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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Transplantation - Une première au Moyen-Orient à l'Hôtel-Dieu Couper un foie en deux pour sauver une vie : un donneur vivant au secours de sa soeur (photos)

«Ma sœur m’est très chère. Je ne pouvais l’abandonner à une mort certaine. J’ai décidé que nous mourrons ensemble ou vivrons ensemble». C’est en ces termes que Ghazi Khalil (25 ans) a raconté hier sa courageuse décision de subir une intervention chirurgicale et de donner la moitié de son foie à sa sœur Oumayma, une jeune infirmière de 22 ans. Celle-ci a été hospitalisée le 15 mai dernier à l’Hôtel-Dieu pour une hépatite-B fulminante qui risquait d’être fatale. L’opération chirurgicale qui a été pratiquée, et qui a été couronnée de succès, est une première au Moyen-Orient : la greffe d’une moitié de foie prélevée chez un donneur vivant et en bonne santé pour sauver la vie d’une malade. Une conférence de presse a été donnée à cette occasion à l’Hôtel-Dieu par le père Jean Ducruet, président du conseil d’administration de l’Hôtel-Dieu, M. Joseph Otayek, directeur général de l’hôpital, le Dr Raymond Sayegh, directeur aux affaires médicales, le Dr Roger Noun, le chirurgien qui a réalisé la greffe, le Dr César Yaghi, hépatologue et réanimateur (les trois médecins étaient chargés du cas de la patiente), le général Sélim Debiane, commandant aux affaires médicales militaires, sans oublier Ghazi et Oumayma eux-mêmes. Le Pr Jacques Belghitti, spécialiste de l’Hôpital Beaujon à Paris, qui avait effectué le prélèvement, avec le concours du Dr Bassam Abboud, n’a pu être présent. C’est donc le 15 mai qu’Oumayma avait été admise à l’Hôtel-Dieu dans un état critique. Elle était atteinte d’une hépatite-B fulminante, une inflammation du foie dont la mortalité «s’élève généralement à 80 %, et passe à 95 % devant une aggravation de l’état neurologique», explique M. Otayek. Il ajoute : «Le seul traitement admis dans ce type de cas est une transplantation hépatique (greffe du foie) en extrême urgence». Interrogé sur l’hépatite-B fulminante, le Dr Yaghi précise qu’elle est transmissible par le sang (d’où le danger d’exposition des infirmières). C’est un cas rare d’hépatite-B particulièrement virulent qui se présente chez un sur dix mille patients atteints de ce virus. Ces cas se caractérisent par une dégradation rapide du foie et des nerfs, et requièrent un traitement d’urgence. L’Hôtel-Dieu a donc, devant le cas d’Oumayma, tenté de trouver un donneur pour l’opérer, sans résultat. L’unique choix était donc d’avoir recours à un donneur vivant adulte. Le frère et les six sœurs d’Oumayma se sont portés volontaires, mais c’est sur Ghazi que le choix médical a porté. Opération à risques «Le prélèvement sur donneur vivant est une technique récente développée au Japon, introduite en France il y a deux ans, et actuellement en cours d’introduction aux États-Unis, poursuit M. Otayek. Malgré son attrait indéniable (...) elle présente un double risque. Pour le donneur, le risque est vital. Il est en effet lié à la scission d’un organe hautement vascularisé – le foie – chez une personne en bonne santé et qui donc n’aurait pas dû, a priori, subir de chirurgie ni prendre de risque. Pour le receveur, le risque réside dans la complexité de l’implantation d’un greffon au volume réduit par rapport aux organes cadavériques utilisés dans les transplantations classiques, puisqu’il s’agit d’un demi-foie». M. Otayek a précisé que les deux opérations simultanées avaient duré douze heures. Le Dr Noun a expliqué la procédure de l’opération, s’aidant de diapositives. Il a précisé que le foie du donneur a retrouvé sa taille trois semaines plus tard, et que même celui de la receveuse a augmenté de volume. Une telle opération coûte dans les 70 mille dollars en moyenne. Les frais de celle d’Oumayma, infirmière à l’hôpital militaire, ont été entièrement couverts par l’armée. Le général Debiane a déclaré que, dès qu’il a su la nouvelle, il a appelé le commandant en chef de l’armée «dont la décision a été prompte». «Nous nous trouvions face à une situation humanitaire qui nous concerne à deux niveaux : d’une part, il s’agissait de sauver une personne, et d’autre part, nous connaissons Oumayma de par son travail», a-t-il ajouté. M. Khalil a tenu à remercier l’armée et l’équipe de l’Hôtel-Dieu. Oumayma, en réponse à une question, a précisé, avec un sourire, qu’elle se sentait bien «comme si je n’avais pas subi d’intervention chirurgicale». Enfin, le Dr Sayegh a souligné que «la réussite d’une telle opération est celle de toute une équipe». Il a ajouté : «La transplantation d’organes a atteint un niveau très évolué au Liban. Le problème demeure de trouver des organes et d’encourager les gens à donner ceux de leurs proches cliniquement morts, même si cela est douloureux. Les donneurs vivants doivent arriver en dernier recours. Le second problème reste celui du financement». L’évolution technologique et l’amour d’un frère ont sauvé Oumayma d’une situation critique et ouvert une voie nouvelle à d’autres malades qui auraient été condamnés, il n’y a pas si longtemps de cela.
«Ma sœur m’est très chère. Je ne pouvais l’abandonner à une mort certaine. J’ai décidé que nous mourrons ensemble ou vivrons ensemble». C’est en ces termes que Ghazi Khalil (25 ans) a raconté hier sa courageuse décision de subir une intervention chirurgicale et de donner la moitié de son foie à sa sœur Oumayma, une jeune infirmière de 22 ans. Celle-ci a été hospitalisée...