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Actualités - ANALYSE

Les élections, une diversion pour masquer la faillite du gouvernement

C’est au plus bas de sa cote que le gouvernement doit affronter l’échéance des prochaines législatives. Les fréquentes pannes de secteur et le rationnement sévère du courant électrique ne sont pas sans rappeler les pires moments de la guerre, sans que l’Inspection centrale, à qui l’enquête a été confiée, se décide à identifier le responsable. L’eau courante, quand elle est distribuée, ne parvient à l’abonné qu’au compte-gouttes et certaines régions du pays en sont même privées plusieurs jours consécutifs. Le Libanais moyen, dont le maigre salaire suffit à peine à subvenir à ses frais immédiats, se voit obligé de payer deux factures supplémentaires : l’une aux propriétaires de générateurs privés et l’autre aux propriétaires des camions-citernes spécialisés dans le transport de l’eau. Cela, sans parler du prix des bouteilles d’eau minérale. Entre-temps, ce même Libanais moyen entend parler, conférences de presse à l’appui, de l’installation de nouveaux générateurs coûtant plus de 400 millions de dollars américains au Trésor, et du forage de nombreux puits artésiens pour assurer la distribution de l’eau. L’Office des eaux (ah! ce pluriel...) attribue la responsabilité de la distribution déficiente aux fréquentes coupures d’électricité et la direction de l’Électricité accuse tantôt les raids israéliens, qui ont bon dos, et tantôt la vague de chaleur et d’humidité qui sévit au Liban – ailleurs aussi... Un gouvernement à la hauteur des responsabilités aurait rameuté le ban et l’arrière-ban de ses fonctionnaires et techniciens militaires pour réparer les pannes le plus rapidement possible. Un pareil gouvernement aurait ordonné une enquête sur les coupures d’eau pour savoir si l’eau n’est pas déviée au profit de certains projets agricoles, contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le Libanais moyen se demande, les choses étant ce qu’elles sont, comment son pays pourrait être une terre de tourisme et d’estivage. Il se demande également si, une fois élus, les candidats loyalistes continueront d’accorder leur confiance à un gouvernement qui a contribué à accroître le nombre de pauvres et de chômeurs, contraint les jeunes à l’exil, réduit le revenu individuel moyen au tiers de sa valeur et arrêté le Produit intérieur brut (PIB) au niveau auquel il se trouvait en 1974. Le gouvernement s’est trompé en s’imaginant que les élections législatives pourraient distraire les gens de leurs problèmes quotidiens, surtout que les électeurs potentiels savent pertinemment que les listes qui sont actuellement concoctées ne serviront qu’à faire élire quelques députés dont les noms sont connus d’avance et que leurs voix ne bénéficient par conséquent d’aucun pouvoir de changement. Les conflits politiques exacerbés risquent de transformer les prochaines législatives en une arène de règlements de comptes, risquant même d’entraîner des confrontations armées dans certaines régions, et, au lieu de servir de tremplin à une véritable entente nationale, elles pourraient bien devenir une source de dissensions internes. Le président de la République lui-même commence à ressentir le fardeau que représente l’actuel gouvernement du fait de ses échecs constants. N’étaient-ce les élections, il n’aurait sans doute pas hésité à désigner un autre Premier ministre. De leur côté, les candidats loyalistes n’ont aucune raison de défendre un gouvernement responsable de la situation actuelle, car cela n’aboutirait, en définitive, qu’à servir les intérêts des candidats opposants. Certains milieux politiques estiment qu’il devient nécessaire d’assainir l’atmosphère électorale à travers la composition de listes de coalition dans les régions où cela demeure possible, surtout que les résultats sont connus d’avance. La formation de telles listes est susceptible d’éviter au pays des surenchères pouvant mener au réveil des vieilles dissensions intercommunautaires et interconfessionnelles et donc à l’affaiblissement du front interne face à Israël. Même au détriment d’une démocratie véritable, le Libanais moyen ne se sent pas concerné outre mesure par les élections et leurs résultats. Ce qui lui importe surtout, c’est de voir émerger un gouvernement digne de confiance et susceptible d’apporter des remèdes à ses problèmes quotidiens. Il pourrait s’agir d’un gouvernement de coalition qui renforcerait cette confiance, ou d’un gouvernement d’union nationale au cas où un ministère monochrome ne se sentirait pas capable de faire face aux prochaines échéances. Les circonstances ne se prêtent pas aux règlements de compte et aux vengeances personnelles, et le pays n’est pas en mesure de supporter les rivalités et les querelles intestines.
C’est au plus bas de sa cote que le gouvernement doit affronter l’échéance des prochaines législatives. Les fréquentes pannes de secteur et le rationnement sévère du courant électrique ne sont pas sans rappeler les pires moments de la guerre, sans que l’Inspection centrale, à qui l’enquête a été confiée, se décide à identifier le responsable. L’eau courante,...