Législatives -Une liste unique parrainée par Rafic Hariri Békaa-Ouest-Rachaya : morne bataille en perspective

La bataille électorale dans la circonscription de la Békaa-Ouest-Rachaya ne promet pas d’être des plus passionnantes, dimanche prochain, malgré les 22 candidats qui se présentent pour 6 sièges (2 sunnites, 1 maronite, 1 chiite, 1 grec-orthodoxe et 1 druze). C’est que, selon des sources informées, la Syrie ne tient pas à voir se produire une lutte serrée dans cette région multiconfessionnelle, où pratiquement tous les partis politiques du pays sont représentés. Seule, la Liste de la Décision, scellant la même alliance qu’en 1996 entre les 6 députés sortants de la région, a été annoncée à quelques jours des élections. Cette liste est formée de Abdel-Rahim Mrad (sunnite), Élie Ferzli (grec-orthodoxe), Robert Ghanem (maronite), Sami Khatib (sunnite), Mahmoud Abou Hamdane (chiite) et Fayçal Daoud (druze). Appuyée par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, dont l’octroi de bourses universitaires et l’aide au développement de l’éducation est très apprécié dans la région, elle est aussi soutenue par le Parti syrien national social (PSNS) et par le Hezbollah qui n’a pas nommé de candidat, vu l’accord électoral qui prévaut entre ce parti et le mouvement Amal dont le candidat, Mahmoud Abou Hamdane, fait partie de la liste. Les chances de réussite de cette liste sont grandes, selon les estimations du député Robert Ghanem, compte tenu des nombreux services rendus par l’ensemble de ses membres à tous les niveaux, précise-t-il. Sans oublier l’influence non négligeable des forces que représentent le courant haririen, le Hezbollah et le PSNS, alors qu’aucune liste adverse n’a vu le jour. «Mais il ne faut pas sous-estimer les adversaires indépendants qui vont probablement contracter des alliances et tenter de percer la liste en encourageant le panachage», dit-il, prudent. Ainsi, une alliance s’est formée entre le PSP dirigé par Walid Joumblatt et le Parti communiste, dont le candidat est le sunnite Farouk Dahrouge, secrétaire général du parti. Alliance qui risque de porter préjudice à l’un des deux candidats sunnites de la Liste de la Décision, Abdel-Rahim Mrad ou Sami Khatib. Il ne faut pas non plus négliger les risques de panachage dans le camp maronite, qui avait assuré en 1996 la percée du candidat Henri Chédid (68 510 voix), au détriment du ministre de l’Éducation de l’époque, Robert Ghanem (67 240 voix). Ce dernier comptait alors parmi les favoris, vu sa présence sur la liste de coalition la plus forte parmi 5 listes, appelée Liste de l’entente et de l’unité. Cette liste regroupait 23 candidats des cazas de Zahlé, de Baalbeck et de Hermel ainsi que la Békaa-Ouest-Rachaya, représentant les forces actives de la région, les pôles du pouvoir, et enfin le Hezbollah. Mais la vaste opération de panachage pratiquée par les électeurs de leur parti, encouragés par l’alliance parallèle du Hezbollah avec Henri Chédid, avait provoqué la chute de Robert Ghanem. Ce dernier avait alors présenté un recours en invalidation qui lui avait finalement aussré la victoire, les enveloppes de certaines urnes ayant été illégalement ouvertes, dans les bureaux de vote de Machghara et Kfarzabad. Victoire quasi totale de la liste de l’entente et de l’unité, qui a porté au Parlement 22 de ses candidats. En 1972, seuls trois sièges parlementaires étaient attribués à la Békaa-Ouest ; un sunnite, un druze et un grec-orthodoxe. Si 4 listes s’étaient officiellement formées, au sein d’un réseau d’influence inextricable, la bataille s’était jouée entre les deux ténors Joseph Skaff et Kamal Joumblatt, par personnes interposées. Quant à la victoire, elle était alors revenue à la liste parrainée par le «roi de la Békaa» Joseph Skaff, regroupant les candidats Nazem Kadri, Sélim Daoud et Michel Maalouli. Pour l’heure, et à moins d’une surprise de dernière minute, la Liste de la Décision ne semble pas être menacée, lors du scrutin de dimanche prochain, alors que la bataille électorale s’annonce plutôt morne.