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Actualités - REPORTAGES

Concert - L'Orchestre symphonique national libanais au palais de L'Unesco Grâce, rigueur et lyrisme

Grande affluence pour l’un des derniers concerts de la saison offert aux mélomanes par l’Orchestre symphonique national libanais (au dynamisme appréciable) placé sous la houlette de Walid Gholmieh. Donné au palais de l’Unesco, ce concert dédié à la mémoire d’Alexis Boutros alliait la grâce de la musique de Mozart, la rigueur de Bach et les envolées lyriques de Beethoven. Au menu, trois œuvres différemment belles du génie de Salzbourg, du Kantor de Leipzig et de l’auteur de la sonate à Kreutzer. Ouverture en trois mouvements (allegro-andante-presto) avec un divertimento (en D majeur) de Mozart. Enchantement (c’est le cas de le dire !) d’un authentique «divertissement» (là aussi très juste désignation) car cette musique aux raffinements multiples et aux subtilités perceptibles appartient au style galant de la fin du XVIIIe siècle alliant avec bonheur joie primesautière et grâce d’une écriture maîtrisée et au tracé rigoureux. Ici, on retrouve avec plaisir et un certain ravissement la source secrète de la narration d’une Eine Kleine Nacht Musik où sont dominés avec une étonnante aisance l’enrubannement un peu rococo de mélodies flottant sur un accompagnement d’accords rompus. Facilité d’un style décoratif pour complaire à l’aristocratie salzbourgeoise, notamment cet archevêque à qui semble être dédiée cette œuvre aux fioritures pourtant délicieuses ? Peut-être, mais avec Mozart la musique est un constant jaillissement et elle demeure sans nul doute plénitude et émerveillement à celui qui sait bien l’écouter... Dialogue des violons et de l’orchestre Passage à vif au concerto pour deux violons (en d mineur) et orchestre de J-S Bach, avec à l’archet les solistes Michel Khairallah et Hagop Esmerian. Trois mouvements (vivace-largo-allegro) pour dire la beauté et les secrets d’une narration baroque où toutefois les violons ne manquent guère d’indépendance et entreprennent avec l’orchestre un discours plein d’interrogations. Discours aux dialogues animés, associant avec dextérité timbres et thèmes où affleurent un sens de l’élévation, parfois certaines humeurs méditatives et grands éclats de deux archets admirablement inspirés et d’une très noble éloquence. En seconde partie, la symphonie N° 6, dite la Pastorale en fa majeur de Beethoven et que les mélomanes ont pu applaudir cet hiver même au Festival d’al-Bustan. Belle reprise pour savourer ces idylliques et bucoliques tableaux sonores et aussi peut-être l’occasion de comparer deux versions aux sensibilités et à l’exécution bien différentes. On est là plus devant une confidence qu’une description de la nature. On retrouve dans le deuxième mouvement la fraîcheur du bruit d’un ruisseau, on s’arrête devant les roucoulades d’un rossignol (modulations de la flûte), on tend l’oreille pour capter le cri de la caille (les trilles du hautbois), on sourit devant les tendres appels du coucou (surprenante clarinette)... L’orage et ses brefs grondements habitent le troisième mouvement mais tout cela n’est qu’évocation successive et impressions d’un promeneur solitaire. Bien sûr, Rousseau aurait certainement retrouvé ses mots sur ces notes au lyrisme oscillant entre confiance, allégresse et crainte. Mais tout finit par rentrer dans l’ordre et le chant des pâtres est comme un signe annonciateur de la paix des hommes. «Expression du sentiment plutôt que peinture», dit le titre de la pastorale, et Beethoven ajoute pour lui-même : «Tout spectacle perd à vouloir être reproduit fidèlement dans une composition musicale». Il est vrai qu’exprimer n’est pas décrire et c’est cette «suggestion» de randonnée dans la nature que nous écoutons dans cette symphonie aux premières lueurs du romantisme. Applaudissements nourris d’un public un peu trop enthousiaste au départ (mais qui s’est assagi par la suite) et qui par cette dernière prestation abandonne un peu Beyrouth avant de prendre d’assaut les festivals en dehors de la capitale où sont probablement les plus importants rendez-vous de l’été.
Grande affluence pour l’un des derniers concerts de la saison offert aux mélomanes par l’Orchestre symphonique national libanais (au dynamisme appréciable) placé sous la houlette de Walid Gholmieh. Donné au palais de l’Unesco, ce concert dédié à la mémoire d’Alexis Boutros alliait la grâce de la musique de Mozart, la rigueur de Bach et les envolées lyriques de Beethoven. Au...