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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Chareh : soutien à la Finul, mais pas pour désarmer le Hezbollah

La Syrie a multiplié les déclarations apaisantes, à l’occasion de la conférence euro-méditerranéenne jeudi et vendredi à Lisbonne, sans toutefois dissiper certains points d’interrogation après le retrait israélien du Liban-Sud, estimait-on dans les milieux proches de la réunion de l’Euromed. Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a fait ainsi savoir que son pays soutenait pleinement le rôle de l’Onu dans les régions évacuées par l’État hébreu, mais que ce rôle n’incluait pas un désarmement du Hezbollah, qui n’est pas, selon lui, «une milice» mais un «mouvement de résistance». «Nous soutenons pleinement le rôle de l’Onu au Liban-Sud», conformément aux résolutions des Nations unies qui prévoient que les Casques bleus aideront l’État libanais à restaurer sa souveraineté dans cette région d’où il est absent depuis 22 ans, a déclaré M. Chareh au cours d’une conférence de presse en marge de la conférence. Mais la Finul «ne devrait pas prendre position contre les Libanais et en faveur d’Israël» en cas d’incidents car elle serait «immédiatement discréditée», a-t-il dit. Pour lui, une Finul-bis devrait être au service de «toutes les parties», sans être «biaisée». Tout en qualifiant d’«hypothétique» le déploiement au Liban-Sud d’une force de l’Onu renforcée, et en s’interrogeant sur la «nature» d’une telle force, M. Chareh a fait valoir que son pays n’aurait aucune raison de douter du retrait total d’Israël de «tout le territoire libanais» une fois ce départ certifié par l’Onu et souligné que la Syrie était opposée à une «confrontation militaire». Alors que les Casques bleus ont pour la première fois commencé à patrouiller librement dans la bande frontalière, M. Chareh a cependant exclu un désarmement par les forces de l’Onu du Hezbollah. «Le Hezbollah est un acteur majeur de la résistance libanaise, et ce n’est pas le rôle de l’Onu de le désarmer car il ne s’agit pas d’une milice mais d’un mouvement de résistance contre l’occupation» israélienne, a affirmé M. Chareh, tout en soulignant l’attitude «raisonnable» de ce parti depuis le départ des Israéliens. Interrogé sur le déploiement de l’armée libanaise dans les régions évacuées par Israël, M. Chareh a indiqué qu’il appartenait aux autorités libanaises de décider. Mais, a-t-il ajouté, «j’ai compris de mes contacts avec le gouvernement libanais qu’il comptait envoyer des forces de police pour faire respecter la loi et l’ordre». Il a qualifié le départ d’Israël du Liban de «défaite, plutôt que de retrait», tout en rejetant «les menaces israéliennes contre le Liban et la Syrie». Optimisme Un haut responsable européen, qui a assisté jeudi à une rencontre du ministre syrien avec la troïka européenne, sous présidence portugaise, a pour sa part fait état de son «optimisme» à l’AFP, qualifiant la position de M. Chareh sur l’Onu d’«élément positif». Les déclarations de M. Chareh marquent un infléchissement dans l’attitude de Damas qui avait exprimé ces derniers temps de très fortes réserves sur un redéploiement de la Finul jusqu’à la frontière libano-israélienne, considéré comme contraire à ses intérêts, alors que l’État hébreu continue d’occuper le Golan. Bachar el-Assad, fils du président syrien, affirmait tout récemment encore que son pays ne pourrait empêcher le Hezbollah d’entreprendre des actions militaires contre Israël, après son retrait. Mais les «conseils amicaux» de pays comme la France, avertissant Damas qu’elle risquait d’être «totalement isolée» en refusant de coopérer avec l’Onu, a amené la Syrie à faire la preuve, une fois de plus, de son pragmatisme, malgré la perte de la «carte libanaise» dans ses négociations de paix avec Israël, actuellement dans l’impasse. Qualifiant lui-même de «positifs» ses entretiens jeudi et vendredi avec ses homologues européens, notamment le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, en marge de la conférence de Lisbonne, M. Chareh a estimé que le moment était venu pour que l’Union européenne joue un rôle actif dans le processus de paix. «Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins», a-t-il encore dit à propos des négociations de paix avec Israël. «Soit nous restons sans rien faire, soit nous reprenons les négociations sur la base de l’échange de la terre contre la paix», a-t-il affirmé. Il a invité le gouvernement israélien à «tendre la main pour faire la paix, au lieu de proférer des menaces» contre la Syrie. «La Syrie a pris une décision stratégique en faveur de la paix», a-t-il insisté tout en soulignant que la question de l’eau – un des points de désaccord entre les deux pays – était «négociable» mais «pas les territoires». Les négociations syro-israéliennes, qui avaient repris en décembre 1999 après quatre ans d’interruption, sont de nouveau arrêtées depuis le mois de janvier. La Syrie réclame le retrait d’Israël de son territoire jusqu’aux lignes d’avant la guerre du 6 juin 1967.
La Syrie a multiplié les déclarations apaisantes, à l’occasion de la conférence euro-méditerranéenne jeudi et vendredi à Lisbonne, sans toutefois dissiper certains points d’interrogation après le retrait israélien du Liban-Sud, estimait-on dans les milieux proches de la réunion de l’Euromed. Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a fait ainsi...