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Actualités - ANALYSE

Confrontation animée avec Roed-Larsen en perspective Le Liban n'est pas disposé à fermer les yeux sur les empiètements

Les autorités libanaises, dit un officiel, attendent M. Terjé Roed-Larsen de pied ferme. Vendredi, lors de la confrontation qu’il doit avoir à Baabda avec les présidents, l’envoyé de M. Annan devra s’expliquer sur la question des violations frontalières israéliennes. Qui ne sont toujours pas gommées, malgré les promesses d’Ehud Barak. Les dirigeants locaux poseront une question simple : que compte faire l’Onu, exactement ? Le Conseil de sécurité va-t-il réagir sans tarder à la mauvaise volonté manifeste de l’État hébreu ? Ou bien va-t-on laisser traîner indéfiniment les tractations, ce qui retarderait l’homologation du retrait et par voie de conséquence, le déploiement de la Finul ? Le responsable cité souligne que la position du Liban, fondée sur le droit, ne changera pas d’un iota. Il estime que ce pays a déjà fait montre de beaucoup de souplesse, en acceptant que les Casques bleus contrôlent, jusqu’à la conclusion de la paix, les sites qui surplombent les kibboutzim de la Galilée et qu’Israël prétend dangereux. Et d’ajouter qu’aux termes de la 425, la confirmation du retrait israélien n’est pas du ressort du Liban mais de l’Onu, qui doit dès lors assumer ses responsabilités. Interrogée sur le déploiement de l’armée, cette personnalité répond que la sécurité de la population à l’intérieur est une des priorités du pouvoir, mais qu’à la frontière le maintien de l’ordre doit être assuré par les forces internationales. L’armée se trouve d’ailleurs déjà au Sud et ses effectifs comme son équipement excèdent ce qui était prévu dans la convention d’armistice de 1949, affirme ce responsable. Qui répète que pour le fond, nul ne peut dicter au gouvernement libanais la composition des forces qu’il utilise sur son territoire pour y assurer la sécurité. En ce qui a trait à la convention d’armistice, ce dirigeant partage l’avis de M. Nabih Berry qui juge ce traité obsolète. En outre, selon le responsable, une éventuelle réunion de la commission d’armistice mixte regroupant le Liban, l’État hébreu et l’Onu ferait tactiquement le jeu des Israéliens qui cherchent à entraîner les Libanais dans n’importe quelle forme de négociations. Le Liban, indique également cette personnalité, n’a pas intérêt à s’impliquer dans la sourde lutte d’influence opposant, après le retrait, les Français aux Américains. À l’en croire en effet, les Français veulent conforter la commission internationale des accords d’avril 96 comme instance de recours et récusent la commission d’armistice de 1949 dont ils ne font pas partie. Alors que les Américains souhaitent réhabiliter la convention d’armistice, notamment pour garder Paris hors du coup. Pour esquiver ces tiraillements, le Liban ferait bien, selon la source officielle citée, de renvoyer Français et Américains dos à dos en supprimant les deux commissions, de 1996 comme de 1949. Et en se contentant d’en référer au coup par coup au Conseil de sécurité de l’Onu, en cas d’incidents frontaliers. Cela, jusqu’à la conclusion d’une paix régionale. Une paix, ajoute le responsable libanais, qu’Israël ne serait pas pressé de conclure une fois la sécurité de ses frontières avec ses voisins solidement établie. Par voie de conséquence, et cet officiel local n’hésite pas à le dire, l’intérêt commande que la stabilité frontalière reste précaire... Mais jusqu’où peut-on aller, et dans quelle mesure peut-on jouer avec le feu ? C’est là toute la question. Et pour le moment, elle ne se pose pas vraiment, car la situation est calme. Ce qui est du reste une condition nécessaire si l’on veut que les pays donateurs ou contributeurs, appelés à se réunir bientôt, enclenchent la reconstruction du Sud, que le Liban n’a pas les moyens d’assumer seul. D’où cette conclusion paradoxale : alors qu’au nom du jumelage, pour faire pression en faveur du Golan, certains responsables libanais estiment qu’il faut laisser ouverte l’option de l’effervescence au Sud, Israël pourrait bien prendre les devants dans ce sens. Pour torpiller le forum de la reconstruction. Et pour obtenir le déploiement de l’armée au Sud, ainsi que la réhabilitation de la convention d’armistice de 1949. À ce propos, le point de vue israélien est développé dans le Haaretz par l’influent commentateur militaire Zeev Scheef, qui écrit en substance : «Cette convention est le seul traité confirmé entre les deux États. Il est temps de le faire revivre, en l’adaptant aux nouvelles données, pour empêcher les actions militaires, y comprises celles de forces irrégulières, provenant du pays voisin». Les USA, répétons-le, partagent ce point de vue. Ils lient leur assistance au déploiement de l’armée et pourraient également faire pression pour la réactivation de la convention d’armistice, en exigeant le désarmement de la Résistance libanaise, Hezbollah en tête, avant le forum des donateurs. Mais les autorités locales affirment qu’il est hors de question de se plier aux conditions posées, même si le forum devait s’en trouver annulé.
Les autorités libanaises, dit un officiel, attendent M. Terjé Roed-Larsen de pied ferme. Vendredi, lors de la confrontation qu’il doit avoir à Baabda avec les présidents, l’envoyé de M. Annan devra s’expliquer sur la question des violations frontalières israéliennes. Qui ne sont toujours pas gommées, malgré les promesses d’Ehud Barak. Les dirigeants locaux poseront une...