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Actualités - ANALYSE

Législatives - Chaude bataille Joumblatt - Arslane en perspective A Aley-Baabda s'entrechoquent deux grands leaderships

Un mois et demi après la libération, un mois et demi avant les législatives, le pays commence à entrer en transe. Les amateurs de sensations fortes peuvent se frotter les mains : dans deux ou trois régions naguère ternes à cause de coalitions imposées, la bataille s’annonce chaude cette année. C’est que les décideurs ont décidé qu’à l’exception du Sud et de la Békaa, zones stratégiques où Amal et le Hezbollah sont condamnés à s’entendre, on laisserait cette fois libre cours à l’esprit de compétition des seigneuries locales. Aussitôt, chacun revient à son obsession : être le plus fort, dominer sans partage, soit une région, soit sa propre communauté. Ou à tout le moins, tenir la dragée haute au rival d’en face. Ainsi, au Nord, le vieux clivage Karamé-Frangié reprend corps, l’ancien président du Conseil songeant à s’allier aux Moawad et le jeune ministre à Hariri, via Mikati. Mais dans cette circonscription, géographiquement, chacun reste chez soi, sur le littoral ou en hauteur. Tandis qu’à Aley-Baabda, les forces électorales en présence se meuvent sur un même terrain et risquent de s’entrechoquer rudement. On sait en effet que l’alliance Joumblatt-Arslane des précédentes éditions de 92 et de 96 tombe maintenant à l’eau. Le bras de fer est quasi certain, des amis communs s’efforçant toutefois, mais sans trop d’espoir, de recoller les plâtres entre les deux cousins. Il est peu probable en effet, qu’à moins d’une médiation pressante de Damas, le chef du PSP fasse machine arrière. Il a déjà, comme on sait, abattu ses cartes et annoncé dans son fief direct, le Chouf, une liste dont il exclut l’éternel Zaher el-Khatib, jusque-là toujours demandé par les influents «amis communs», pour prendre comme colistier sunnite un haririen pur jus, Mohammed Hajjar. Talal Arslane a riposté en proclamant que sa liste à Aley-Baabda et celle qu’il soutient au Chouf sont maintenant closes, ce qui écarte en principe l’hypothèse d’un accord avec Joumblatt. La tension commence à monter et des incidents sont déjà signalés épisodiquement dans plus d’une localité de montagne. L’initiative de M. Joumblatt, il faut le souligner, a constitué une surprise pour plus d’un. En effet, on pensait qu’après sa rencontre à Anjar avec l’officier traitant syrien du dossier libanais, le général Ghazi Kanaan, le leader druze allait reconduire M. el-Khatib sur sa liste. On pensait de même que la période de tiédeur relationnelle entre Moukhtara et Damas était terminée, que les malentendus avaient été dissipés. La visite de M. Joumblatt au général Kanaan avait été interprétée comme une tentative de rapprochement qui serait certainement couronnée de succès, à l’ombre d’une politique syrienne de main tendue à toutes les parties libanaises. Mais il est rapidement apparu, notamment à travers les propos tenus ultérieurement par M. Joumblatt, que les relations restaient tendues et que rien n’avait été vraiment arrangé. Le leader du PSP a ainsi largué M. el-Khatib, au sujet duquel il avait d’ailleurs à maintes reprises précisé qu’il lui était demandé par la direction syrienne, indication qui a sans doute agacé Damas. Aujourd’hui, M. Joumblatt répète à qui veut l’entendre qu’il n’est pas question pour lui de s’allier avec M. el-Khatib et que si Damas devait l’en prier, il préférerait encore abandonner la politique et retirer sa candidature. Tout cela, c’est évident, fait les affaires du clan arslanien où l’on estime que l’incompréhension actuelle entre M. Joumblatt et les décideurs devrait porter ces derniers à aider ses adversaires. Toujours est-il qu’après la libération, le PSP annonce son alliance avec le courant haririen dans toutes les régions, ainsi qu’avec le Bloc national et avec le PNL. Il ne semble donc pas qu’il doive y avoir une coalition PSP-Amal-Hezbollah-Waad (d’Élie Hobeika) en montagne. M. Joumblatt manifeste son intention de se rapprocher plutôt du camp de l’Est, comme le prouvent sa visite au patriarche Sfeir et ses déclarations.C’est que l’électorat chrétien au Chouf est travaillé contre M. Joumblatt par l’influent Nagi Boustani qui s’apprête à former une liste soutenue par les arslaniens. L’épreuve de force à Aley-Baabda paraît si inéluctable que M. Amid Baroudi a renoncé à s’y porter candidat pour le siège grec-orthodoxe. Son père, M. Ahed Baroudi, s’était entremis vainement pour réconcilier MM. Joumblatt et Arslane, afin de les amener à former une liste de coalition où il y aurait place pour son fils. Quant aux rapports électoraux de M. Joumblatt avec Amal et avec le Hezbollah, ils se trouvent dans l’impasse à cause de M. Anouar el-Khalil. Les deux formations chiites soutiennent en effet ce ministre dans la région de Hasbaya, alors que M. Joumblatt veut le combattre par M. Sélim Kheireddine.
Un mois et demi après la libération, un mois et demi avant les législatives, le pays commence à entrer en transe. Les amateurs de sensations fortes peuvent se frotter les mains : dans deux ou trois régions naguère ternes à cause de coalitions imposées, la bataille s’annonce chaude cette année. C’est que les décideurs ont décidé qu’à l’exception du Sud et de la Békaa, zones...