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Actualités - ANALYSE

Des causes psychopolitiques derrière le timing du retrait

Quand il se prend à réfléchir, le Libanais moyen se demande pourquoi, après avoir spolié ce pays pendant vingt-deux ans, l’État hébreu, si puissant militairement, s’est résigné à s’en retirer piteusement, pour ne pas dire honteusement. À cela, un diplomate occidental répond par des explications élémentaires, mais qui ne sont pas forcément superficielles. «La société israélienne, dit-il, a beaucoup évolué après les conquêtes de 1967. Elle a perdu son esprit pionnier, guerrier, des premiers temps, et, découvrant la quiétude et le confort, a eu tendance à dormir sur ses lauriers, en misant sur une suprématie stratégique assurée par l’indéfectible soutien US. De nos jours, les Israéliens ne sont plus des spartiates. Leur opinion réagit très mal aux pertes en vies humaines de l’armée israélienne. Or, une fois le Liban sorti de sa guerre domestique, sa résistance à l’occupation s’est faite de jour en jour, de mois en mois, plus incisive. Elle a atteint un tel degré d’organisation qu’elle a pu réduire progressivement le nombre d’attentats-suicide, arme aléatoire, au profit d’opérations de guérilla bien ciblées. Son efficacité croissante est démontrée par les chiffres : le bilan des pertes infligées à l’ennemi n’a cessé de s’alourdir d’année en année. Et l’on est parvenu ainsi à un plafond de tolérance par rapport à l’opinion israélienne, comme en témoignent les manifestations monstres organisées en faveur du retrait par les mères de soldats encadrées par diverses formations sociopolitiques. En fait, sans les trois ans d’intermède de cet ultra obtus qu’est Netanyahu, plus militariste que les militaires, le retrait aurait été probablement ordonné dès 1996 ou 1997». Abordant les détails, ce diplomate note ensuite que, «signe significatif de la démoralisation israélienne, les accords d’avril 1996, que l’État hébreu a été contraint d’accepter pour payer le crime de Cana, pénalisaient en pratique l’occupant bien plus que la Résistance. En effet, cette dernière, noyée dans la population, était protégée par la clause interdisant de frapper des objectifs civils et n’offrait que peu de prise à des ripostes. C’est bien d’ailleurs pourquoi les militaires israéliens ont toujours réclamé l’abrogation de ces accords et les ont si souvent violés. Il reste qu’ils n’avaient pas les coudées franches et n’ont jamais pu ces dernières années empêcher la Résistance de marquer des points». Cette personnalité étrangère souligne ensuite qu’à quelque chose malheur étant bon, «les Libanais, à l’inverse des Israéliens, se sont trouvés aguerris, endurcis, ces dernières décennies par la guerre domestique. Ils ont pu de la sorte surmonter la douleur de perdre des centaines de martyrs, de subir des destructions, des privations et des exodes répétitifs, pendant de longues années. Il est certain que l’unanimité nationale autour de la cause du Sud occupé a beaucoup contribué à raffermir l’esprit de résistance».
Quand il se prend à réfléchir, le Libanais moyen se demande pourquoi, après avoir spolié ce pays pendant vingt-deux ans, l’État hébreu, si puissant militairement, s’est résigné à s’en retirer piteusement, pour ne pas dire honteusement. À cela, un diplomate occidental répond par des explications élémentaires, mais qui ne sont pas forcément superficielles. «La...