grecs-orthodoxes Joseph Freiha et Sélim Haddad. Les chiffres : à Baabda, 8 candidats se disputent les 2 sièges chiites, 3 le siège druze et 11 les 3 sièges maronites. À Aley, 10 candidats se disputent les 2 sièges druzes, 7 les 2 sièges maronites et 6 le siège grec-orthodoxe. Les duels singuliers sont nombreux à Baabda-Aley. À Aley, il y a Pierre Hélou et Fouad el-Saad d’abord, les alliés d’hier, mais qui, par le jeu du panachage que l’on prévoit assez intensif notamment de la part des grandes familles de la région, peuvent espérer être tous deux élus. Autre duel, de titans également, entre l’émir Talal Arslane et Akram Chéhayeb, mais étant donné le siège vacant laissé par Walid Joumblatt, les deux hommes sont là, assurés de retrouver leur banc place de l’Étoile. L’incertitude prévaudra par contre pour le siège grec-orthodoxe que se disputeront Antoine Andraos et Marwan Abou-Fadel. Et dans le cas où MM. Hélou et Saad se retrouvent tous deux au Parlement 2000, MM. Abdo Bejjani et Antoine Khalil seront hors course. À Baabda, il y a, pour les sièges maronites, le duel entre le sang neuf et l’expérience, Salah Honein et Pierre Daccache tous deux très populaires dans le caza, ainsi que Abdallah Farhat et Jean Ghanem. Enfin, le duel Antoine Ghanem-Élie Hobeika risque assez de tourner à l’avantage du premier, le second ayant selon des sources autorisées «été lâché par les grands décideurs et totalement honni par le Hezbollah et l’électorat chiite». Quant aux sièges chiites, l’un d’eux est censé revenir à M. Sabeh qui jouit d’une grande popularité dans la banlieue-sud, l’autre devant se départager entre MM. Salah Haraké et Ali Ammar, avec un léger avantage pour le premier, selon les mêmes sources. Côté outsiders, il faudra, paraît-il, ne pas négliger l’impact d’un Imad el-Hajj par exemple. Un bref rappel comparatif par rapport à 1996. À Aley, deux listes croisaient le fer. Celle de «L’unité et le développement» (le druze Chéhayeb, les maronites Bejjani et Hitti, et l’orthodoxe Andraos) avait vu ses quatre membres élus, avec notamment 28805 voix pour M. Chéhayeb. La seconde, celle de «Les députés de Aley» (le druze Arslane, les maronites Hélou et Saad et le grec-orthodoxe Abou-Fadel) n’a pu mener au Parlement que l’émir Talal. Parmi les 13 autres candidats, indépendants ou pas, figurait déjà M. Abdel-Khalek. À Baabda, il y avait deux grosses listes rivales, celle de «L’intégration nationale» et celle de «L’entente et le renouveau». La première réunissait les maronites Hobeika, J. Ghanem et E. Karam, les chiites Sabeh et Haraké et le druze Choukeir. Seul M. Karam avait été recalé. La seconde regroupait les maronites Daccache, É. Gharios et V. Farhat, les chiites Ali Ammar et Riad Raad et le druze Aref Aawar. Là, seul le Dr Daccache avait été élu. Plus gros score, celui de M. Sabeh, avec 27 220 voix. Le taux de participation était de 41,22 % pour Baabda et de 44,07 % pour Aley. Les observateurs prévoient dans cette circonscription une plus grosse participation pour les législatives 2000, «le trop-plein de dégoût parfois motive», et ont rapporté de grosses pressions exercées sur les différents moukhtars et présidents de municipalité «qui n’ont pour la plupart pas cédé.» Si seulement tout cela pouvait ne pas se limiter à la seule circonscription de Baabda-Aley…
Les deux cazas de Baabda et de Aley sont désormais, par les miracles de la nouvelle loi électorale que d’aucuns ne comprennent pas et que beaucoup honnissent, réunis. Une évidence d’abord : comme dans les deux circonscriptions du Liban-Nord et les trois autres du Mont-Liban, à Baabda-Aley, dans 24 heures, une liste loyaliste – ou appuyée par le pouvoir, et une – ou...