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Actualités - CHRONOLOGIE

Une ONG met en garde contre le piège confessionnel au Sud

Après avoir annoncé, il y a près d’une semaine, la création d’un «mécanisme de supervision» au Liban-Sud, dans le but de contrôler les éventuelles exactions qui pourraient se produire à la suite du retrait des troupes israéliennes de cette région, la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires (FDHDH), en collaboration avec l’Association des nouveaux droits de l’homme, a tenu hier une réunion urgente pour évaluer la situation au Liban-Sud. À la lumière des derniers développements au cours desquels plusieurs régions du secteur central ont été abandonnées par l’ALS, les membres de la FDHDH ont fait part de leur inquiétude face à une situation d’autant plus dangereuse que l’État semble totalement absent de la scène. «Rien n’a été prévu pour pallier le vide créé par un retrait israélien non fondé sur un accord préalable et qui entraîne par conséquent une situation de confusion extrême, laissant les populations locales sans défense aucune», ont relevé les membres de la fédération. En effet, selon eux, ce qui est le plus à craindre pour les jours à venir, c’est la situation de vide sécuritaire que pourrait entraîner les prochains retraits, et «les règlements de comptes qui risquent de se produire surtout dans les régions chrétiennes». Pour les membres de la FDHDH, «les retraits qui ont eu lieu jusqu’à présent concernent essentiellement les régions à majorité chiite, et les partisans de l’ALS qui se sont rendus jusque-là sont dans leur majorité chiites». Se fondant sur des sources proches des services de sécurité du Sud, les membres de la FDHDH ont évoqué le risque d’une tournure confessionnelle que pourraient prendre les évènements à venir, notamment après le retrait de l’armée israélienne des secteurs est et ouest, à majorité chrétienne. «Les éléments de l’ALS qui résident dans ces zones aussi bien que les habitants ne sont pas près de se rendre à des milices (en parlant de Amal et du Hezbollah) et sont décidés à se battre jusqu’au bout», affirme un membre de la FDHDH qui souligne que les régions à majorité chiite ou sunnite n’ont rien à craindre, «preuve en est la facilité avec laquelle les membres de l’ALS se trouvant dans ces régions se sont rendus, ce qui laisse deviner une sorte de connivence de type confessionnelle», souligne un responsable de la FDHDH. Quant à l’enclave de Hasbaya, à majorité druze, les habitants se sont déjà constitués en milice d’autodéfense, en prévision du retrait. Or, affirme ce membre de la FDHDH, des contacts auraient été entrepris avec les Syriens afin de préserver cette localité de toute incursion de la part du Hezbollah. Reste le problème des villages – principalement ceux de Debel, Aïn Ebel, Rmaych, Yaroun, et Awzah – qui, eux, risquent d’être pris en tenaille, dit-il. Les Israéliens ont fermé leurs frontières entre Nakoura et Yaroun, pour empêcher les habitants de cette région ainsi que l’ALS de fuir vers Israël, souligne-t-il. Ayant par ailleurs affirmé «qu’ils ne se livreront qu’à l’État libanais ou aux Nations unies», les habitants de cette localité ainsi que les membres de l’ALS qui constituent le plus gros des effectifs de cette milice semblent prêts à se battre contre le Hezbollah ou Amal au cas où ces derniers feraient une incursion dans leurs villages, «d’où le risque de voir les “règlements de comptes” et des exactions se multiplier dans cette zone» précise ce membre de la FDHDH. Dénonçant «l’absentéisme» de l’État de toute la région du Sud et «sa renonciation à prendre les choses en main à un moment crucial», la fédération souligne «le laxisme» dont a fait montrer le pouvoir en place, ce dernier n’ayant pas prévu une structure officielle pour prendre en charge les éléments de l’ALS qui se sont rendus dans les régions évacuées. La FDHDH s’interroge par ailleurs sur la «légalité» du rôle que se sont donné les milices du Hezbollah et de Amal qui ont pris la relève «là où l’État aurait dû être présent». Sur ce plan, la FDHDH a publié hier un communiqué dans lequel elle déplore la mort des personnes civiles à la suite des bombardements israéliens après les évacuations d’hier. Le texte du communiqué affirme par ailleurs que la fédération n’a pas eu écho, jusqu’à présent, d’actes de vengeance ou de mouvements d’exode des populations des régions évacuées, «ce qui est relativement encourageant», souligne la FDHDH. «Nous espérons que cette tendance se généralisera à toutes les autres régions encore sous occupation», souligne le communiqué. La FDHDH relève par ailleurs que la demande adressée par l’État libanais aux agents de l’ALS – accusés de collaboration avec l’ennemi – de se rendre n’a pas été accompagnée par la mise en place d’une structure officielle qui puisse les protéger, ce qui a poussé ces derniers à organiser leur propre défense. La FDHDH exhorte enfin l’État à étendre son pouvoir sur l’ensemble des régions occupées, ce qui représente «un des principes fondamentaux de la souveraineté nationale et une part essentielle de la responsabilité de l’État envers son peuple», a conclu le texte du communiqué.
Après avoir annoncé, il y a près d’une semaine, la création d’un «mécanisme de supervision» au Liban-Sud, dans le but de contrôler les éventuelles exactions qui pourraient se produire à la suite du retrait des troupes israéliennes de cette région, la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires (FDHDH), en collaboration avec l’Association des nouveaux...