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Actualités - OPINION

Faux pas

«Le Hezbollah saura désormais faire preuve de modestie, et notre victoire face à l’occupant israélien est celle de tout le pays et non pas d’un seul parti ou mouvement». C’est ce que déclarait le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, au cours d’un meeting monstre à Bint-Jbeil, au lendemain du retrait israélien de l’ancienne «zone de sécurité». Des propos rationnels et incontestablement sensés qui laissaient présager que le Hezbollah saurait gérer d’une manière lucide – après avoir tourné la page de la guerre – sa mutation en un mouvement exclusivement politique appelé à prendre sa place sur l’échiquier libanais. Les développements des derniers jours ont toutefois montré que, sur ce plan, il y a loin, encore, de la coupe aux lèvres. Du moins pour l’instant. La parade du Hezbollah lundi soir à la place Sassine et, hier, à Kahalé, constitue, de fait, un geste de provocation déplorable qui reflète un manque total de psychologie de masse. Que les miliciens du parti intégriste défilent dans les quartiers qu’ils contrôlent pour exhiber fièrement leur butin de guerre, rien de plus normal. Mais qu’ils étendent leur étalage de force jusqu’à Achrafieh et Kahalé en prenant bien soin d’effectuer une longue pause et d’agiter leurs drapeaux devant le monument édifié à la mémoire du président-martyr Béchir Gemayel, cela ne peut que nuire à l’image de marque que le Hezbollah tente de donner de lui-même. Une patrie ne saurait être édifiée sur des bases sérieuses et nationales en faisant fi de l’inconscient collectif des principales composantes du pays. Durant la guerre de la montagne, en 1983, les «Forces libanaises» ont commis la grossière erreur psychologique de bafouer les sentiments des habitants druzes du Chouf et de Aley en paradant, en armes, dans les localités druzes. C’est cette même erreur psychologique qu’avaient commise certaines forces régulières, en 1982, lorsqu’elles s’étaient livrées à des abus contre les habitants de divers quartiers de Beyrouth-Ouest. Conformément à cette même logique, le faux pas du Hezbollah lundi soir à Achrafieh, devant le monument du président Béchir Gemayel, constitue un affront à la sensibilité d’une très large frange de la population chrétienne. Sans vouloir faire preuve d’angélisme, force est de relever que c’est en créant un climat de réelle confiance entre Libanais et, surtout, en respectant «l’autre», dans ses susceptibilités, sa sensibilité et ses particularismes, que l’on pourra un jour surmonter nos clivages internes. Vouloir brûler les étapes sur ce plan risque de provoquer un effet boomerang particulièrement néfaste.
«Le Hezbollah saura désormais faire preuve de modestie, et notre victoire face à l’occupant israélien est celle de tout le pays et non pas d’un seul parti ou mouvement». C’est ce que déclarait le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, au cours d’un meeting monstre à Bint-Jbeil, au lendemain du retrait israélien de l’ancienne «zone de...