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Actualités - ANALYSE

Bataille serrée en perspective dans plus d'une région

Des politiciens, aux vues assez larges, estiment que le pouvoir, «à part le choix si important déjà du découpage des circonscriptions, reste tout à fait dans les normes moralement ou légalement admises quand il s’entremet pour favoriser des listes de coalitions regroupant les éléments forts d’une circonscription. Il évite ainsi au pays d’inutiles secousses puisque ces figures de proue, opposées ou alliées, seraient également élues». «Du même coup, relèvent ces professionnels, le pouvoir infléchit au moins la moitié des résultats. Et cela sans devoir s’immiscer abusivement dans les opérations électorales, surtout le jour du scrutin. La triche, la fraude, les cartes électorales falsifiées, les listes d’électeurs tronquées, les urnes subtilisées ou substituées en l’absence de scrutateurs des candidats, tout cela n’aurait plus lieu d’être. Les autorités auraient assuré le succès de leurs poulains par le biais des alliances ou des parachutages, sans encourir le risque de se voir accuser d’irrégularités». Mais alors, les jeux sont faits ? «Presque, répond cette source, car dans un bon nombre de circonscriptions, il va y avoir une bataille serrée. – Tout d’abord, dans les régions où l’on a obligé des forces antonymes à s’allier artificiellement, elles vont quand même se livrer une compétition d’influence serrée. Sans se court-circuiter ostensiblement, ces formations vont se livrer un bras de fer pour les scores. C’est à qui voudra montrer qu’il a obtenu plus de voix que le partenaire. C’est probablement ce qui va se produire dans les circonscriptions où Amal et le Hezbollah font équipe en vitrine et se combattent en coulisses. Il en irait également de la sorte dans la Békaa-Ouest où les résultats obtenus pourraient se traduire par la suite en postes gratifiants, ministériels ou autres. – Les listes préfabriquées se trouvent de ce fait même affaiblies, l’opinion n’aimant pas beaucoup qu’on lui impose ses choix. Ces listes peuvent donc être combattues avec succès par des outsiders qui les perceraient dans des proportions assez remarquables, comme ce fut le cas dans plusieurs régions en 1996. Les listes deuxièmes ou troisièmes, même incomplètes, vont donc aller au feu sans hésiter, le panachage étant pour l’électeur libanais une habitude quasi sacrée, qui tient de son attachement à sa liberté. De plus, on ne doit pas oublier que l’électeur est soucieux d’être effectivement représenté à la Chambre, ce qui l’amène à sanctionner les parachutages». Cette personnalité note par ailleurs qu’il existe «certains risques politiques plus ou moins graves liés aux prochaines élections. – D’abord, il pourrait y avoir de lourdes surprises. Des pôles réputés invincibles, des locomotives qui forment un peu partout des listes pourraient chuter. On se souvient du précédent de 1957 quand Saëb Salam, Ahmed el-Assad et Kamal Joumblatt avaient été évincés, ce qui avait conduit aux événements de 1958. Tout comme cette année-là, les vaincus du scrutin pourraient par la suite se regrouper pour former un fort front d’opposition. S’il le veut vraiment, le pouvoir peut toujours, en utilisant ce qu’on appelle “les colis” (des paquets de voix préparés d’avance) faire tomber ses adversaires ou faire percer leurs listes. Il faut espérer qu’il n’aura pas recours à cette pratique. Car le climat politique s’en trouverait durablement empoisonné. – Ensuite, en voulant trop bien faire, le pouvoir risque paradoxalement de paraître mal promouvoir la démocratie. Il a en effet décrété que seule la carte électorale personnalisée permet de voter. Pour juguler la triche, c’est très bien. Mais pour assurer une bonne affluence aux urnes, c’est assez mauvais. Car plus de la moitié des électeurs n’ont pas pris leur carte et ce pour s’éviter une harassante corvée bureaucratique ; et ce système favorise trop l’abstentionnisme. Le taux de participation pourrait se révéler dérisoire et l’on entendra dire alors que les Libanais ont boudé les élections parce qu’elles n’étaient pas très régulières». «Cependant, indique encore cette source, un autre paradoxe veut que les opposants tiennent autant que les officiels à un fort taux de participation. Ils pensent en effet qu’en mobilisant l’électorat, ils pourront entrer assez nombreux à la Chambre pour y initier une réforme en profondeur». Chacun est libre de rêver. Et il faut d’ailleurs reconnaître qu’il vaut mieux militer pour le changement par les urnes plutôt que par la violence.
Des politiciens, aux vues assez larges, estiment que le pouvoir, «à part le choix si important déjà du découpage des circonscriptions, reste tout à fait dans les normes moralement ou légalement admises quand il s’entremet pour favoriser des listes de coalitions regroupant les éléments forts d’une circonscription. Il évite ainsi au pays d’inutiles secousses puisque ces...