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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Les donnes semblent profondément modifiées Sommet arabe en perspective sur l'initiative du Caire

On a beau parler de continuité, la disparition d’un géant comme Hafez el-Assad modifie immédiatement les donnes dans la région. Le climat d’ensemble s’en ressent autant que la dimension des acteurs présents sur scène. Dans ce cadre précis, des sources diplomatiques prévoient que le Raïs égyptien, le président Hosni Moubarak, va tenter incessamment de se mettre en valeur. En organisant un sommet arabe, élargi ou restreint, dont il serait le chef d’orchestre. Le double prétexte est tout trouvé : un replâtrage de la solidarité arabe dans la perspective d’une prochaine reprise des pourparlers régionaux ; et l’occasion offerte au nouveau maître de la Syrie, Bachar el-Assad, de concrétiser son vœu d’établir d’excellentes relations avec tous les gouvernants arabes, même avec Yasser Arafat. On sait du reste que le président Moubarak, qui a un goût prononcé pour le rôle de pater familias, a tenté à plus d’une reprise de réunir ses pairs arabes en une conférence de réconciliation généralisée. Il a notamment déployé, mais sans succès, de constants efforts pour rabibocher Hafez el-Assad et Yasser Arafat. Le chef de l’État syrien a toujours refusé de rencontrer un homme coupable à ses yeux d’avoir trahi la cause commune et l’ancien Front de résistance en concluant, dans son dos, un accord de paix avec l’ennemi. Le président Assad soutenait qu’Arafat n’était redevenu partisan d’un sommet arabe pouvant le renflouer que lorsqu’il eut compris que les Israéliens l’avaient dupé. Le président Moubarak a eu beau insister auprès de Damas, en faisant valoir qu’un sommet servirait la solidarité arabe tout entière, le président Assad a continué à refuser de rencontrer Arafat, même dans le cadre d’une conférence multilatérale. Ce rejet catégorique avait du reste suscité une détérioration sensible de ses relations avec le médiateur égyptien. La Jordanie était intervenue à son tour, mais n’avait pas plus réussi que Moubarak à amener Assad à assouplir sa position. Aujourd’hui que le président syrien n’est plus, on reparle volontiers d’un sommet arabe. Avec un optimisme tel qu’il est même question d’en faire une réunion cyclique régulière, dotée d’un agenda fixé d’avance, comme c’est le cas pour les réunions du Conseil de la Ligue, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ou de la Conférence des pays islamiques. En tout cas, à Beyrouth, des sources diplomatiques voient un net signe de détente et un succès diplomatique pour Moubarak, dans le fait que ce dernier a pu se faire accompagner à Damas par Arafat, pour les condoléances à Bachar el-Assad. Ces sources estiment du reste qu’un sommet arabe est nécessaire dans tous les cas de figure. Si le blocage du processus de paix se confirme, il faudra, soulignent-elles, trouver une réponse arabe adéquate. Et si les pourparlers reprennent, il faudra jeter les bases d’une position unifiée dans la perspective de la paix régionale à venir. Cependant, pour le moment, les indices négatifs semblent, à leur avis, l’emporter. D’une part, l’Administration US est en partance et il n’y a aucune raison objective que les protagonistes lui fassent un cadeau d’adieu de la taille d’un accord de paix qu’elle ne pourrait pas garantir. D’autre part, Ehud Barak, en butte à de graves problèmes politiques intérieurs, ne se trouve pas en position de négocier sur le fond, ni avec les Syriens ni avec les Palestiniens. Enfin, il est peu probable que la Syrie, qui est en période de transition, puisse se consacrer avant quelques mois au processus de paix. Il reste que, selon ces sources diplomatiques, les Arabes peuvent mettre utilement à profit la phase intermédiaire en organisant un sommet entre eux. Cela leur permettrait de prendre ensemble des résolutions dont chacun, isolé, n’est pas en mesure d’assumer les conséquences. En unifiant leurs rangs, ils pourraient par exemple, ajoutent ces diplomates, décider de couper court à tout processus de normalisation avec l’État hébreu tant que la paix générale n’est pas conclue. Et d’user de diverses pressions, comme le rétablissement d’un boycott généralisé d’Israël, le soutien à une reprise de l’intifada ou de la résistance armée.
On a beau parler de continuité, la disparition d’un géant comme Hafez el-Assad modifie immédiatement les donnes dans la région. Le climat d’ensemble s’en ressent autant que la dimension des acteurs présents sur scène. Dans ce cadre précis, des sources diplomatiques prévoient que le Raïs égyptien, le président Hosni Moubarak, va tenter incessamment de se mettre en...