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Actualités - REPORTAGES

Impressionnante logistique de la machine électorale de Issam Farès La coalition s'est effritée au dernier quart d'heure (photos)

Au Akkar, «grenier électoral» de la première circonscription du Liban-Nord, le scrutin s’est déroulé dans le calme, contrairement aux projections pessimistes de certains observateurs. Lesquels ont prédit l’orage après l’ambiance détendue qui a suivi l’annonce de la formation des trois listes incomplètes dans cette région. Ce calme, cependant, cacherait de grandes surprises au niveau des résultats de l’opération électorale. Le panachage a été pratiqué à grande échelle, et la première liste, dite la liste de la Coalition, supposée être la plus musclée, présidée par le député sortant Issam Farès, en ferait les frais. De toute façon, pour les deux sièges maronites de Bécharré et les deux sunnites de Denniyé, la victoire des candidats dépendra dans une large mesure de leurs alliances scellées avec les poids lourds au Akkar. Et pour cause : le nombre des électeurs dans ce caza représente près du triple du nombre des votants réunis de Bécharré et de Denniyé (Akkar 176 000 ; Bécharré 22 000 ; Denniyé 44 000). Sur le terrain, les habitants du Akkar ne semblaient pas hier concernés outre mesure par les candidats des autres régions rattachées à leur caza par la dernière loi électorale en date. Les portraits des candidats tout au moins de Bécharré étaient presqu’inexistants sur les artères principales, à part un seul portrait géant de Gébran Tok à Kobeyate, et d’autres de plus petites dimensions de Kabalan Issa el-Khoury sur la place principale de Halba. Contrairement aux citoyens, pour la majorité des députés sortant de la région, la greffe de Bécharré ne constitue pas un handicap majeur pour un déroulement dans les normes du scrutin, elle refléterait par contre la volonté du pouvoir de concrétiser une certaine réconciliation nationale après l’accord de Taëf. Pas de vote de listes fermées La coalition incarnée par la première liste qui porte ce même nom a basculé, samedi, à la veille du scrutin, et a entraîné une redistribution des cartes et une redéfinition des alliances. Le ralliement au dernier quart d’heure de Abdel Nasser Raad, candidat du PSNS à cette liste devenue ainsi une liste fermée de onze membres, a suscité les foudres d’Ahmed Fatfat, candidat à l’un des sièges sunnites de Denniyé qui s’était présenté en candidat indépendant sur conseil de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Dans leur calcul électoral, les deux hommes ont compté sur une alliance non déclarée avec la liste de la Coalition qui avait laissé l’un des sièges sunnites de Denniyé vide. Cette alliance aurait été considérée comme scellée par le courant d’ «al-Mostaqbal» de Hariri lors du meeting préélectoral de Denniyé auquel avaient participé, outre l’ancien chef du gouvernement, les membres de la première liste. «Il n’y pas eu d’alliance sous la table ni de revirement de positions dans le dernier quart d’heure», affirme Issam Farès qui suivait le déroulement du scrutin au Akkar sur un écran géant à partir de sa résidence à Baïno. Il précise que, lors du meeting de Denniyé, il s’est contenté de remercier M. Rafic Hariri pour son soutien à la liste qu’il préside sans aller plus loin. «Non seulement il n’y a pas eu d’engagement solennel de notre part, mais la seule place restée vacante sur notre liste était réservée au candidat du PSNS. Lequel a tardé à faire son choix», dit-il. Panachage à grande échelle La liste de la Coalition s’est avérée ne pas incarner ni les ambitions des loyalistes ni celles de l’opposition. Ce qui aurait laissé une importante marge de manœuvre aux électeurs. Quoi qu’il en soit, le panachage à grande échelle est une pratique qui a toujours marqué au fer rouge les scrutins au Liban-nord. Et, les résultats de l’opération électorale de 1996 illustrent bien ce fait. Le meilleur score enregistré par Ahmed Hbous était de près de 120 000 voix, soit une différence approximative de 70 000 avec Sayed Akl, élu avec le moins de suffrages dans la circonscription. «On n’a pas voté de liste fermée», déclare Agnès, 70 ans, de Baïno, qui justifie d’ailleurs son comportement par le panachage pratiqué par les proches des députés sortants Talal Meraabi et Wagih