Libération - Lahoud en éclaireur, hier, dans la région frontalière Le Sud attend la sécurité légale (photo)

Ovationné par la population, le chef de l’État a appelé hier les Libanais qui ont fui le Liban vers Israël à rentrer dans leurs villages. «Je suis venu vous dire que vous avez été repris en charge par l’État. Vous avez les mêmes droits et les mêmes devoirs que quiconque. Rassurez-vous. Rmeich est pour nous aussi cher que Baadate (le village natal du président de la République) ou Beyrouth», a déclaré le président Émile Lahoud, au cours d’une tournée dans la bande frontalière qui l’a mené notamment dans les villages chrétiens de Aïn Ebel et Rmeich. Les promesses du chef de l’État ne sont pas de trop pour rassurer une population alarmée par la trop grande rapidité avec laquelle s’est faite l’évacuation de l’armée israélienne et l’irruption dans leurs régions de combattants appartenant à diverses organisations. Certaines exactions – maisons pillées, voitures volées – ont commencé à donner à la grande fête des retrouvailles, hier, comme un parfum d’anarchie. La trop grande concentration d’armes, le partage des zones d’influence entre le Hezbollah et Amal transforment la région en une poudrière à la merci de la moindre étincelle. L’imprudence des parents des enfants a débouché sur des drames. Ainsi, la télévision a montré les images atroces d’un garçon hurlant de douleur, les deux pieds amputés par l’explosion d’une mine. Le malheureux s’était aventuré dans un poste abandonné de l’ALS. «La sécurité, l’appareil d’État , l’armée» , ont réclamé, de façon répétée, les habitants des régions libérées, qui ont rappelé aux responsables que leur promesse d’une prise en charge sur le modèle de Jezzine n’a pas été tenue. Le chef de l’État a par ailleurs promis aux habitants de la bande frontalière qu’ils ne seront pas oubliés des services administratifs de l’État. Une tournée des ministres Négib Mikati (Travaux publics et Transports) et Anouar el-Khalil (Information) a souligné le souci de l’État de faire vite et d’assurer à la population certains services essentiels comme l’eau et l’électricité. Certains villages, comme Soujod, doivent être pratiquement reconstruits à zéro. Un Conseil des ministres, le deuxième en deux jours , a été consacré en partie à une évaluation de la situation.