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Actualités - ANALYSE

Risques accrus de dérive politique post-électorale

Le spectacle électoral, que Bkerké qualifie d’avilissant, atteint un tel degré de dégradation qu’on se demande avec inquiétude quel sort attend le pays politique après le scrutin, quels qu’en soient les vainqueurs. Navré par cet étalage sans précédent, un ancien ministre note que «le Liban va être le seul vrai perdant de l’affrontement en cours. Comment pourra-t-on ensuite le réunifier, comment fera-t-on pour panser les plaies qu’il est en train de subir. Les divisions ont dépassé toute borne. Il va y avoir fatalement un camp vainqueur et un camp vaincu qui resteront irréconciliables. Les listes du pouvoir et de l’opposition se livrent une lutte sans merci, qui va finalement briser le peu de forces que ce malheureux garde encore sur le plan politique». Mais, peut-on objecter, il est souvent arrivé que le pouvoir s’immisce d’une manière flagrante dans les élections pour imposer une majorité parlementaire à sa botte. L’État, le système, les institutions n’en ont pas été liquidés pour autant. À ce rappel, l’ancien ministre réplique que «l’épreuve de force mettait en présence jadis deux lignes, deux options distinctes, mais toutes deux nationales. Les interférences étrangères se limitaient alors à un plafond assez raisonnable et ne mettaient pas vraiment en cause l’autonomie de décision locale. Il s’agissait pour ainsi dire d’un coup de pouce donné à l’un ou à l’autre camp, sans plus. Alors qu’aujourd’hui, à quelques rares exceptions près, ce sont les tenants d’une même ombrelle extérieure qui se dressent les uns contre les autres, en n’hésitant pas à faire jouer la fibre confessionnelle ainsi que tous les thèmes susceptibles de mobiliser la rue. Le risque de discorde communautaire se fait plus pressant de jour en jour. Et en tout cas, nous entrons manifestement dans une sphère de turbulences et de déstabilisation politique, peut-être même sécuritaire. On ne doit pas négliger non plus la différence qu’il y a dans la situation territoriale, dans ce sens qu’Israël n’était pas une menace directe à la frontière sud et que la Syrie n’était pas présente militairement à l’intérieur. De ce fait les divisions locales peuvent prendre une tournure dangereuse et permettre que ce pays serve encore une fois de lice pour les guerres des autres. D’autre part, il n’y avait pas de crise socio-économique criante comme de notre temps et ce thème, si crucial, n’était pas démagogiquement exploité comme aujourd’hui à des fins électorales. Le commerce, le travail allaient leur petit bonhomme de chemin sans rapport avec la situation politique et du même coup la monnaie nationale ne se retrouvait pas en péril à cause de la campagne. Sans compter le danger évident, à l’heure actuelle, d’une prochaine crise grave du pouvoir. Car si les élections devaient déboucher sur la désignation d’un Premier ministre avec lequel le président de la République ne pourrait pas s’accorder, ce serait le blocage. On sait en effet, comme l’expérience l’a montré sous M. Hraoui, que la Constitution ne prévoit aucune solution dans un tel cas de figure. Mais même en supposant qu’un pacte de cohabitation soit conclu, il y a fort à parier qu’il ne tiendrait pas longtemps la route car chacun voudrait détenir la plus grosse part du pouvoir réel. Par ailleurs si la présidence de la République intervient pour que la majorité parlementaire ne choisisse pas comme Premier ministre le chef de file en question, il semble tout aussi évident que le pays irait à une déroute socio-économique catastrophique. Car le gouvernement qui serait formé de la sorte n’inspirerait de confiance ni à la population libanaise ni aux investisseurs ou aux pays donateurs étrangers. Il pourrait y avoir alors une «révolution des affamés» et une éventuelle répression ne ferait que précipiter le pays dans l’abîme». Et de conclure en soulignant que «si les protagonistes persistent dans la ligne d’affrontement dur qu’ils ont adopté, le Liban plongerait dans une misère noire. Et il perdrait finalement tout espoir de rejoindre la démocratie ou de recouvrer son indépendance, sa liberté, son autonomie de décision, sa véritable intégrité territoriale et sa souveraineté». Il convient de noter que cette opinion, qui n’est pas très éloignée de celle du patriarche Sfeir, est partagée par nombre d’ambassadeurs arabes et occidentaux accrédités à Beyrouth. Ces diplomates se disent étonnés, voire agacés «d’entendre les candidats échanger des insultes, au lieu de plaider des programmes politiques ou socio-économiques cohérents, alors que ce pays est en pleines difficultés sur tous ces plans».
Le spectacle électoral, que Bkerké qualifie d’avilissant, atteint un tel degré de dégradation qu’on se demande avec inquiétude quel sort attend le pays politique après le scrutin, quels qu’en soient les vainqueurs. Navré par cet étalage sans précédent, un ancien ministre note que «le Liban va être le seul vrai perdant de l’affrontement en cours. Comment pourra-t-on...