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Actualités - ANALYSE

La démocratie est en régression, accusent des vétérans

Selon des politiciens blanchis sous le harnais «un simple coup d’œil comparatif sur les élections d’aujourd’hui et d’antan permet de constater combien le sens de la démocratie a régressé dans ce pays. Certes, elle n’y a jamais été parfaite. Mais au moins les forces vives du pays politique avaient leur mot à dire. Il y avait des partis, des blocs, des leaders authentiquement représentatifs. Au fil des années, les grandes figures se sont estompées, pour céder la place à un personnel parlementaire monochrome dont les discours, aussi creux qu’uniformes, traduisent la médiocrité intellectuelle ou politique. Ce rabaissement de plafond a été sans aucun doute délibérément orchestré, pour ne laisser filtrer que des moutons de Panurge aveuglément dociles à la voix de leur maître extérieur». Après avoir noté que les quelques exceptions de valeur se trouvent étouffées dans ce magma, ou même contraintes à se retirer de la course, ces anciens rappellent qu’au tout début «l’élan vers un système évolutif de partis semblait bien donner. En effet, deux grands courants, le Bloc national et le Destour, dominaient la scène, dans un mouvement de balancier équilibré. Ils étaient animés de principes et d’objectifs opposés. Mais leur conflit était d’ordre politique, et non pas confessionnel. Chacun d’eux recrutait dans toutes les communautés du pays. L’électeur portait son choix sur l’une ou l’autre liste, en fonction de ses idées et ne se souciait qu’assez peu de la personne des candidats. On ne pouvait alors ni l’intimider, ni le corrompre car il savait que ses intérêts véritables ne pouvaient être servis qu’à travers une ligne politique déterminée». C’est là, sans doute, une vision idéalisée du passé. Mais ces nostalgiques ne se trompent pas quand ils se souviennent «que les militants ou les politiquement engagés supportaient tout, parfois l’oppression, les coups et la prison, pour leur cause». Il n’est toutefois pas certain que, sur ce point, cela ait beaucoup changé. Mais, disent ces sources «avant l’argent, les services particuliers comptaient beaucoup moins et ce n’était pas sur de tels facteurs qu’on misait pour asseoir une influence politique. Dès lors, les parlementaires pouvaient s’occuper plus largement de vraie politique que de démarcher les ministères au profit de leurs électeurs en quête d’un poste ou d’un avantage quelconque». Au plan des équilibres et des pouvoirs, «le courant politique général qui remportait les élections prenait le pouvoir et les trois présidences, tandis que le perdant assumait un rôle d’opposition vigilante». Cependant, l’histoire le dit, ce bipolarisme approximatif n’a pas duré longtemps. Dès le début des années cinquante, ajoutent ces mémorialistes, «les formations politiques se sont multipliées, tandis que de nouvelles personnalités politiques faisaient leur apparition sur l’avant-scène. Des listes de tendances variées ont vu le jour, en concurrence avec les grandes coalitions inspirées par les deux courants principaux précités. Le pouvoir n’avait qu’une marge de manœuvre limitée dans la constitution des listes, car ses tentatives d’immixtion se fracassaient sur des partis ou des leaders trop populaires pour n’être pas blindés. Les dirigeants devaient donc non pas diriger les coalitions mais y participer comme d’autres joueurs, avec un minime avantage d’influence qui leur permettait de passer des accords avec certains partis ou pôles. Mais très souvent ce sont les listes des opposants qui l’emportaient face aux éléments loyalistes. Aujourd’hui, les partis sont pratiquement effrités. Le pouvoir, le vrai pouvoir, s’engouffre dans la brèche et c’est lui qui mène le bal, un peu partout. Ceux qui tentent de faire front sont généralement voués à la défaite. Ou même obligés, comme on le voit beaucoup ces jours-ci, de déclarer forfait et de renoncer à concourir. Même s’ils sont notoirement plus populaires que d’autres, sinon plus valables. Le plus grave dans l’affaire, regrettent ces vétérans, c’est que la compétition entre les listes se trouve régie par de dangereuses considérations confessionnelles, tribales ou claniques, la politique, au sens national du terme, passant au second plan. Dès lors l’électeur ne se sent pas proche de l’enjeu, qui ne l’intéresse plus que par son côté spectacle ou par le profit particulier, tout à fait occasionnel, qu’il peut en retirer. Dans leur ensemble cependant, les Libanais peuvent constater, aux discours qui leur sont tenus, que les protagonistes ne se soucient pas du tout des vrais problèmes du pays, de la crise socio-économique ou des développements régionaux. C’est là la preuve indubitable que le sens de la démocratie se perd au Liban».
Selon des politiciens blanchis sous le harnais «un simple coup d’œil comparatif sur les élections d’aujourd’hui et d’antan permet de constater combien le sens de la démocratie a régressé dans ce pays. Certes, elle n’y a jamais été parfaite. Mais au moins les forces vives du pays politique avaient leur mot à dire. Il y avait des partis, des blocs, des leaders...