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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - La force mixte a achevé son déploiement dans la bande frontalière Les sudistes en liesse à l'arrivée de la troupe (photos)

À Bint-Jbeil, comme à Marjeyoun, Kleya et ailleurs, ce fut comme «un orphelin qui retrouve sa mère». Au-delà de la taille restreinte, presque anecdotique, de la force mixte armée-FSI destinée à la bande frontalière – 1 000 hommes seulement – l’entrée hier de ces soldats et de ces gendarmes dans les localités de l’ex-zone occupée a marqué, pour de nombreux habitants, le retour tant attendu de l’État libanais, après un quart de siècle d’absence. Composée pour moitié de militaires et pour autre moitié de membres des FSI, la force mixte a achevé en quelques heures son déploiement dans la région, entamé aux premières heures du jour. Le convoi était formé de dizaines de véhicules, des camions, mais aussi des transports de troupes blindés et une dizaine de chars. Quelque 260 membres de cette force ont pris position à Bint-Jbeil, la plus grande localité chiite de l’ex-zone occupée, alors que le reste de la troupe s’est installé dans l’ancienne caserne de l’armée à Marjeyoun, où l’ex-milice de l’Armée du Liban-Sud (ALS) avait son commandement général. L’unité, qui aura une position fixe à Marjeyoun et une position secondaire à Bint-Jbeil, doit établir des barrages mobiles et des patrouilles dans la bande frontalière. Les soldats membres de la force mixte sont les premiers à se rendre au Liban-Sud depuis 1976. Des troupes régulières étaient alors basées dans la région. Mais certains soldats avaient suivi leur commandant, Saad Haddad, qui s’était allié à Israël dès le début de la guerre du Liban. Deux ans plus tard, les forces israéliennes entraient sur le sol libanais pour écraser les groupes palestiniens armés. Signes d’apaisement du Hezbollah Maître du terrain jusqu’à hier, le Hezbollah a multiplié les signes d’apaisement et de coopération avec les autorités. Il a retiré toute présence armée dans la zone de déploiement de la force mixte et recouvert à la chaux slogans et sigles, ne laissant sur les poteaux électriques que les portraits de ses combattants tombés face à l’occupant. Abou Ahmad, un responsable du Hezbollah, a estimé que ce déploiement, dont il s’est félicité, n’était pas dirigé contre sa formation, qui continue à maintenir certains postes d’observation dans la région. Dans les rangs de la population, l’humeur était à la joie franche et au soulagement. Malgré l’heure matinale, le convoi était déjà attendu par des habitants. «Bienvenue à notre armée, aux fiers défenseurs de notre pays!» s’époumone Marie, 55 ans, qui, un bol à la main, ne se lasse pas de bombarder de riz les jeunes conscrits en signe de bienvenue, dans le village chrétien de Kleya. Marie, dont le fils, un ex-milicien de l’ALS, fait partie des quelque 6 000 Libanais réfugiés en Israël, s’est réveillée de bonne heure pour voir «passer l’armée dans notre village». Mohammed, 40 ans, s’est lui aussi levé tôt pour se rendre à la colline de Tel Nhas. «Je savais que le convoi aller passer à proximité et je ne voulais pas rater ce spectacle», explique-t-il. Originaire du village chiite de Kfar Kila, il se dit «heureux du déploiement de l’armée car c’est l’État qui doit assurer la sécurité, même si le Hezbollah doit aussi maintenir une présence parce qu’en fin de compte, c’est lui qui a libéré le Liban-Sud». Alors que le jour avance et que la nouvelle de l’arrivée de la force mixte se confirme, les habitants se font plus nombreux dans les rues, maintenant pavoisées aux couleurs libanaises et ornées de portraits du chef de l’État Émile Lahoud. « La jeunesse vaillante du Liban » «Nous avons repris espoir en voyant arriver de Beyrouth nos