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Actualités - ANALYSE

Les débordements commencent à inquiéter sérieusement le pouvoir

Sans nier que certains dirigeants et certains ministres y ont leur part de responsabilité, un cadre sécuritaire fustige «ce dépotoir infect, ce linge sale que la caste politique ne cesse de laver en famille, ces débordements haineux qui commencent à enflammer la rue, en y provoquant de bien inquiétants incidents. Il est urgent que l’on se retienne, et c’est au camp loyaliste de donner l’exemple. Sans quoi l’escalade peut conduire à une explosion dont les séquelles continueraient à se faire sentir bien après les élections. Pour le moment, l’essentiel est de calmer le jeu à titre de prévention sécuritaire car aucun enjeu ne vaut la peine qu’il y ait des victimes, surtout innocentes, et des blessés. L’effort d’apaisement, qui constitue pour le pouvoir un devoir absolu, implique que l’on mette de côté les plaintes en justice, y compris celles qui émanent du personnel étatique. Quand la tension sera retombée, après les élections, on verra s’il est nécessaire d’y donner suite et d’ouvrir des instructions». Ce sage, qui représente sans doute une denrée rare dans les rouages concernés par la situation électorale, ajoute que «la priorité des priorités reste de conforter la sécurité, de ne pas tomber dans le panneau des provocateurs qui cherchent à pêcher en eau trouble et à discréditer le pouvoir. Car des élections entachées par des événements sanglants, c’est encore pire que des élections taxées de fraude, pour l’image de marque de l’État et de ses tenants». Cette personnalité reproche ensuite aux responsables civils «de n’avoir rien fait pour réfuter les accusations lancées au Sud devant plus de 4 000 personnes par M. Najah Wakim, accusations d’abus que les gens prennent pour argent comptant et qui alimentent la fièvre malsaine dont souffre le pays». La diatribe du parlementaire, rappelons-le, était axée sur les brûlots suivants : – Les alliances sont cuisinées par les services de renseignements, on ne sait à quel prix. – Un responsable sécuritaire a engrangé de la saison électorale, jusqu’à samedi dernier, plus de 13 millions de dollars ainsi qu’une villa et une ferme. – Il existe des copies de chèques prouvant qu’il y a des dessous-de-table, de la corruption électorale. – Un candidat déterminé a consacré jusqu’à présent, dans ce pays d’affamés, quelque 150 millions de dollars à la campagne électorale. – L’État, les services, la justice savent tout cela. Mais ne bougent pas car c’est la même tente qui abrite tout ce monde. Et la source citée de reprendre : «Comme jadis, lorsque M. Nabih Berry évoquait les concussions couvertes par la troïka, le parquet n’est pas intervenu pour interroger M. Wakim sur ses graves accusations. La justice n’a pas cherché à savoir qui est le responsable aux 13 millions de dollars, alors qu’elle est pénalement tenue de vérifier la véracité de telles charges et d’appréhender le cas échéant le cadre impliqué. De même, les responsables n’ont pas pris la peine de répondre à M. Wakim, de lui demander ses preuves ou de le citer à comparaître. Aucun signe d’enquête non plus de la part des services que le ministre de l’Intérieur a chargés de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’achat de voix». Faisant écho à ces remarques, un politicien rappelle que «qui ne dit mot consent : en principe, tout candidat battu aux élections pourrait par la suite en demander l’invalidation au titre d’irrégularités en se fondant sur les propos non démentis de M. Wakim. Le laisser-aller est tel qu’un candidat du Nord, M. Mohammed Safadi, a pu reconnaître publiquement qu’il a dépensé pour Tripoli depuis 1985 près de 25 millions de dollars et qu’il est disposé à en faire autant dans les cinq prochaines années, pour peu qu’on l’élise». Le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, M. Chaker Abousleiman, précise que les dispositions prévues à l’article 68 de la loi électorale ont besoin d’être clarifiées, pour que l’on sache ce que le législateur entend au juste par l’expression «information politique électorale» et savoir où elle s’arrête et où commence la publicité électorale. Toujours est-il qu’un responsable, commentant les critiques susmentionnées, affirme que «l’État ne se mêle pas des élections. Il s’efforce d’en assurer la régularité et la liberté. La sécurité est, bien entendu, une ligne rouge que l’État ne laissera personne franchir. Quant aux accusations de M. Wakim et d’autres, le parquet va s’en charger. Lors de la dernière réunion hebdomadaire des services de sécurité, tenue en présence du procureur général, il a été décidé que le parquet intervienne pour mettre un terme aux débordements de certains. Après les élections, ceux qui ont lancé des accusations seront convoqués pour fournir leurs preuves et des enquêtes seront lancées». Et de laisser entendre qu’une action menée dès à présent serait sans doute exploitée par les opposants et présentée comme une immixtion de plus du pouvoir.
Sans nier que certains dirigeants et certains ministres y ont leur part de responsabilité, un cadre sécuritaire fustige «ce dépotoir infect, ce linge sale que la caste politique ne cesse de laver en famille, ces débordements haineux qui commencent à enflammer la rue, en y provoquant de bien inquiétants incidents. Il est urgent que l’on se retienne, et c’est au camp loyaliste...