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Actualités - CHRONOLOGIE

Philippines - Cinquième semaine de détention sur l'île de Jolo Otages et ravisseurs coexistent en permanence sur le fil du rasoir

Le rebelle dit non de la tête en barrant le passage. Sonia Wendling hausse le ton et de la main écarte l’homme et son fusil. Les otages du groupe Abu Sayyaf gèrent sur le fil du rasoir la versatilité des guérilleros avec lesquels ils vivent depuis cinq semaines. D’une seconde à l’autre, la jeune Française, qui semble la plus solide physiquement et moralement parmi les 10 touristes occidentaux retenus avec neuf Malaisiens et deux Philippins par les insurgés musulmans, peut montrer un visage empreint d’autorité mais qui parfois laisse percer la peur. «On ne sait jamais bien quand ils vont faire de l’intox ou péter les plombs», explique-t-elle, lors d’une visite organisée à l’invitation des rebelles samedi à leur camp situé dans la jungle sur le mont Kutug, dans la municipalité de Talipao (Sud-Est). «Parfois ils s’énervent super-vite, super-fort, on ne s’en rend même pas compte. Même ceux avec qui on a des relations très amicales, soudain, on se dit : “ça y est, c’est trop tard, qu’est ce qu’on va faire maintenant”», ajoute son ami, Stéphane Loisy. A priori le couple de Français ne se sent pas vraiment menacé par les rebelles, avec lesquels il leur arrive même de se disputer. «Il arrive qu’il y ait des querelles. Stéphane a eu quelques altercations, mais en général ils ne sont pas menaçants. Il y a des tirs en l’air, cela arrive, mais on ne sait pas si ce sont des exercices ou de la maladresse», poursuit Sonia Wendling. Les otages n’avaient d’ailleurs pas vraiment peur de ces rebelles très jeunes qui les retiennent pourtant sous la menace de fusils d’assaut, de fusils-mitrailleurs ou de lance-grenades, jusqu’à ce qu’ils lisent un article à leur sujet dans un hebdomadaire occidental. «Là, on a réalisé qu’ils ont déjà attaqué des villes entières, débarqué à 200, enlevé des gens, attaqué des banques... Il n’y a pas de limite», dit Stéphane Loisy. «Mais en les côtoyant tous les jours, on n’imagine pas... enfin certains», ajoute son amie. Le problème, expliquent-ils, c’est que les chefs d’Abu Sayyaf eux-mêmes n’ont pas une autorité totale sur tous leurs hommes. «Il y a plein de truands à l’intérieur du groupe. Ils ne peuvent pas tous les maîtriser. Ils nous l’ont même presque avoué parce qu’on s’est engueulé avec plusieurs d’entre eux, à plusieurs reprises», notamment à cause des vols systématiques, raconte Sonia Wendling. Depuis leur enlèvement le 23 avril sur l’île malaisienne de Sipadan, pratiquement tout ce qu’ont envoyé aux otages ambassades, familles, Croix-Rouge ou autres leur a été volé par les rebelles, jusqu’à et y compris de modestes légumes cachés dans des boîtes de médicaments ou une lettre destinée au Finlandais Mirco Johanen Rista, disent-ils. «Ils (les chefs) ne maîtrisent que ceux avec qui ils ont un lien de parenté», ajoute Stéphane Loisy. Mais les rebelles peuvent également se montrer soucieux de la sécurité de leurs otages. Alors que jusqu’ici ils les laissaient fabriquer eux-mêmes leurs abris, lors du dernier changement de camp, dans la nuit de jeudi à vendredi, les ravisseurs ont donné un coup de main à leurs prisonniers pour monter leur cabane. «Jusqu’à présent on se débrouillait tout seuls. Là, ils ne nous laissent plus trop utiliser les coupe-coupe car le bambou est trop lourd. Ils ont peur qu’on se blesse...», explique l’otage français.
Le rebelle dit non de la tête en barrant le passage. Sonia Wendling hausse le ton et de la main écarte l’homme et son fusil. Les otages du groupe Abu Sayyaf gèrent sur le fil du rasoir la versatilité des guérilleros avec lesquels ils vivent depuis cinq semaines. D’une seconde à l’autre, la jeune Française, qui semble la plus solide physiquement et moralement parmi les 10...