soldats. Maintenant nous allons pouvoir dormir tranquilles et peut-être que nos proches et amis qui ont fui en Israël se sentiront rassurés et décideront de rentrer, au lieu de poursuivre une vie de misère en Israël», affirme Siham, 32 ans, qui, avec une dizaine d’habitants, jette du riz et agite de petits drapeaux frappés du cèdre au passage d’une patrouille mixte sur la place du village chrétien de Bourj al-Moulouk. À Marjeyoun, un cafetier arborant fièrement un portrait du président Lahoud offre gratuitement le café aux passants. Les femmes saluent de la main la troupe et lancent du riz et des pétales de roses sur le convoi. «Cela fait vingt-cinq ans que nous attendions d’apercevoir un soldat dans cette ville. Nous avons attendu toute la nuit et nous ne pouvons plus contenir notre joie», raconte Amira, une femme âgée, sortie au-devant des soldats. Un peu plus loin, une autre habitante de la ville ajoute : «Nous nous sentons aujourd’hui comme des orphelins qui retrouveraient leur mère. C’est un sentiment étonnant». À Bint-Jbeil, la population a les mêmes mots pour accueillir la force mixte. «Nous attendions avec impatience la venue de l’armée depuis vingt-cinq ans et nous ne pouvons pas décrire notre joie de voir des uniformes de l’armée dans notre ville», souligne un habitant. «Au lieu de ces damnés Israéliens, notre ville est désormais ornée de la jeunesse vaillante du Liban», exulte une femme. Mardi, le ministre de l’Intérieur Michel Murr avait donné à la force mixte, placée sous son autorité, l’ordre de se déployer dans la zone évacuée le 24 mai par l’armée israélienne. L’entrée dans la région de cette force, prête depuis la nuit de dimanche à lundi selon M. Murr, attendait que le gouvernement soit informé par l’Onu de la fin du déploiement de la Force intérimaire des Nations unies (Finul). M. Murr avait précisé que la force mixte, qui vient renforcer une présence symbolique de quelques centaines de gendarmes dépêchés dans les jours qui ont suivi le retrait israélien, était chargée d’assurer la sécurité à l’intérieur du territoire libanais et pas à la frontière libano-israélienne, une mission selon lui dévolue à la Finul. La Finul s’était déployée le week-end dernier dans 17 positions de l’ex-zone occupée, dans des régions où elle n’avait jamais eu accès depuis sa création il y a 22 ans. Elle doit s’installer dans onze autres positions dans les prochains jours, selon des sources de l’Onu. L’installation des Casques bleus n’a pas empêché la poursuite des violences à la frontière, comme l’ont illustré les incidents de dimanche à la porte de Fatma, ancien point de passage entre le Liban-Sud et Israël, où quatre Libanais ont été blessés par des tirs de soldats israéliens qui ripostaient à des jets de pierres ou de bouteilles incendiaires à partir du territoire libanais. Israël a indiqué mardi qu’il allait se plaindre au secrétaire général de l’Onu Kofi Annan du comportement de la Finul et reproché à cette force de n’avoir pas empêché des violences à la frontière. «Nous allons nous adresser à lui bientôt pour garantir que la Finul accomplira bien sa mission», avait affirmé le vice-ministre israélien de la Défense Ephraïm Sneh. Il a averti que si rien n’était fait pour arrêter la violence, la situation à la frontière pourrait «dégénérer». L’Onu a exprimé pour sa part son inquiétude après ces heurts, et appelé Beyrouth à faire cesser les jets de pierres contre ses soldats.
À Bint-Jbeil, comme à Marjeyoun, Kleya et ailleurs, ce fut comme «un orphelin qui retrouve sa mère». Au-delà de la taille restreinte, presque anecdotique, de la force mixte armée-FSI destinée à la bande frontalière – 1 000 hommes seulement – l’entrée hier de ces soldats et de ces gendarmes dans les localités de l’ex-zone occupée a marqué, pour de nombreux...