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Actualités - ANALYSE

Administration - La réforme reste un mirage Le projet de fusion des ministères se fixe des objectifs plutôt modestes

Fusionner des ministères ou des offices autonomes et des conseils, en supprimer certains, créer un conseil supérieur ou un ministère du Plan : tel est, justement, le plan mis en place par l’actuel Cabinet de technocrates dans le but louable de régénérer l’Administration. Mais de toute évidence, ce projet n’est pas suffisant pour nettoyer les écuries d’Augias et pour doter le pays de cet instrument administratif efficient nécessaire au redressement économique. Honnêtement, l’un des ministres concernés avoue que «le programme élaboré ne prétend pas régler le problème endémique d’une Administration archaïque anarchique, pléthorique, lourde, bureaucratique et largement pourrie. Toute notre ambition se limite pour le moment à faciliter certains trains de formalités et à en rendre le coût moins élevé pour l’usager comme pour le contribuable. Le Trésor également y gagnera, en crédits épargnés et en réduction de ces empiètements de prérogatives, qui, sur le terrain, se traduisent souvent par une double dépense. Il est évident par ailleurs que le rendement global sera amélioré dans la mesure où le travail, mieux centralisé, sera plus cohérent». De son côté, un professionnel relève que la réforme administrative revêt une tout autre ampleur que le raccord cosmétique envisagé à travers le projet de fusion des ministères. Selon ce spécialiste, «quatre conditions sont nécessaires pour réhabiliter vraiment l’Administration libanaise : – D’abord, l’épuration. Il faut que les pourris, qui sont le ver dans le fruit, soient impitoyablement traqués et saqués. C’est un thème connu, mais complexe. Il est impératif de lâcher la bride sur le cou des organismes de contrôle, comme l’Inspection centrale, le Conseil de la fonction publique et la Cour des comptes, pour qu’ils remettent de l’ordre dans la maison. – Ensuite, l’élagation et la redistribution rationnelle du personnel. C’est-à-dire qu’il faut larguer sans hésiter tous les poids morts, toutes les bouches que l’État nourrit à ne rien faire et qui sont légion. Il faut ensuite voir quelles administrations accusent un excédent d’effectifs, car il y en a, pour en faire profiter celles qui souffrent d’un déficit, ce qui est le cas le plus fréquent. Mais ce point également est très complexe. Car dans un pays infortuné, sortant de guerre, l’État-employeur joue un rôle social majeur, et il faut en tenir quand même compte. Tout est dans la touche, tout est dans le dosage et en tout cas, les bras que l’on garderait devraient être utilisés, le parasitisme devant disparaître. Dans le même ordre d’idées, on veillera à récompenser les fonctionnaires méritants et à sanctionner les défaillants, suivant la politique de la carotte et du bâton. – Puis la simplification. Nul n’ignore que les formalités sont trop touffues et qu’il est grand temps de tout remettre à plat, en profitant de l’informatisation des services. Dernièrement, le gouvernement en place s’est aperçu que la vérification de la faisabilité d’un projet, à travers les avis des départements concernés, prenait 18 mois pleins, le dossier mettant quatre semaines pour aller d’un directeur à un chef de service et quatre autres semaines pour revenir sur la table du ministre consultant ! Après ce constat, le gouvernement a chargé la Direction des recherches d’établir un rapport sur les moyens à mettre en œuvre pour abréger le parcours et, d’une manière plus générale, pour faciliter les formalités. – Enfin, la dépolitisation de l’Administration, c’est-à-dire la neutralisation des immixtions de politiciens qui parachutent des hommes à eux ou bombardent les bureaux de demandes de services et de pistons». Mais en pratique, c’est demander là l’impossible. Surtout à un moment où l’on entend affirmer de tout côté que le règne des technocrates est terminé et que le prochain gouvernement sera politique.
Fusionner des ministères ou des offices autonomes et des conseils, en supprimer certains, créer un conseil supérieur ou un ministère du Plan : tel est, justement, le plan mis en place par l’actuel Cabinet de technocrates dans le but louable de régénérer l’Administration. Mais de toute évidence, ce projet n’est pas suffisant pour nettoyer les écuries d’Augias et pour...