Baarini. Freddy, 22 ans, debout devant la porte d’entrée de l’école officielle de Baïno qui abrite un bureau de vote de la localité, ne veut pas entendre parler de liste. Il se considère assez mûr pour composer une liste susceptible d’incarner ses ambitions. À l’entrée de la plupart des bureaux de vote, tant à Baïno qu’à Kobeyate, le Mouvement des jeunes pour l’abaissement de l’âge de vote a installé des boîtes destinées aux bulletins de vote des jeunes de moins de 18 ans. Ce mouvement mène une campagne de sensibilisation afin d’obtenir un amendement de l’article 21 de la loi électorale. Hobeiche vs Daher Éternel batailleur, l’ancien ministre et député Mikhaël Daher s’est retrouvé pour les législatives 2000 sur la première liste. Il est visiblement décontracté, persuadé de sa victoire tout comme ses partisans venus nombreux à sa résidence de Kobeyate ornée de drapeaux libanais. En 1997, il avait mené «en solo» la bataille des partielles pour le siège maronite du Akkar alors que l’argent et le pouvoir étaient au service de son adversaire Fawzi Hobeiche. S’il a perdu cette bataille, Mikhaël Daher n’a pas moins raflé à lui seul 43 000 voix. Un score honorable si l’on se rappelle les circonstances exactes du scrutin, et qui a consacré son poids électoral dans la région et sa capacité à soutenir ses colistiers. Et ce revirement dans la position de Issam Farès qui avait soutenu tous azimuts Fawzi Hobeiche ? «Cinq des onze membres qui figurent sur la liste de la Coalition étaient sur des listes opposées à ma liste de 1996», souligne M. Farès qui affirme par ailleurs avoir entrepris de larges consultations avant de choisir ses colistiers. Fawzi Hobeiche, député sortant, semble plutôt tendu et affirme ne pas comprendre jusqu’en ce moment les raisons de ce revirement dans son alliance avec Issam Farès. «Des pressions politiques ont été certainement exercées», fait valoir un de ses proches qui semble inconsolable. Ici, personne n’est dupe. Tous sont conscients que de par sa proximité géographique, le caza du Akkar a toujours été sous grande influence syrienne quelque soient les régimes qui se sont succédé au pouvoir dans ce pays. «Les jeux ne sont pas encore faits», dit Fawzi Hobeiche qui affirme sans trop de convictions s’attendre à des surprises en fin de journée. Pour lui, l’enjeu de la bataille de la première circonscription du Liban-Nord porte sur un siège maronite, un autre grec-orthodoxe et deux sunnites . 5 000 délégués pour Issam Farès Déployer toutes ses batteries pour faire partie de la première liste n’est pas une affaire banale. La logistique de la machine électorale du président de la liste de la Coalition Issam Farès est impressionnante et augure d’une efficacité sans pareille sur le terrain. Forte de 5 000 délégués, tous munis de portables, la machine électorale est dirigée par l’ancien mohafez du Liban-Nord Khalil Hindi. Akkar a été divisé en dix secteurs, Denniyé en sept et Bécharré en cinq, chaque secteur ayant à sa tête un responsable qui coordonne l’action des délégués répartis entre délégués ambulants, fixes et ceux du peuple chargés d’assurer le transport des électeurs. 2 000 voitures ont ainsi été louées pour la circonstance. Le transport est important au Akkar, les électeurs de cette région inscrits sur les listes des votants n’habitent pas, dans leur majorité, la région. En plus, il faut compter que de nombreux villages dans ce caza ont disparu de la carte, et par suite les bureaux de vote de ces habitants se trouvent loin de leurs lieux de résidence. Signalons, enfin, que 26 000 sacs de nourriture ont été prévus pour le personnel alors qu’une cellule d’urgence informatisée a été mise en place au centre Issam Farès à Halba pour la comptabilisation des voix, les résultats définitifs, mais bien entendu non officiels du score des candidats pouvant être connus deux heures seulement après la fermeture des bureaux de vote. Du jamais vu encore dans les annales des législatives au Liban...
Au Akkar, «grenier électoral» de la première circonscription du Liban-Nord, le scrutin s’est déroulé dans le calme, contrairement aux projections pessimistes de certains observateurs. Lesquels ont prédit l’orage après l’ambiance détendue qui a suivi l’annonce de la formation des trois listes incomplètes dans cette région. Ce calme, cependant, cacherait de grandes...