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Actualités - CHRONOLOGIE

Assistance - Le Conseil des ministres exameine aujourd'hui un plan de 1.2 milliard de dollars Saïdi tente d'apporter un peu d'espoir économique au Sud (photo)

Dans le Sud, l’euphorie de la libération a cédé le pas aux problèmes quotidiens, bien concrets. Au passage de Kfar Tebnit, les embouteillages monstres sont déjà relégués au chapitre des souvenirs. Une route tout nouvellement asphaltée mène vers le château de Beaufort, devenu un monument comme un autre, ou presque. Quelques camions surgis de nulle part témoignent d’un début d’activité, mais dans les villages de l’ancienne zone occupée, la plupart des boutiques sont fermées, les volets des maisons, clos. «Nous avons toujours été en marge du développement du pays. Nous avons souffert de l’occupation. Aujourd’hui, nous voulons enfin connaître le goût de la reconnaissance. Nous voulons des emplois. Des emplois avant tout, pour que la nouvelle génération ait un avenir». À Hasbaya, le visage de Farès, menuisier, s’éclaire d’un sourire lorsqu’il voit arriver le ministre de l’Économie du Commerce et de l’Industrie, Nasser Saïdi. Comme les rares Libanais qui sont restés dans cette région, malgré l’occupation, il veut avant tout espérer. Et c’est un peu de baume au cœur qu’a souhaité apporter le ministre, au cours d’une tournée hier dans le Sud. Accompagné d’un convoi d’une quinzaine de voitures, il est allé présenter à la population le plan d’action du gouvernement pour «une zone qui est enfin revenue dans le giron de l’État». Porte-voix en guise de micro dans la salle de Marjeyoun, estrade mal éclairée devant une salle à moitié vide à Bint-Jbeil, pas de micro du tout à Hasbaya malgré l’affluence des cheikhs et des gens du village… le caractère rudimentaire de la visite symbolise mieux que tous les mots le retard accumulé à tous les niveaux. Un milliard deux cents millions de dollars. C’est le premier élément de réponse du ministre. Le Conseil des ministres examine aujourd’hui le plan quinquennal proposé par le CDR pour satisfaire le plus rapidement possible les besoins prioritaires de la région. Ce programme porte principalement sur la reconstruction des infrastructures, comme l’eau, le téléphone, l’électricité, les routes, les égouts… «C’est un premier coup de pouce, mais le développement de la région nécessite davantage. Il faut créer des entreprises et des emplois pour inciter la population à revenir», a déclaré M. Saïdi. Incitations fiscales Le ministre a détaillé deux types d’incitations, fiscales et financières. La première est un projet de loi prévoyant d’exempter d’impôts sur le revenu pendant six ans toute entreprise qui s’installera dans le Sud au cours des trois prochaines années. Afin de ne pas défavoriser les sociétés déjà en place, tout nouvel investissement réalisé dans la région donnera droit, à hauteur de 60 %, à un avoir fiscal courant sur six ans, pour l’impôt sur le revenu. Les incitations financières prennent essentiellement la forme de prêts subventionnés. Il s’agit par exemple des 30 millions d’euros proposés par la Banque européenne d’investissement pour financer les petites et moyennes entreprises industrielles. Ces enveloppes ne sont pas spécifiquement adressées au Sud, mais les projets qui s’y créent peuvent en profiter. La Banque du Liban a par ailleurs autorisé chaque banque à ouvrir trois succursales dans le Sud, même si elles ne remplissent pas les conditions requises d’ordinaire, a rappelé le ministre Saïdi. Cette mesure est destinée à développer le réseau bancaire dans la région qui ne compte que deux établissements, et permettre à la population d’accéder aux divers types de crédits proposés. Au cours de sa visite, le ministre a présenté chacun des membres de la délégation, représentants d’institutions locales ou internationales, comme Dimitris Kourkoulas pour l’Union européenne et John Wetter pour la Banque mondiale, qui ont présenté leurs programmes respectifs : crédit logement, garantie des crédits, études statistiques… «Je ne suis candidat à rien, je viens juste examiner avec vous vos besoins», a tenu à préciser le ministre à ses interlocuteurs. Car, dans le regard des habitants de Rmeich, Hasbaya ou Bint-Jbeil subsistent des doutes : beaucoup de délégations se sont succédé chez eux depuis quelques semaines, apportant toutes des promesses. Ils attendent les gestes concrets. «Celui qui vit à Naqoura ou sous une tente à Abbassiyé réclame autant d’égards que celui qui est originaire d’Antélias», résume Mgr Élias Kfoury à l’oreille de Saïdi, dans le salon de l’évêché de Marjeyoun. À Bint-Jbeil, le vendeur d’appareils électroménagers de la place affiche la même circonspection. Les affaires ont nettement repris depuis la fin de l’occupation, assure-t-il, tout en servant ses clients. Ils viennent des villages alentour et même de Saïda et Tyr, car ses prix sont devenus compétitifs. «Avant je me fournissais chez des grossistes qui passaient en fraude de la marchandise israélienne et les vendaient à prix fort. Désormais, ce sont les commerçants de Beyrouth qui nous font des rabais pour mettre un pied sur le marché». Rusé, il a déjà trouvé le bon filon : revendre dans la capitale ce qu’il obtient à bon prix dans le Sud. Mais l’heure n’est pas encore aux grands projets, dit-il, attendant d’en savoir plus sur la situation politique et sécuritaire dans la région.
Dans le Sud, l’euphorie de la libération a cédé le pas aux problèmes quotidiens, bien concrets. Au passage de Kfar Tebnit, les embouteillages monstres sont déjà relégués au chapitre des souvenirs. Une route tout nouvellement asphaltée mène vers le château de Beaufort, devenu un monument comme un autre, ou presque. Quelques camions surgis de nulle part témoignent d’un début...