Commémoration - Une foule immense au quarantième de Raymond Eddé Aucune décision encore du BN sur sa participation aux élections (photo)

Des milliers de partisans de l’ancien Amid du Bloc national (BN), Raymond Eddé, ont assisté hier à la messe célébrée pour le quarantième de sa mort, en la cathédrale Saint-Jean à Jbeil. La question d’une éventuelle participation du BN aux prochaines élections législatives a été évoquée en filigrane en cette circonstance. Ainsi, le discours de l’actuel Amid du BN, M. Carlos Eddé, a été interrompu à plusieurs reprises par des partisans qui le poussaient à présenter sa candidature. Il n’a cependant pas tranché la question, déclarant qu’une réponse serait donnée en temps dû. Par ailleurs, Mgr Béchara Rahi, évêque maronite de Jbeil, a appelé implicitement dans son sermon les chrétiens à participer à la bataille électorale, évoquant les recommandations de l’Exhortation apostolique concernant le rôle des chrétiens dans la vie politique. À l’instar des funérailles du Amid, cette messe de requiem revêtait davantage un caractère populaire que purement officiel, une foule immense venant de Jbeil et d’ailleurs s’étant regroupée sur le parvis de l’église et dans les rues dès dix heures. On pouvait observer, dans les rues, des bannières avec des slogans à la gloire du Amid défunt. Aucune invitation n’avait été envoyée aux officiels, et ceux qui étaient présents se trouvaient là par une initiative personnelle. Plusieurs personnalités étaient présentes, notamment Hussein Husseini, ancien chef du Parlement, Rafic Hariri, ancien président du Conseil, les anciens ministres Michel Eddé, Walid Joumblatt, Albert Moukheiber, Farès Boueiz, et Fouad Naffah, les députés Nohad Souaid, Émile Naufal, Mahmoud Awad, Camille Ziadé, Habib Hakim, Élias el-Khazen, Sayed Akl, Mansour el-Bone et Rochaïd el-Khazen, les anciens députés Michel Khoury, Fouad Saad, ainsi que Dory Chamoun, chef du Parti national libéral, Mounir Hajj, président du parti Kataëb, Georges Hawi, président du conseil national du Parti communiste, Khalil Nasreddine, caïmacam de Jbeil, ainsi que d’autres personnalités politiques, diplomatiques et syndicales. Par ailleurs, des sources bien informées au sein du parti ont indiqué que le comité exécutif devait se réunir aujourd’hui à 17h30, sous la présidence de M. Eddé, au siège du parti à Saïfi. Une nouvelle stratégie de travail devrait être mise au point, basée sur une extension des contacts du parti dans les différentes régions. Des sources proches du secrétaire général du parti, Ibrahim Stephan, ont souligné que toutes les possibilités devaient être envisagées, sans exclure celle de la participation aux élections. En ce qui concerne les déclarations de M. Carlos Eddé sur son attachement à Jbeil, ces mêmes sources en ont déduit que le Amid se présenterait probablement dans cette ville, s’il décidait de se lancer dans la bataille. Toujours selon ces mêmes sources, il est indispensable que le parti continue de rassembler les informations, de poursuivre les contacts autant avec la base populaire qu’avec les autorités, et de suivre de près les événements afin de s’assurer si l’éventualité d’un report des élections existe. Rahi pour une participation des chrétiens Dans son sermon prononcé hier alors qu’il présidait la messe de requiem, Mgr Rahi a évoqué les qualités du Amid défunt, Raymond Eddé, «un fils de l’Église qui a répandu son message dans sa vie en tant qu’avocat, leader, parlementaire ou homme d’État». Parlant de l’héritage politique laissé par Raymond Eddé au nouveau Amid, il a rappelé les mots de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II : «Il est du droit des chrétiens et de leur devoir de participer à la vie politique pour le bien public (…) Ils n’ont pas le droit, quelles que soient les difficultés et les accusations qu’ils portent contre les ministres, les parlementaires et la classe dirigeante, de se laisser aller au doute et de s’absenter de la scène nationale.» Abordant la question des attentes et des espoirs des Libanais, Mgr Rahi a déclaré : «Le leadership politique national souffre d’un manque. La souveraineté nationale complète doit être accomplie par des héros. La démocratie libanaise, un message dans cette région du monde, attend ceux qui croient en elle, malgré les vents violents du totalitarisme, de l’autocratie et de la dictature qui se cachent derrière des faux airs de démocratie». Et de conclure que «la politique est un art difficile que seul peut manier celui qui croit en sa cause et qui est prêt à l’exercer». Pour sa part, M. Eddé a rappelé l’amour que son oncle, Raymond Eddé, portait à Jbeil, assurant qu’il partageait cette opinion et était «attaché à mes racines». Abordant l’épineuse question de l’éventuelle participation du parti aux élections législatives, il a ajouté : «Depuis la mort de mon oncle, j’entends les mêmes questions et les mêmes conseils : quels sont tes plans ? Participeras-tu aux élections ? Le cas échéant, il serait préférable que tu te présentes dans telle ou telle région, ou alors que tu boycottes tout simplement les élections… Je leur répondrai avec les mots que mon oncle me disait : Carlos… tout doucement… les raisins se mangent un grain à la fois». M. Eddé a par ailleurs précisé que sa priorité était la restructuration et le développement du parti, et qu’une position claire concernant les élections serait annoncée en temps dû. Après la messe, M. Eddé a reçu les condoléances en compagnie de M. Michel Eddé, de M. Ibrahim Stephan ainsi que des membres de la famille et du parti.