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Actualités - REPORTAGES

Panachage, listes piégées et échange d'accusations La balle de l'argent qu'on se renvoie d'une liste à l'autre ... (photos)

S’il faut en croire les rumeurs qui circulaient hier lors du scrutin dans la région de Kesrouan-Jbeil, et les accusations échangées par les membres des deux principales listes rivales, le grand électeur dans la circonscription aurait été l’argent. «Tel paye à droite et à gauche pour s’assurer un bon résultat dans les élections», entendait-on de toutes parts. Du côté de la liste de la Décision populaire, Farès Boueiz a accusé ses rivaux de profiter de «pressions politiques» et de distribuer de l’argent «indirectement, en services, ou bien directement». Pour sa part, Mansour el-Bone (membre de la liste de la Dignité et du renouveau, présidée par Georges Frem) nie vigoureusement «ces allégations», considérant que ses adversaires l’accusent «de ce dont ils sont eux-mêmes coupables». Alors que M. Frem annonce d’ores et déjà une «nouvelle ère». Hier, la bataille au Kesrouan et à Jbeil, qu’elle qu’en soit l’issue, était sans merci avec un nombre record de quatre listes qui s’affrontaient pour cinq sièges maronites au Kesrouan et trois (deux maronites et un chiite) pour Jbeil. Le taux de participation a atteint 66 % à Jounieh, et 59 % à Jbeil. Toutefois, selon de nombreux témoignages, le panachage allait bon train, bien que les candidats MM. Neematallah Abi Nasr et Farid el-Khazen, respectivement membres de la première et de la seconde liste, aient nié «le panachage au sein de notre équipe». Ce qui n’a pas empêché, évidemment, les listes piégées… Mais ce n’est pas en faisant la tournée des bureaux de vote qu’on pouvait déceler l’acuité de la bataille. «Toute la tension qui a précédé les élections s’est évaporée comme par enchantement», raconte une des déléguées à Kfardebiane (dans le haut Kesrouan). En effet, dans la plupart des bureaux de vote, on se retrouvait entre amis et parents, bien que représentant des listes rivales. «Les noms changent mais cela ne nous empêche pas d’être unis», dit un autre délégué à Jounieh. Même ambiance décontractée à Jbeil. Accusations réciproques Mais on ne pouvait pas en dire de même des candidats ! À environ 11 heures trente, l’ancien ministre des AE, M. Boueiz, va déposer son bulletin de vote à Zouk. Il considère que «le taux de participation qui ne dépasse pas un certain niveau est dû au nombre élevé de listes qui a embarrassé les électeurs». Abordant la question de l’argent, il ajoute : «Certains des endroits où l’argent est ouvertement versé nous sont désormais connus. Nous avons demandé aux autorités d’intervenir. Même la municipalité de Jounieh est utilisée par la liste adverse en tant que bureau électoral. Sans compter les pressions politiques sur un nombre d’employés du secteur public et de moukhtars. Ce sont les mêmes “fantômes”, assurant des services non autorisés légalement». Interrogé sur les rumeurs de versements d’argent qui n’ont pas épargné sa liste, il rétorque : «Si quelqu’un peut me montrer cet argent, je me retirerai de la bataille». Par ailleurs, Farid el-Khazen, colistier de M. Boueiz, a déclaré à la municipalité de Jounieh que «la liste adverse est soutenue par le pouvoir». Pour sa part, M. el-Bone a nié «toutes ces allégations sans fondement». «Nous nous trouvons à la municipalité pour parler aux gens», a-t-il dit. «Les bureaux du président du conseil municipal sont là-haut. Nous n’y sommes pas allés alors que d’autres candidats que je ne nommerai pas l’ont fait. Comment aurions-nous utilisé cette institution à notre profit ?» Interrogé sur cette même question, M. Frem, qui votait à Haret Sakhr, a refusé de répondre considérant que «le peuple allait déterminer les vraies valeurs». «Il faut faire ses adieux à l’individualisme et aux conflits étroits», a-t-il ajouté. «À partir de demain (aujourd’hui), la liste de la Dignité et du renouveau va travailler à rapprocher les esprits. Une ère s’est terminée avec la libération du Liban-Sud et les Libanais savent suivre la progression». Cependant, un des membres de la liste du Liban de la liberté (présidée par M. Henri Sfeir), M. Charbel Azar, assure que «les versements d’argent proviennent de plusieurs candidats et non pas d’une seule liste». «L’argent rend la bataille électorale déséquilibrée», a-t-il estimé. Jbeil : aussi calme que le Kesrouan À Jbeil aussi, le calme a régné toute la journée. Le facteur de l’argent a également été évoqué par M. Nazem Khoury, candidat sur la liste de la Dignité et du renouveau, quand il a parlé des fonds qui auraient «servi à bloquer des voix en matinée, d’où la participation médiocre le matin». M. Khoury s’est défendu «de l’appui des services qu’on m’attribue et qui est sans aucun fondement». La seule plainte sérieuse a cependant été formulée par le bureau du député Émile Naufal. «Deux de nos électeurs ont été poussés hors des urnes à Tartej (village de Naufal) le matin, sous prétexte qu’ils avaient parlé trop fort», a dit Mme Leila Khoury du bureau de Naufal. «Pourquoi nous envoyer des forces spéciales ? Nous sommes des gens pacifiques. Nous espérons sincèrement que l’armée reste neutre dans ce scrutin». Il ne faut pas oublier, par ailleurs, un facteur non négligeable dans la région de Jbeil : les voix du Bloc national (BN) qui n’ont pas été canalisées vers un candidat précis. Selon des sources bien informées, elles auraient «souffert de dispersion, profitant à des candidats que le parti n’aurait pas, en d’autres temps, appuyé». Mais des candidats comme Jean Hawat et Fadi Rouhanna Sakr, auraient bénéficié d’une partie du vote, selon certains. Toutefois, ce sont les résultats qui départageront les candidats dont on peut dire de plusieurs qu’ils sont de force presque égale.
S’il faut en croire les rumeurs qui circulaient hier lors du scrutin dans la région de Kesrouan-Jbeil, et les accusations échangées par les membres des deux principales listes rivales, le grand électeur dans la circonscription aurait été l’argent. «Tel paye à droite et à gauche pour s’assurer un bon résultat dans les élections», entendait-on de toutes parts. Du...