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Actualités - ANALYSE

Le paysage politique a déjà changé

Pour la première fois depuis Taëf, dont on célèbre ces jours-ci le dixième anniversaire, on observe sur la scène locale des modifications de taille. Une Chambre sans Najah Wakim et avec Albert Moukheiber, par exemple. Au-delà des cas individuels, ici ou là, le changement n’a pas attendu les résultats des législatives. La compétition électorale par elle-même, mais aussi d’autres causes, de nature extérieure aussi bien qu’intérieure, sont venues bouleverser les donnes auxquelles les Libanais se sont habitués depuis la fin de la guerre domestique. Dans ce cadre, M. Walid Joumblatt se met particulièrement en avant. Il s’est engagé dans un processus de rapprochement accéléré avec des parties jusque-là résolument adverses qu’il fustigeait encore il y a peu de mois, tenant même à leur encontre des propos bellicistes. Le leader du Parti socialiste progressiste, premier à endosser l’habit du changement, mais pas du tout dans le sens où le régime l’entend, se fait maintenant le champion, assez inattendu, d’une réconciliation générale en vue d’une véritable entente nationale. Parallèlement, on relève de frappantes similitudes dans le discours politique que tiennent aujourd’hui des pôles qui ne sont pas directement concernés par les élections, comme MM. Amine Gemayel, Dory Chamoun et Carlos Eddé. Les thèmes qu’ils développent convergent vers la nécessité d’une réforme en profondeur du système. Ce qui implique d’abord qu’on relève le niveau du débat politique, un peu trop rabaissé par les empoignades électoralistes. Ces personnalités s’activent beaucoup pour leurs idées et se livrent à un véritable carrousel de démarches et de rencontres. Les initiatives quotidiennes de M. Joumblatt remplissent les pages des journaux. Et quant au président Gemayel, il doit voir aujourd’hui M. Eddé puis se rendre demain à Moukhtara. Le but étant de paver la voie, sinon à des alliances formelles, du moins à un assainissement du climat politique, en abattant les cloisons séparant les fractions libanaises. Ces efforts sont cependant considérés avec un certain scepticisme par des professionnels, qui se demandent si «le rapprochement observé obéit à des considérations politiques qui n’ont pas la même finalité. Les constantes des uns et des autres ne sont pas identiques. Leurs analyses respectives sont fortement influencées par des considérations ponctuelles, politiques ou électorales. Ce n’est pas la première fois que M. Joumblatt change de ton à l’adresse de la rue chrétienne. Il l’avait fait à maintes reprises, en tant que ministre des Déplacés. Et s’il change de nouveau d’avis, pour reprendre ses attaques contre le clergé, ce ne serait probablement pas la dernière fois. Aujourd’hui, il est opposant et se rapproche du camp de l’Est qui est également éloigné du pouvoir. Mais demain ? Garderait-il la même ligne s’il devait rentrer de nouveau au gouvernement ? Ce serait miracle si l’on parvenait à réaliser cette union nationale dont il est question. D’une part parce qu’il y a beaucoup d’autres forces actives qui sont contre le mouvement engagé. Et d’autre part, rien de solide ne peut se bâtir sans les décideurs». Un avis qu’un opposant de l’Est réfute en soulignant que «les visites de M. Joumblatt à Bkerké ou à Bickfaya, parallèlement à son alliance avec le président Hariri, ouvrent largement la voie à une conception des rapports interlibanais beaucoup moins conflictuelle. Certes, ce n’est qu’un début, mais il est de bon augure. Il reste à savoir si l’État libanais en tant que tel saura tirer profit de cette marche vers l’entente par la détente, comme il devrait le faire, en vue de sa propre souveraineté».
Pour la première fois depuis Taëf, dont on célèbre ces jours-ci le dixième anniversaire, on observe sur la scène locale des modifications de taille. Une Chambre sans Najah Wakim et avec Albert Moukheiber, par exemple. Au-delà des cas individuels, ici ou là, le changement n’a pas attendu les résultats des législatives. La compétition électorale par elle-même, mais aussi d’autres...