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Actualités - ANALYSE

La population attend la fin de l'ère des tergiversations

Par ses tergiversations, le gouvernement agace les Occidentaux, qui conditionnent leur aide par un déploiement effectif de l’armée à la frontière. Et il s’attire localement la grogne d’une population sudiste qui a hâte de voir la stabilité confortée, pour sa sécurité d’abord, pour le démarrage du chantier de la reconstruction ensuite. Pour l’heure, le pouvoir envoie son contingent panaché de 1 000 hommes (500 gendarmes et 500 soldats prélevés sur des unités non combattantes comme les SR ou la police militaire) uniquement derrière les lignes de la Finul. En simple mission de garnison (à Marjeyoun notamment) et de patrouille. Les dirigeants font valoir qu’il n’est pas question de tomber dans le piège d’un déploiement «prématuré» de l’armée. Qui, ajoutent-ils, ne doit pas servir de chien de garde pour la sécurité de la frontière israélienne. Ni prendre le risque d’affrontements avec le Hezbollah. Les responsables concluent que le déploiement de l’armée ne pourra se faire qu’une fois tous les obstacles aplanis. Ce qui leur vaut cette réplique, facile mais bien placée, de l’opposition comme des sudistes concernés : «Une fois que les éléments armés se seront retirés d’eux-mêmes, en vertu d’une décision politique des décideurs, la présence de l’armée deviendrait superfétatoire et les gendarmes pourraient suffire». Autrement dit, le pouvoir adopte, en inversant les priorités, une alternative d’options contraire à la logique. Toujours est-il que sur le terrain, le contingent libanais va s’efforcer d’assumer au mieux sa mission, en couvrant les régions libérées intérieures et en remplaçant la Finul dans les positions reculées qu’elle abandonne pour passer devant, à la frontière. Selon les cadres concernés, cette force a reçu un ordre permanent d’appliquer fermement l’autorité de la loi, d’empêcher les apparences armées de toutes sortes et de réprimer vigoureusement toute atteinte à l’ordre public. Cela, pour encourager les sudistes à se cramponner à leur région et à ne pas céder à la tentation d’émigrer ou de s’installer ailleurs dans le pays. On sait en effet qu’après le retrait israélien, assorti d’une fuite de centaines de familles libanaises, un large mouvement de ventes de terrains a pris corps dans la région, principalement du côté des localités chrétiennes. Mais la population concernée a fait savoir aux autorités de Beyrouth, par le truchement de ses notables, que les abus, les exactions des éléments armés se multiplient, s’intensifient, dépassant largement tout seuil de tolérance. On signale ainsi l’ouverture de nombre d’officines, présentées comme des «permanences partisanes» dans des localités qui ne les acceptent pas, où elles sont considérées comme une pure provocation socio-politique, une insupportable intrusion. Les formations concernées, avisées, semblent n’avoir rien fait pour corriger le tir. Et le cas échéant, se contentent d’imputer les débordements d’éléments armés, comme les vols, les agressions, les insultes et les tirs, à de la simple «turbulence juvénile». Pour les sudistes, la cause est entendue : les 1 000 agents envoyés pour contrôler l’enclave libérée ne peuvent pas faire l’affaire. Selon nombre de témoins, les braves agents des FSI qui reçoivent des plaintes esquiveraient toute confrontation avec les éléments armés signalés et se contenteraient de rédiger des procès-verbaux. Même si ces indications, qui émanent il faut bien le dire d’une population à cran, sont peu fiables, un fait est certain : les gens sont profondément convaincus que seule l’armée peut tenir la situation en main. L’autorité, c’est une évidence, est aussi une question de confiance psychologique, et le contingent utilisé n’en inspire pas beaucoup. Mais il faut être juste : cette force n’a pas encore eu assez de temps devant elle pour faire vraiment ses preuves. Si elle réussit dans sa mission, les Libanais partis dans la foulée de l’ALS, en Israël ou ailleurs, pourraient retourner. Il faut l’espérer. Mais à dire vrai, les gens sur place en doutent. Et craignent qu’à la faveur des élections, maintenant toutes proches, la situation sécuritaire ne se dégrade encore. Sans compter, ajoutent-ils, qu’on ne voit pas comment, après le départ de la Finul, Beyrouth va pouvoir s’en tirer. Ni ce qu’il compte faire au sujet des camps palestiniens armés du Sud.
Par ses tergiversations, le gouvernement agace les Occidentaux, qui conditionnent leur aide par un déploiement effectif de l’armée à la frontière. Et il s’attire localement la grogne d’une population sudiste qui a hâte de voir la stabilité confortée, pour sa sécurité d’abord, pour le démarrage du chantier de la reconstruction ensuite. Pour l’heure, le pouvoir...