Législatives - Akkar, Denniyé, Bécharré : quand les services sont rois Une route asphaltée, c'est un siège de député assuré

Trois listes ont déjà été proclamées dans la circonscription du Liban-Nord – Akkar, Denniyé et Bécharré. Une circonscription qui compte quelque 258 000 électeurs inscrits qui devraient choisir 11 députés (5 sunnites, 1 alaouite, 3 maronites et 2 grecs-orthodoxes) parmi les 58 candidats qui se présentent aux élections. Dans cette nouvelle circonscription du Liban-Nord, où le caza de Bécharré a été détaché de son environnement géographique pour être artificiellement greffé sur le Akkar et Denniyé, une seule liste cependant pourrait remporter la majorité des voix : la Liste de la coalition présidée par le député sortant Issam Farès. Soutenue par le ministre Sleimane Frangié et par le Parti syrien national social (PSNS), la liste rassemble divers symboles politiques de la région. Elle regroupe notamment Issam Farès, Talal Meraabi, Wajih Baarini, Abdel Rahmane Abdel Rahmane (représentant le parti Baas), Kabalan Issa el-Khoury, Mikhaël el-Daher, Assaad Harmouch (représentant la Jamaa islamiya), Riad Rahal, Boutros Succar, et Jamal Ismaïl (originaire de Wadi Khaled). La place du deuxième siège sunnite de Denniyé est restée sans titulaire sur la liste afin de préserver la bonne entente entre ce caza et les autres régions de la circonscription. La deuxième liste présente également dix candidats et laisse vacant le deuxième siège sunnite de Denniyé. Cette liste dite de la volonté populaire regroupe Fawzi Hobeiche, Jihad Samad, Gebrane Tok, Riad Sarraf, Karim Racy, Ali el-Ali, Ali Tleiss, Benoît Keyrouz, Mohammed Yéhia et Mohammed Khaled Zohbi. La troisième liste, celle du développement, regroupe le député sortant Khaled Daher (dont l’appartenance à la Jamaa islamiya a été suspendue), Hassan Meraabi, Abdallah Raouf Hanna, Zahreddine Issa, Kassem Abdelaziz, Mohammed Fadel, Ignace Keyrouz et Saïd Tok. Le noyau d’une quatrième liste a également été formé. De plus, 25 candidats indépendants ignorent toujours s’ils se regrouperont pour former des listes, s’ils se retireront avant les élections de dimanche, ou encore s’ils mèneront isolés la bataille. Dans la circonscription du Liban-Nord I, les machines électorales sont prêtes depuis un certain temps pour le grand jour. Bureaux électoraux, délégués, voitures, moyens de communication… Tout est là. Dimanche prochain, 7 000 téléphones portables seront probablement utilisés. Un record a déjà été battu dans la zone : au Akkar, à Denniyé et à Bécharré, plus de 800 000 portraits ont été affichés. Et le rôle des clefs électorales prend de plus en plus d’ampleur. Comme une saison… Comme les programmes électoraux et les projets politiques manquent, c’est sur les services que les candidats misent pour être élus. Ils déploient surtout leurs efforts au Akkar, car le poids des votants de ce caza est deux fois plus important que celui de Denniyé et de Bécharré rassemblés. Un président de conseil municipal du Akkar, qui a requis l’anonymat, rapporte que «les élections dans la région sont comparables à une saison que tous les habitants attendent pour bénéficier de services privés et publics, notamment asphalter des routes, construire des murs de soutènement, mettre en place des canalisations d’eau…». «Si le gouvernement assuraient ces services essentiels, les électeurs voteraient plus librement», ajoute-t-il. Les habitants aussi témoignent. Khaled el-Ali indique qu’avec les 12 membres de sa famille, ils voteront pour le candidat qui a asphalté la route menant à leur maison. Percée il y a 12 ans, à l’occasion des préparatifs aux élections, cette voie vient seulement d’être recouverte de bitume. Élias Khalil a un fils malade, mais il manque de moyens pour lui assurer des soins. C’est le bureau électoral d’un candidat qui a fourni les sommes nécessaires. En retour, toute la famille devrait choisir le «bon candidat». Depuis un certain temps au Akkar, les bureaux électoraux poussent comme des champignons. Dans chaque bureau, un comité spécial a été formé : il traite des demandes que les électeurs pourraient formuler. Pour être élu, les candidats n’ont qu’à tenir leurs promesses… avant d’arriver au Parlement.