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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Plus que la rime masculine de ménopause Le Dr Kamal Hanash : l'andropause, une réalité biologique

Ils ont des sautes d’humeur, des angoisses et un sentiment de mal-être. Comme «elles», à comprendre les femmes qui vivent la période de la ménopause. «Les hommes sont de Mars et les femmes de Vénus», dit un livre célèbre qui démontre que les descendants d’Adam pensent et s’expriment différemment que les descendantes d’Ève. Sur le plan purement biologique, les choses sont autres, car à présent, les travaux des experts en la matière convergent vers le fait qu’à un certain âge, certains hommes subissent à l’instar des femmes des transformations qui influent sur leur physique et leur comportement psychologique. Et, récemment, congrès et séminaires se suivent sans se ressembler pour analyser ce phénomène qui porte à controverse. Les médias aussi braquent les feux sur l’andropause, après avoir fait de même pour la ménopause. Jusqu’à présent, l’andropause était un terme vague, sujet à des interprétations nébuleuses, imprécises et souvent fantaisistes. Qu’est-ce qui a provoqué cette récente approche scientifique ? Nous avons posé cette question au Dr Kamal Hanash, éminent urologue libanais qui a fait carrière aux États-Unis, où il a également enseigné à la faculté de médecine de l’Université de Georgetown. À son actif aussi, plusieurs ouvrages médicaux. Actuellement, tout en étant à la tête du département d’urologie au King Faysal Specialist Hospital and Research Center de Ryad, il continue à approfondir ce problème d’une brûlante actualité. – «Dans le temps, explique-t-il, on attribuait à l’âge plusieurs changements physiques et psychologiques que subissaient les hommes après la cinquantaine. Ces effets étaient acceptés comme accompagnant la vieillesse. Depuis quelques années, les congrès médicaux internationaux se sont arrêtés sur les travaux de recherches d’experts ayant relevé que ces symptômes pouvaient être attribués à une déficience de l’hormone masculine, la testostérone et d’autres hormones, telles la DHEA, la DHEAS et même des hormones de croissance. Ces dernières, comme on le sait, commencent à diminuer après trente ans». «Une expérimentation sur un petit groupe, ajoute le Dr Hanash, a révélé qu’après avoir reçu les hormones manquantes, les personnes ainsi traitées ne souffraient plus des troubles ressentis auparavant. Il a été démontré, par la suite, qu’en cas de diminution des hormones, 60 % des hommes cessent d’avoir des activités et des désirs sexuels après l’âge de 60 ans». L’andropause rebaptisée « Adam » À noter que dans le dictionnaire, le mot andropause est défini «comme la diminution de l’activité sexuelle chez l’homme à partir d’un certain âge». Vu le caractère approximatif de cette terminologie, on lui a préféré l’appellation «Adam», qui porte en elle sa propre signification... «S’il n’y a pas de trouble hormonal, il n’y a pas, précise le Dr Hanash, ralentissement de la vie sexuelle, c’est pour cela que l’andropause a été renommée Adam (Androgen Decline in Aging Male) ou déficience hormonale chez l’homme âgé. D’après des études effectuées aux États-Unis, au Canada et en Arabie séoudite, il s’est avéré que 10 % des hommes de plus de 50 ans et 20 % des hommes de plus de 60 ans avaient les symptômes d’Adam». – Quels sont les symptômes de « Adam » – «La diminution du désir et des troubles sexuels, ostéoporose, atrophie musculaire, embonpoint, chute de cheveux, dépression, angoisse, sautes d’humeur, misanthropie». – Sur quoi porte la controverse ? – «Il y a ceux qui affirment que c’est le manque d’activité sexuelle qui provoque le manque d’hormones, la dépression et le stress, répond le Dr Hanash. De même que certaines maladies, tel le diabète. Et il y a ceux qui soutiennent que l’abaissement du taux d’hormones conduit graduellement aux symptômes d’Adam. La différence avec la femme c’est que la ménopause arrive soudain alors que chez les hommes, les symptômes d’Adam progressent graduellement et peuvent s’échelonner sur plusieurs années. C’est pour cette raison que l’on a mis du temps à cerner le problème». – Comment effectuer un diagnostic précis ? «On fait un examen de sang pour évaluer les trois différentes formes de la testostérone, dont la plus agissante est celle nommée «free». Si, après examen répété, on note toujours une déficience hormonale, on administre le traitement». – En quoi consiste le traitement ? «Il consiste à pallier le manque d’hormones d’une manière physiologique. Aujourd’hui, on privilégie l’application tous les soirs de “patch”, qui garantit un apport constant, alors que les injections d’hormones haussent rapidement leur taux et l’abaissent aussi rapidement. Un gel vient d’être mis au point et doit être bientôt mis sur le marché. Il sera aussi bénéfique que le “patch”. Les patients doivent subir un contrôle tous les trois mois, destiné à régulariser les doses du médicament. Ne peuvent suivre ce traitement les personnes souffrant d’une hypertrophie de la prostate, d’un cancer de la prostate et d’une hyper-coagulation du sang». – Après le traitement ? – «On a enregistré des réponses positives chez 70 % des personnes ayant reçu cette médication. Leurs différents malaises disparaissent, ils retrouvent une seconde jeunesse et leur activité sexuelle». On est bien loin du temps où Georges Brassens ironisait sur «l’andropause» dans une de ses chansons portant ce titre et où il disait notamment : «Aux quatre coins de France, émanant je suppose – De maris rancuniers par la haine conduits – Le bruit court que j’atteins l’heure de l’andropause. Qu’il ne faut plus compter sur moi dans le déduit».
Ils ont des sautes d’humeur, des angoisses et un sentiment de mal-être. Comme «elles», à comprendre les femmes qui vivent la période de la ménopause. «Les hommes sont de Mars et les femmes de Vénus», dit un livre célèbre qui démontre que les descendants d’Adam pensent et s’expriment différemment que les descendantes d’Ève. Sur le plan purement biologique, les...