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Actualités - ANALYSE

Kataëb : des candidatures sérieuses aux résultats incertains

Pour reprendre pied au Parlement, la direction du parti des Kataëb s’est lancée corps et âme dans la campagne des législatives de cette année, parvenant à se placer au sein de listes de premier plan, certaines liées au pouvoir, d’autres à l’opposition. Le chef du parti Mounir Hajj est lui-même candidat au Metn sur la liste conduite par le ministre de l’Intérieur Michel Murr aux côtés, entre autres, du député PSNS Ghassan Achkar. En revanche, à Baabda-Aley, Antoine Ghanem représentera le parti sur la liste parrainée par Walid Joumblatt. Au Kesrouan-Jbeil, le chef du régional Kataëb du Kesrouan Chaker Salamé se présente sur la liste de l’ancien ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz, et au Liban-Nord, Nabil Hokayem s’est lié à la liste Omar Karamé-Nayla Moawad. À Baalbeck-Hermel enfin, Nader Succar, membre du bureau politique du parti, côtoie le Hezbollah sur la liste de coalition conduite par l’ancien président de la Chambre Hussein Husseini. Mais ces candidatures, récemment qualifiées par M. Hajj de «sérieuses», posent plus de problèmes au parti qu’elles n’apportent de solutions à une série de difficultés dans lesquelles il se débat depuis qu’il a perdu ses sièges à la Chambre. De 1990 à 1992, lors de la première phase de l’application de l’accord de Taef qui consistait à compléter une Chambre décimée partiellement par 15 ans de guerre, le parti Kataëb a eu droit à 4 sièges qu’il a dû se résoudre à partager avec les Forces libanaises. Ainsi, ont été nommés députés Antoine Chader pour le siège de son père Joseph Chader à Beyrouth, Mounir Hajj au Metn pour celui d’Amine Gemayel, élu entre-temps à la présidence de la République. Pour les FL, Adel Sakr a été nommé à Baabda et Georges Kassab au Kesrouan, en remplacement de Louis Abou-Charaf. Quant au siège maronite de Beyrouth, auparavant occupé par le fondateur du parti Pierre Gemayel, il est revenu à Élie Hobeika, qui a ainsi coupé la route à Alfred Madi, candidat des FL tout en étant chef du régional Kataëb d’Achrafieh. Avec le scrutin de 1992, changement de décor : cette année-là, le camp chrétien décide dans l’ensemble de boycotter les élections, une décision partagée par la majorité de la base du parti mais que le chef des Kataëb de l’époque, Georges Saadé, n’approuvait certainement pas. Tout en se refusant à franchir le Rubicon bien que les propositions qui lui étaient faites garantissaient au parti, comme l’affirment encore aujourd’hui les personnes qui ont mené les pourparlers avec le pouvoir de l’époque, entre 10 et 12 sièges. Saadé payera cher son indécision. En 1996, tous les candidats du parti se sont vu exclure des listes les plus importantes et lui-même, qui avait tout fait pour figurer sur la liste de Omar Karamé au Liban-Nord, ne réussissait pas à passer, ce qui avait constitué un coup dur pour le parti. Saadé présentera sa démission au lendemain des résultats, mais la retirera un mois après. Aujourd’hui, M. Hajj tente de réussir là où son prédécesseur avait échoué. Il est vrai que sur ce plan, les candidatures de ses hommes peuvent être qualifiées de «sérieuses», dans la mesure où tout le monde est d’accord pour reconnaître que pour être élu, il faut figurer sur les listes principales. Mais les candidats Kataëb souffrent dans leur ensemble de la démobilisation de la base. Il ne faut pas sous-estimer la chute vertigineuse enregistrée par le parti après le départ d’Amine Gemayel du pouvoir en 1988 et l’appel actuel au boycottage lancé par les autres partis chrétiens, traditionnellement présents sur le même champ électoral que les Kataëb. En outre, les candidatures Kataëb souffrent de l’absence d’une ligne de conduite politique claire de leur formation. Le chef du parti est ainsi l’un des colistiers de l’homme fort du régime au Metn, alors que d’autres candidats font route avec l’opposition, notamment à Baabda-Aley et au Kesrouan. Ce manque d’homogénéité dans les alliances politiques respectives ne joue pas en leur faveur. De plus, avec la candidature de Pierre Amine Gemayel au Metn, face à celle de M. Hajj, c’est l’avenir du parti qui est en train de se jouer. L’ancien chef de l’État a déclaré récemment qu’il n’était «pas concerné par les conflits qui secouent le parti» et qu’ il appuyait «à fond la candidature de mon fils qui a su s’affirmer sur la scène politique et fédérer autour de lui une jeunesse en manque de leadership». Ces propos traduisent un désaveu certain de l’actuel chef du parti et un appel clair à tous les militants Kataëb de voter Pierre Amine Gemayel. Or, un vote Kataëb en masse, demain, en faveur du fils de l’ancien président rendrait les chances de M. Hajj très incertaines, à moins que les centres de décision ne jugent du contraire. Quelle que soit l’issue du scrutin dans cette région, les équilibres au sein du parti ne seront plus comme avant : si l’actuel chef du parti venait à l’emporter, il verrait sa position consolidée et ses opposants devraient, à ce moment-là, chercher d’autres moyens d’action pour le mettre en minorité. Mais si, au contraire, il venait à perdre la bataille, le parti devrait se préparer à une nouvelle lutte pour sa présidence et par le fait même, pour sa réinsertion au sein de l’échiquier politique libanais.
Pour reprendre pied au Parlement, la direction du parti des Kataëb s’est lancée corps et âme dans la campagne des législatives de cette année, parvenant à se placer au sein de listes de premier plan, certaines liées au pouvoir, d’autres à l’opposition. Le chef du parti Mounir Hajj est lui-même candidat au Metn sur la liste conduite par le ministre de l’Intérieur...