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Actualités - REPORTAGES

Meeting - La liste du président du Conseil à la rencontre des électeurs de Beyrouth à l'Hôtel Carlton Hoss : ils se battent avec l'argent et nous avec les principes

Le Mont-Liban et le Liban-Nord sont le test, mais la grande bataille est à Beyrouth. Les grands axes et les petites ruelles de la capitale à une semaine de l’échéance électorale en sont la meilleure preuve. Les convois hurlants qui les sillonnent en permanence sont devenus le pain quotidien des habitants et les plus curieux peuvent même «se faire» plusieurs meetings de listes rivales en une même soirée. Vendredi par exemple, alors que la liste Hariri en organisait un à Zokak el-Blatt dans un vaste déploiement de forces de sécurité, la liste Hoss en tenait un autre à l’hôtel Carlton, où jeunes et moins jeunes arboraient un tee-shirt à l’effigie du président du Conseil avec ce slogan : «La vérité triomphera toujours en définitive». Les législatives 2000 ont plusieurs aspects positifs : elles assurent des soirées animées aux habitants de la capitale, pour qui cette période de l’année est en général particulièrement calme. De plus, elles permettent un déballage extraordinaire dans un pays qui avait hypocritement décidé de tourner la page du passé, avant même d’avoir pansé ses blessures. Tout ce qui n’avait pas été dit pendant les années de pacification obligée ressort aujourd’hui pour des considérations électorales, dans une bataille où tous les coups semblent permis. Le meeting de la liste Hoss (qui se présente dans la troisième circonscription de Beyrouth) qui s’est tenu hier à l’hôtel Carlton n’a pas échappé à la règle. Les 7 candidats, dont les ténors se sont succédé à la tribune, s’en sont pris à leur cible habituelle : le rival Rafic Hariri, transformé en «monstre d’argent et de pouvoir» et accusé de vouloir ramener les milices au pouvoir. Un thème censé plaire aux Beyrouthins, qui dans les quartiers ouest ont développé, au cours des années de guerre une véritable allergie aux miliciens. Si le président du Conseil est resté égal à lui-même, cherchant toujours à se justifier de devoir attaquer ses adversaires, son colistier Mohammed Youssef Beydoun, plus connu sous le nom d’Abou Youssef («Abou Joseph et Abou Hovsep» comme il l’a lui-même dit) a été d’une rare virulence. Avec un langage simple et un humour bon enfant, il a rappelé qu’il a été ministre des Ressources électriques il n’y a pas si longtemps et qu’il avait alors ramené le courant dans toute la capitale, éteignant ainsi toutes les lanternes. «Même si l’une d’elles en particulier était éteinte dès le départ», a-t-il ajouté, faisant allusion à son rival sur la liste Hariri, M. Nasser Kandil (Kandil : lampe en arabe). Le ton était ainsi donné et même le Dr Hoss est sorti ce soir-là de sa réserve habituelle. «Ils ont leur Beyrouth, a-t-il dit, et nous avons le nôtre. Le leur est prisonnier, factice et le nôtre est ouvert, enraciné». Hoss s’est demandé où étaient ceux qui prétendent parler aujourd’hui au nom de Beyrouth, lorsque la capitale était encerclée et bombardée. Il a ensuite répondu : «Ils aidaient les milices». Hoss qui a qualifié cette campagne électorale de «la plus sale» qu’il ait jamais vu, a ajouté «l’argent est leur arme, mais nos armes à nous, ce sont les principes». Le président du Conseil a rappelé les réalisations de son gouvernement, réalisations étouffées selon lui par une campagne de désinformation aussi injuste que diffamatoire, mais il a conclu en réaffirmant sa confiance dans les habitants de cette capitale extraordinaire, qui ont résisté à tout et qui sauront donc résister à la corruption et à l’asservissement. MM. Ahmed Tabbara, Hagop Pakradouni, Issam Naaman et Mohammed Youssef Beydoun ont ensuite pris la parole à tour de rôle, brodant toujours sur le thème et allant même jusqu’à insinuer que ce sont les miliciens qui se présentent aujourd’hui sur la liste rivale qui seraient derrière une grande partie des malheurs de Beyrouth, notamment l’assassinat de cheikh Sobhi Saleh, l’un des tristes épisodes de cette guerre. Devant des partisans de plus en plus excités, arborant fièrement des badges de la liste Hoss et hurlant des slogans d’appui aux candidats, le coordonnateur du meeting, M. Fouad Itani, a annoncé la fin des discours, donnant rendez-vous aux électeurs le 3 septembre devant les bureaux de vote. Si le week-end du Mont-Liban et du Liban-Nord s’annonce chaud, la semaine prochaine sera torride à Beyrouth, qui sera le théâtre d’une bataille visiblement décisive pour les prochains mois.
Le Mont-Liban et le Liban-Nord sont le test, mais la grande bataille est à Beyrouth. Les grands axes et les petites ruelles de la capitale à une semaine de l’échéance électorale en sont la meilleure preuve. Les convois hurlants qui les sillonnent en permanence sont devenus le pain quotidien des habitants et les plus curieux peuvent même «se faire» plusieurs meetings de listes...