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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - La Finul s'efforce de maintenir le calme en attendant le déploiement de ses contingents L'ONU vérifie le tracé des frontières avec Israël (photos)

Pour les Nations unies et le commandement de la Finul, le temps presse : il faut que la vérification du tracé des frontières soit rapidement achevée. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la force internationale de paix pourra s’assurer que le retrait israélien s’est opéré conformément à la résolution 425 et se déployer dans la région évacuée par l’armée de l’État hébreu. Le coup d’envoi de l’opération de reconnaissance des frontières a été donné hier. Sur le terrain, soutenus par des équipes de démineurs, les cartographes de l’Onu s’activent à déposer des piquets délimitant les lignes qui séparent les deux territoires libanais et israélien. Dans son bureau au quartier général de la Finul à Naqoura, M. Timor Goksel, porte-parole de la force multinationale, ne cache pas son impatience et son exaspération. Il souhaite que les Casques bleus se déploient rapidement dans la région évacuée par les Israéliens : «Le plus tôt les cartographes de l’Onu achèveront leur mission, mieux ce sera», insiste-t-il. Depuis mercredi, il assiste avec effarement à un mouvement de foule incontrôlable vers la frontière où les soldats «de l’autre côté» sont houspillés et harcelés par des «gens surexcités». «Il y a vraiment trop de héros des anciens jours (en allusion à la guerre) qui viennent dans la région. Ce ne sont pas des combattants. Ceux-là, je les connais tous. Ils ne sont même pas du Liban-Sud. Je comprends qu’ils soient contents du retrait des forces israéliennes, mais vous savez, il suffit qu’une personne surexcitée tire en direction du territoire israélien ou en l’air et qu’un soldat israélien réplique et c’est la catastrophe. Un faux pas en ce moment peut se révéler très dangereux», marmonne-t-il sur un ton qui trahit son agacement. Un contrôle militaire rigoureux Depuis que des contacts ont été entrepris avec les autorités libanaises, il est vrai que le nombre d’éléments armés dans le secteur de Naqoura a sensiblement baissé, mais la présence armée n’a toujours pas été éradiquée. Des jeunes gens paradent, une mitraillette à l’épaule, devant les barbelés marquant la frontière avec Israël. À l’entrée de ce qui était la zone dite «de sécurité», une unité de l’armée vérifie minutieusement l’identité des passagers des voitures qui se rendent à Naqoura et ne laisse passer que les habitants de la région et les journalistes. Les autres sont calmement priés de faire demi-tour. La présence des FSI, dépêchés récemment dans la région, s’est avérée tout aussi utile pour tempérer l’enthousiasme délirant de la foule agglutinée devant les barbelés du côté libanais de la frontière. Mais aux yeux du porte-parole de la Finul, ces mesures restent insuffisantes. La situation dans la bande frontalière est toujours précaire : le déploiement de la force multinationale puis la prise en charge par l’armée restent indispensables. M. Goksel, qui fait état de contacts permanents avec les autorités libanaises, plaide en faveur d’un déploiement des forces régulières dans le secteur. «Nous avons besoin des symboles de l’État à nos côtés, surtout que nous ne pouvons pas faire leur travail et que l’armée jouit d’une énorme crédibilité au Liban-Sud», dit-il. Roed-Larsen à Naqoura M. Goksel, ainsi que le commandant en chef de la Finul, le général Seth Kofi Oboeig, ont brassé un tableau exhaustif de la situation dans la bande frontalière à l’adresse du secrétaire général de l’Onu, M. Terjé Roed-Larsen, qui a tenu en début d’après-midi à Naqoura une réunion avec le commandement de la Finul. La rencontre était principalement consacrée au plan de déploiement qui sera mis en place après la délimitation des frontières et la vérification de la conformité du retrait israélien à la 425, selon une source de la Finul. M. Roed-Larsen devait lui-même souligner plus tard l’urgence d’un déploiement de la force intérimaire de paix dans la région, assurant que «les Israéliens n’épargnent aucun effort pour se conformer à la résolution 425». Selon les explications de M. Goksel et du général Oboeig, l’État hébreu a délimité la frontière. «Mais vous savez, au cours des vingt dernières années, les barrières frontalières ont été souvent déplacées. Il y a eu plusieurs changements, mais c’est seulement au niveau de douze points qu’un problème de délimitation se pose», explique M. Goksel. Pas plus que l’émissaire de l’Onu ou le général Oboeig, il ne donnera la moindre indication sur le délai que les cartographes se sont fixé pour déterminer «techniquement» le tracé de la frontière ou sur la date prévue pour le déploiement des Casques bleus, dont le nombre va être porté de 4 474 soldats à 7 900. Vaguement, il se contente d’affirmer que «ce sera une question de “quelques jours”». Tôt le matin, une première équipe de cartographes s’est rendue en Israël pour examiner le tracé frontalier avec les autorités de ce pays. Auparavant, elle avait survolé le secteur à bord d’hélicoptères de la Finul afin de localiser les endroits qui posent un problème. Des barils bleu et blanc de la force internationale de paix balisent le secteur, mais sont loin de suivre avec précision la limite entre les deux territoires libanais et israélien. En début d’après-midi, trois experts qui accompagnaient M. Roed-Larsen ont rejoint la première équipe. Munis de cartes de l’Onu et d’un matériel topographique sophistiqué, ils ont sillonné une partie du secteur est de la frontière et déposé des piquets en plusieurs endroits, défrichés auparavant par les démineurs, sur base des cartes de localisation des mines qui leur avait été remises par les Israéliens. Des différences de quelques mètres Toutefois, les déplacements au niveau de la frontière ne sont pas énormes, à en croire M. Goksel. «Il faut parler de mètres et non pas de larges superficies», précise-t-il. Ce n’est qu’une fois la vérification du tracé frontalier terminée que la Finul entreprendra de déminer une région où des milliers d’engins explosifs sont signalés. «Les habitants savent bien qu’il y a des mines presque partout dans les champs et ils sont plutôt prudents. Ce sont les “touristes” qui l’ignorent», fait remarquer M. Goksel. Les patrouilles de la Finul s’efforcent de tenir les curieux à l’abri du danger, bien qu’une telle mission ne fasse pas normalement partie de leurs prérogatives, explique un des Casques bleus italiens. Une unité de la force intérimaire, qui compte 450 Casques bleus à Naqoura, s’est postée hier au Château de Beaufort où deux personnes avaient été grièvement blessées la veille par l’explosion de deux mines. «Il ne s’agit pas d’un déploiement», prévient le porte-parole de la Finul. «Notre mission n’a pas changé. Nous sommes en train de prendre des mesures pour maintenir le calme dans la région et ce n’est pas officiel. Nous aidons aussi les FSI à prendre position. Nos bataillons vont en reconnaissance sur un terrain qu’ils ne connaissent pas encore, comme il n’étaient pas habilités à y circuler», ajoute-t-il. En effet, «les Casques bleus n’étaient pas autorisés à circuler dans la région contrôlée par les Israéliens et l’ALS, et ne sortaient de leur QG qu’en cas d’urgence», explique un responsable de la force onusienne. Depuis jeudi, ils sillonnent sans interruption la région à bord de leurs véhicules blancs.
Pour les Nations unies et le commandement de la Finul, le temps presse : il faut que la vérification du tracé des frontières soit rapidement achevée. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que la force internationale de paix pourra s’assurer que le retrait israélien s’est opéré conformément à la résolution 425 et se déployer dans la région évacuée par l’armée...