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Actualités - REPORTAGES

Jusque tard dans la nuit, Alep a pleuré son père défunt

Au lendemain de l’annonce de la mort de Hafez el-Assad, la population syrienne dans le Nord, est également toujours sous le choc. Un groupe d’étudiants de l’Université d’Alep revivait hier encore l’annonce de la mort du président syrien. Une étudiante se souvient : «Il y a eu de véritables crises de nerfs. Une jeune fille, un tissu noir à la main, a traversé le campus comme une folle en hurlant “Notre père est mort ! La Nation est orpheline !”». «Beaucoup ne voulaient pas y croire «Non, Non» entendait-on tout autour de nous», ajoute-t-elle. «Les évanouissements s’enchaînaient et certains menaçaient même de se suicider», explique un étudiant avant de conclure «très rapidement, tous les étudiants ont quitté l’enceinte de l’Université. Un épicier qui n’avait pas fermé son magasin a d’ailleurs fait les frais de leur tristesse et de leur colère : sa vitrine a été détruite». Alep a continué de s’embraser la nuit durant. Les magasins du souk ont spontanément fermé et la foule s’est rassemblée dans le centre-ville pour crier sa douleur. Jusque tard dans la nuit, la seconde ville de Syrie a pleuré son «père défunt». Au lendemain de la mort du président, cette tristesse empreint encore les visages. La douleur est d’abord un silence. Celui qui s’est abattu sur Qerdaha, la ville natale de Hafez el-Assad. Quelques personnes s’affairent autour d’un mausolée immaculé et colossal de style islamique moderne destiné à accueillir demain la dépouille du président. Une pleureuse est déjà là qui geint : «Le fils va retrouver son père». Les représentants locaux du parti Baas avouent ne pas trop savoir encore comment va se dérouler la cérémonie. Ils semblent perdus. Leur maître n’est plus là. Que faire ? De sept à soixante-dix-sept ans La route entre Qerdaha et Alep est presque déserte. Quelques personnes déambulent dans les villages, le visage défait. Mine de circonstance ou émotion réelle ? On ne le sait réellement. Dans les villages, la population ne s’est pas rassemblée. La foule, elle, est à Alep. Elle est en colère, elle est triste et elle va crier son désespoir. Regroupés par quartier, par corporation, par ensemble sportif ou par communautés, des dizaines de milliers de Syriens défilent sur la grande place publique avant de se perdre dans les ruelles de la médina. Ils ont sept ans, ils ont soixante-dix-sept ans, ils partagent une même peine : la disparition de leur idole. Les slogans, dont tout le monde se plaît à dire qu’ils sont spontanés, s’enchaînent. Chaque groupe est néanmoins mené par un leader qui dicte un refrain rapidement repris par la foule. Une foule qui n’hésite d’ailleurs pas non plus à répondre au pied de la lettre aux injonctions d’un caméraman qui prépare son plan. Quoi qu’il en soit, la puissance des cris est à la hauteur du bouleversement que vit tout un pays. «Hafez n’est pas mort, il est parmi nous !». «Paradis, ouvre tes portes Hafez est parmi tes visiteurs !». Idolâtrie frénétique… Mais le soleil de plomb vient à bout des plus motivés qui trouvent abris à l’ombre des palmiers d’un jardin public. Ainsi Alep retrouve son calme, il est 15 heures. Calme précaire car déjà sur les routes en provenance du Liban se forment de nouveaux convois de pick-up bariolés, écrasés par le poids d’une jeunesse qui s’époumone aux cris de «Par l’âme et par le sang nous nous sacrifierons pour toi Bachar». Plus de 10 000 Syriens ont en effet passé la frontière au poste de Abassiyé hier pour exprimer leur soutien au futur président dont la première tâche sera de tranquilliser un peuple qui vient de perdre son maître.
Au lendemain de l’annonce de la mort de Hafez el-Assad, la population syrienne dans le Nord, est également toujours sous le choc. Un groupe d’étudiants de l’Université d’Alep revivait hier encore l’annonce de la mort du président syrien. Une étudiante se souvient : «Il y a eu de véritables crises de nerfs. Une jeune fille, un tissu noir à la main, a traversé le campus comme une...