La nausée

La vulgarité : le défaut de celui ou de ce qui est vulgaire. Grossier. Oui mais c’est quoi vulgaire ? Il y a le latin vulgaire. Explication : c’est le latin parlé à basse époque et qui a donné naissance aux différentes langues romanes. Sauf que ça, tout le monde s’en fout. On n’entend plus le latin vulgaire dans les travées du Parlement, place de l’Étoile. Vulgaire, c’est aussi quelque chose qui appartient à la langue courante, pas scientifique. Explication : sorex, ou soricis, en vulgaire, c’est tout simplement une souris. Sauf que ça, tout le monde s’en fout. Aussi. Personne ne dit, aujourd’hui, j’ai attrapé, dans les couloirs du Parlement, place de l’Étoile, une sorex avec un bout de gruyère et une tapette. Vulgaire, c’est encore une personne quelconque, qui ne dépasse pas le niveau moyen. Explication : ce monsieur est un vulgaire docteur. Un vulgaire sportif. Un vulgaire avocat. Etc. Sauf que ça, tout le monde s’en fout. Les trois quarts des députés au Parlement, place de l’Étoile, sont de vulgaires etc. Vulgaires, ce sont surtout les mots de certains responsables et de leurs colistiers, leur hargne. Leur bave. Leurs viol(ation)s répété(e)s de l’État de droit. De la démocratie. De l’éthique la plus élémentaire. De la justice. De l’élégance – ça c’est clair, ça serait trop leur demander. Explication : ce «député du Metn-Nord est un complexé, il a besoin d’une thérapie clinique, il est obnubilé par ses idées fixes». Ou bien, celui-là «déraille parce qu’il est atteint d’une blessure à la tête», «Il faut tuer le serpent dans l’œuf»... Sauf que là, plus personne ne s’en fout. 3 000 000 – ou presque – de Libanais en sont tellement désolés, désillusionnés, dégoûtés, que ça frôle l’épidémie générale. Cela s’appelle la nausée. La nausée.