Opposition Marche de solidarité avec Amine Gemayel à Bickfaya(photo)

Opposition Marche de solidarité avec Amine Gemayel à Bickfaya Une foule nombreuse est descendue dans les rues de Bickfaya hier pour soutenir l’ancien président de la République Amine Gemayel, à qui on avait «conseillé» mercredi dernier de ne pas regagner le Liban pour la deuxième fois en l’espace de deux ans. En présence des deux fils de l’ancien président, de Mme Solange Gemayel et de ses deux enfants, l’ancien chef de l’État s’est adressé par téléphone aux sympathisants du parti Kataëb, relayé ensuite par son fils Pierre, candidat aux prochaines législatives au Metn-Nord. Une marche a ensuite été organisée à travers Bickfaya. Contacté par L’Orient-Le Jour, M. Pierre Amine Gemayel a affirmé que le but de cette marche était de «déposer une bougie sur le tombeau de Pierre Gemayel, un des pères de l’indépendance, une manière symbolique de protester contre l’interdiction faite au président Gemayel de rentrer à Beyrouth». Son frère Sami a pour sa part déclaré que cette action s’intégrait dans le cadre du combat mené pour le retour de son père. «Ils veulent empêcher le président Amine Gemayel de rentrer au pays», a-t-il indiqué. «Mais nous continuerons à nous battre jusqu’à ce qu’il revienne», a-t-il insisté. Dès 9h00 du matin, la foule, portant des drapeaux libanais et du parti Kataëb et des photos d’Amine et de Béchir Gemayel, s’est rassemblée au domicile de cheikh Pierre Gemayel, en présence de MM. Pierre et Sami Gemayel, fils de l’ancien président, et de Mme Solange Gemayel, veuve du président Béchir Gemayel, accompagnée de ses deux enfants Youmna et Nadim. Signe de cohésion au sein de la famille pour dénoncer la décision des autorités libanaises, Nadim Béchir Gemayel et Pierre Amine Gemayel se sont tenus les bras, poings levés vers le ciel. Joint par téléphone, le président Gemayel a affirmé à ses partisans que «la lutte continue pour assurer un avenir meilleur à nos enfants, dans le style du Liban que nous avons connu, pays de la liberté, de la dignité et de la souveraineté». «Ce rassemblement est un acte de foi dans le Liban, la démocratie, la souveraineté, la liberté et la dignité. Malgré les difficultés et les défis, nous continuerons la marche pour réaliser les idées défendues par Pierre et Béchir Gemayel», a-t-il ajouté. Le fils du président, M. Pierre Gemayel, s’est ensuite adressé à la foule, affirmant : «Si certains croient qu’en nous exilant, ils éliminent notre présence, ils se trompent. Nous demeurons, et demandons à l’État d’assumer ses responsabilités et d’œuvrer pour le retour d’Amine Gemayel au Liban». «Nous n’accepterons plus désormais l’affirmation selon laquelle il est interdit au président Gemayel de regagner le Liban», a-t-il souligné. En soirée, M. Pierre Gemayel s’est à nouveau adressé à ses partisans. «Nous savons qui éloigne le citoyen et craint la vérité. Cheikh Pierre Gemayel disait la vérité, Béchir est mort en la défendant et ils ont peur d’Amine parce qu’il leur dit la vérité», a-t-il déclaré. «Cela est le véritable siège du parti Kataëb et je vous appelle à vous y rendre régulièrement désormais pour ressusciter le Liban», a-t-il conclu. Les manifestants ont ensuite essayé de se rendre au mémorial dédié à Pierre Gemayel à Bickfaya mais devant le déploiement imposant des forces de l’ordre, il se sont repliés sur le cimetière familial où ils ont allumé des bougies sur le tombeau de Pierre et de Béchir Gemayel. Signalons que M. Pierre Gemayel a été reçu au Sérail par le Premier ministre Sélim Hoss qu’il a remercié pour son attitude dans cette affaire. Rappelons que le Premier ministre avait réclamé l’ouverture d’une enquête. Par ailleurs, l’affaire Gemayel a suscité diverses réactions dans les milieux politiques et le ministre de la Justice, Joseph Chaoul, a dénoncé le comportement adopté à l’égard de M. Amine Gemayel, «aussi bien en tant qu’ancien président de la République qu’en tant que citoyen libanais». «À ma connaissance, il n’est pas poursuivi en justice, et ce genre de comportement porte atteinte au Liban, à sa réputation et à la crédibilité de son système judiciaire», a affirmé M. Chaoul. Le député Boutros Harb a de son côté réclamé l’ouverture d’une enquête au sujet de cette affaire. Faisant part de son étonnement face à l’interdiction faite au président Gemayel de retourner à Beyrouth, M. Harb a estimé que cette initiative «s’oppose aux pratiques démocratiques, à l’essence du système politique libanais et au respect des libertés publiques consacrés par la Constitution, notamment la liberté d’opinion, même si cet avis n’est pas celui de ceux qui sont au pouvoir». Il a estimé que l’attitude des autorités libanaises dans cette affaire était «inacceptable, parce qu’elle facilite la destruction de ce qui reste du système démocratique (...) et de la réputation du Liban en tant que pays de libertés (...)». Enfin, les Forces libanaises ont estimé, dans un communiqué, que cette affaire montrait combien le Liban «était loin, à l’heure actuelle, de l’État de droit».