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Actualités - ANALYSE

Présence syrienne - Le retrait tributaire d'un consensus intérieur Nouvelles précisions sur la position de Bkerké

Le cardinal Sfeir confirme, dans un entretien avec La Croix, qu’il souhaite le retrait de l’armée syrienne, pour que ce pays recouvre sa pleine souveraineté. La levée de boucliers que ces propos provoquent est «pour nous un sujet d’étonnement, car cette prise de position n’a absolument rien de nouveau», déclare un dignitaire religieux. «Par contre, les détracteurs du patriarche, poursuit cette personnalité, omettent de relever son insistance au sujet de l’unité nationale. Il a en effet pris soin de rappeler que, sans l’unanimité des Libanais, Israël ne se serait pas retiré. En ajoutant qu’il faut de même une telle concordance intérieure pour le départ des Syriens. De même, Mgr Sfeir n’a pas manqué de souligner que le cas des Syriens, traités en alliés et en amis, est évidemment différent de celui des Israéliens». Le prélat cité répète que «le patriarche estime que le retrait des Syriens doit nécessairement faire l’objet d’une entente préalable entre les Libanais. Le consensus intérieur s’impose d’ailleurs pour tout thème de cette importance. Répondant à un correspondant de presse étranger, le président Assad lui-même avait relevé une fois que l’armée syrienne se retirerait du Liban si non seulement le gouvernement mais aussi le peuple de ce pays le demandait». Usant ensuite d’une argumentation à degrés, le dignitaire religieux relève que «l’unanimité mentionnée par le patriarche est difficilement réalisable pour l’heure. Dès lors, en posant cette condition, Mgr Sfeir a tout l’air d’écarter à moyen terme le retrait. Alors à quoi bon attaquer ses propos et le critiquer ? À moins qu’il ne soit tout simplement interdit d’évoquer un retrait syrien, même à l’ombre d’une unanimité libanaise». Pour cette personnalité «quand les Libanais se divisent, comme ils l’avaient fait au sujet de l’OLP ou encore au sujet des relations avec Israël et avec la Syrie, ils exposent leur pays à la destruction. Il y eut ainsi les événements de 1958. Puis la guerre domestique de 1975 que certains baptisaient guerre civile tandis que d’autres parlaient de guerre des autres. Mais quand ils s’unissent, ce qui est rare, ils triomphent. Ils ont ainsi pu éliminer tout récemment l’occupation israélienne et en 1943 obtenir leur indépendance, grâce au pacte établi entre eux. Quant à Taëf, il s’est agi d’un accord d’urgence pour la cessation des hostilités. Il a été ressenti par une fraction des Libanais, exclus de participation réelle au pouvoir, comme une dépossession de ses garanties légitimes qui n’étaient pas des privilèges. Taëf n’a pas réalisé l’entente intérieure et encore moins l’unité nationale. Ceux qui ont dit “non” à ce pacte ont été ostracisés, écartés de la scène, exilés. Et ceux qui ont dit “oui” ont été comblés d’avantages, au nom de la pensée unique imposée». «Cependant, poursuit cette source, les Libanais se sont montrés d’accord pour rejeter tous ensemble l’implantation palestinienne, un refus inscrit dans le prologue de leur Constitution. En ce qui concerne la Résistance islamique, ils étaient au début divisés, à cause du bilan comparé des pertes. Mais à la longue, la majorité des Libanais ont reconnu que la Résistance faisait effectivement mal à l’occupant et avait de sérieuses chances de le bouter hors du pays. Dès lors, les Libanais dans leur ensemble ont accepté de supporter les représailles israéliennes car le jeu en valait la chandelle. Leurs sacrifices ont effectivement été payants puisqu’Israël s’est retiré. Il faut maintenant que les Libanais veillent à consolider l’unité dont ils ont fait montre. De la sorte, nul n’aurait plus de prétexte pour imposer sa tutelle à ce pays. Il est temps qu’avec l’aide de la Syrie sœur, le Liban soit reconnu comme adulte, capable de s’assumer tout seul et de gérer ses propres affaires». Dans une déclaration à l’agence égyptienne Mena, le ministre syrien des Affaires étrangères avait affirmé que la présence syrienne au Liban était une garantie pour la prévention d’une discorde confessionnelle et l’embrasement d’une nouvelle guerre civile. Commentant ces assertions, le dignitaire religieux cité se demande «s’il est raisonnable d’insinuer que 24 ans après l’entrée de la Syrie, la paix civile reste précaire et l’unité intérieure branlante au point que l’on peut craindre des tentatives de discorde confessionnelle et de guerre domestique. C’est comme si l’on disait que la présence syrienne n’avait rien changé à l’affaire. N’est-il pas de la responsabilité de la Syrie, qui contrôle la situation dans ce pays, de préserver l’unité intérieure et la paix civile de tout danger. D’en traiter les causes, en dialoguant avec toutes les parties, en dissipant les appréhensions de certaines fractions marginalisées, en leur permettant de participer au pouvoir et de s’exprimer librement à travers les élections. Ceci pour réaliser une véritable entente nationale, seule garantie effective de désamorcer les conflits à caractère confessionnel et de prévenir tout risque de guerre civile. Si on continue à entretenir la crainte de telles perspectives, le Liban resterait indéfiniment sous tutelle, sa stabilité n’étant assurée que par la sécurité importée. C’est là une situation anormale que personne ne peut accepter».
Le cardinal Sfeir confirme, dans un entretien avec La Croix, qu’il souhaite le retrait de l’armée syrienne, pour que ce pays recouvre sa pleine souveraineté. La levée de boucliers que ces propos provoquent est «pour nous un sujet d’étonnement, car cette prise de position n’a absolument rien de nouveau», déclare un dignitaire religieux. «Par contre, les détracteurs du...