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Actualités - CHRONOLOGIE

La participation a atteint une proportion de 50% Le rouleau compresseur du pouvoir freiné par les ténors de l'opposition

C’est dans une atmosphère relativement calme – à l’exception du déplorable incident de Bourj Hammoud – mais à l’ombre d’un enthousiasme très variable d’un caza à l’autre que s’est déroulée hier la première phase du scrutin législatif au Mont-Liban et au Liban-Nord où 286 candidats au total étaient en lice pour pourvoir à 63 sièges (35 au Mont-Liban et 28 au Nord). Sur les 1,3 million d’électeurs inscrits dans les six circonscriptions (deux au Nord et quatre dans la montagne), près de 50 pour cent, en moyenne, se sont rendus aux urnes, ce taux de participation fluctuant sensiblement entre une région et l’autre. D’une manière générale, l’électorat chrétien s’est mobilisé cette année un peu plus qu’en 1996, en dépit des consignes de boycottage lancées par les partis et courant de l’opposition chrétienne (Parti national libéral, Forces libanaises, courant aouniste et opposition Kataëb). Si à Baabda la participation chrétienne a été en deçà des espérances, au Chouf, par contre, les partisans du leader du PNL, Dory Chamoun, auraient voté en masse en faveur de la liste parrainée par M. Walid Joumblatt, plus particulièrement à Deir el-Kamar, fief de M. Chamoun. Le taux de participation le plus bas a été enregistré dans le caza de Bécharré (moins de 29 pour cent) où le courant des Forces libanaises a largement boycotté le scrutin, les partisans FL soulignant qu’ils ne sauraient participer à des élections législatives avant la libération de leur chef, Samir Geagea. Sur le plan du déroulement des opérations de vote, peu d’irrégularités majeures ont été signalées en cours de journée. Seul point noir au tableau : l’incident qui a opposé en début de matinée le candidat arménien-orthodoxe sur la liste de M. Nassib Lahoud, au Metn-Nord, M. Rafi Madayan, à des membres du parti Tachnag qui ont violemment pris à partie M. Madayan. Une autre bagarre a opposé aussi à Bourj Hammoud les partisans de M. Nassib Lahoud à leurs adversaires de la liste de M. Michel Murr. L’ancien ministre et député Michel Samaha est également intervenu d’une manière musclée dans ce même secteur pour faire face à des irrégularités enregistrées en dehors d’un bureau de vote. Ces incidents étaient significatifs de la tension qui a marqué la journée d’hier au Metn-Nord où le «rouleau compresseur» de M. Michel Murr s’est fait particulièrement sentir à Bourj Hammoud. Le ministre de l’Intérieur a lancé en effet toute sa machine dans cette région afin de s’assurer une avance confortable, nécessaire pour compenser les voix du Haut-Metn et du Metn central, plutôt favorables à MM. Nassib Lahoud et Pierre Gemayel. En dehors du cas spécifique de Bourj Hammoud, le scrutin s’est donc déroulé sans accrocs majeurs, dans un climat marqué par un dur bras de fer entre les listes soutenues par le pouvoir, d’une part, et celles se réclamant de l’axe Joumblatt-Hariri (au Chouf et à Baabda-Aley) ou des candidats opposants et frondeurs (notamment au Metn-Nord). Cette compétition n’a pas eu pour résultat, toutefois, de mobiliser l’électorat dans une proportion supérieure à 50 pour cent, en moyenne. Cela a été particulièrement perceptible au Metn-Nord. La désaffection relative de l’électorat s’explique par la nature de la loi électorale qui a marginalisé dans une large mesure l’électorat chrétien au Liban-Nord et par les ingérences flagrantes des services sécuritaires libanais et syriens au profit des candidats appuyés par le pouvoir. Ces ingérences ont été dénoncées ouvertement il y quelques jours par M. Joumblatt qui a souligné à ce propos que ces pressions ont été exercées «avant le scrutin», ce qui explique sans doute que peu d’irrégularités ont été enregistrées hier, comme l’a reconnu lui-même le leader du PSP. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné également l’un des candidats au siège maronite de Batroun, Nabil Hokayem, qui a indiqué hier à L’Orient-Le Jour que l’intervention des «décideurs» pour façonner à leur mesure le nouveau Parlement se fait sentir non pas le jour du scrutin, mais plutôt en agissant, au préalable, sur l’élaboration de la loi électorale (donc sur le découpage des circonscriptions) et en imposant certaines alliances électorales. Certes, le «rouleau compresseur» qu’a mis en branle le pouvoir, et qui s’est manifesté aussi bien au niveau du découpage des circonscriptions que des alliances forcées, ne s’est pas avéré aussi efficace que d’aucuns le pensaient. Preuve en est que la liste du ministre de l’Intérieur au Metn-Nord semblait, en fin de soirée, avoir été percée, au moins, par le député Nassib Lahoud (véritable bête noire de M. Murr) et par M. Pierre Amine Gemayel qui enregistrait une avance sur le chef du parti Kataëb, Mounir Hajj. Parallèlement, les listes soutenues par MM. Joumblatt et Hariri au Chouf et à Baabda-Aley paraissaient en très bonne posture face aux candidats soutenus par le pouvoir. Il n’en demeure pas moins que ces surprises resteront symboliques et sans effet dans la pratique si elles ne débouchent pas, à terme, sur un processus de réconciliation nationale réelle devant englober toutes les fractions locales véritablement représentatives des composantes communautaires du pays.
C’est dans une atmosphère relativement calme – à l’exception du déplorable incident de Bourj Hammoud – mais à l’ombre d’un enthousiasme très variable d’un caza à l’autre que s’est déroulée hier la première phase du scrutin législatif au Mont-Liban et au Liban-Nord où 286 candidats au total étaient en lice pour pourvoir à 63 sièges (35 au Mont-Liban et 28...