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Actualités - OPINION

Vers un espace nouveau : la perspective de l'abstrait

«Cinq cents ans ont passé et la peinture occidentale est toujours prisonnière du concept de l’espace milieu, de la perspective albertienne. «Cet espace stable et symétrique, défini par le système de la série, composé d’éléments discontinus, nettement analysés, où le contenu des métamorphoses est banni, illustre une pensée cartésienne basée sur le développement et le monde concret. «L’œuvre est conçue comme un objet dans l’univers, éclairé comme les autres objets par la lumière du jour. «Concept de l’espace-milieu qui favorise la dispersion des volumes : le jeu des vides, les trouées, les plans multiples heurtés qui brisent la lumière, les reliefs et les saillies, se basant sur le modelé et l’ombre. «Cet espace, qui adopte la notion de fond, dérive d’une rationalisation de la pensée qui veut que l’homme se meuve contre un domaine séparé. Un domaine vu par l’homme. «Dès lors, l’image du tableau n’est traitée que comme l’image rétinienne en combinant sur un plan une illusion des trois dimensions. «Ceci est vrai pour la peinture dite “figurative” aussi bien que pour la peinture dite “abstraite”. Fausse définition que cette peinture abstraite. «La peinture occidentale n’a jamais été abstraite ; c’est plutôt une abstraction de l’image vue par l’œil soumise toujours aux lois de l’espace-milieu. «La perspective de l’abstrait se base sur le concept de l’espace-limite. «Espace qui renonce au système de la série pour adopter le système du labyrinthe qui procède par synthèses mobiles et où la vue chemine sans se reconnaître, intentionnellement égarée par un caprice linéaire qui se dérobe pour rejoindre un but secret. «Une espèce de grille se forme et crée une variété infinie de blocs d’espaces qui constituent un univers morcelé. «Les formes tendent à épouser leurs courbes respectives, à se rejoindre, à se mêler ; de la régularité des courbes et des contacts, elles passent à cette continuité ondulante où le rapport des parties cesse d’être discernable, où le commencement et la fin sont cachés. C’est un espace où la lumière est dans la peinture. «L’œuvre est conçue comme un univers ayant sa lumière propre, sa lumière intérieure. «Une dimension nouvelle s’élabore qui n’est ni le mouvement ni la profondeur. «Cet espace renonce à la série pour l’entrelac. C’est un espace mobile. «Les métamorphoses s’y font non par stades séparés mais dans la continuité complexe des courbes, des spires enlacées, dans la flexion d’une courbe, créant rythme et combinaison, et implique tout un avenir d’alternances, de dédoublements et de replis. L’espace de l’entrelac n’est pas plat. «Les rubans dont sont faites ces figures instables passent les uns sous les autres et leur forme évidente sur le plan de l’image ne s’explique que par une activité secrète sur un plan au-dessous. «C’est la perspective de l’abstrait. «Elle ne réside pas tout entière dans des jeux d’entrelacs. «Des combinaisons de polyèdres irréguliers alternés de clair et de sombre, sans faire le moindre usage des ombres, nous donnent l’illusion, à la fois obsédante et fugitive, d’un châtoyant relief. «Les compartiments ne juxtaposent jamais deux valeurs égales, mais interposent une valeur différente : c’est la règle de structure de cet espace. «Aucune notion de fond : c’est un espace qui est vu au-delà de l’homme, une périphérie qui le prolonge et l’investit à la fois. Création d’un monde qui n’est pas le nôtre. «Puissance de l’abstraction et infinies ressources de l’imaginaire. «Illustration d’une pensée qui renonce au développement pour adopter l’involution au monde concret pour les caprices du songe. Espace qui traduit la rêverie humaine sur la forme».
«Cinq cents ans ont passé et la peinture occidentale est toujours prisonnière du concept de l’espace milieu, de la perspective albertienne. «Cet espace stable et symétrique, défini par le système de la série, composé d’éléments discontinus, nettement analysés, où le contenu des métamorphoses est banni, illustre une pensée cartésienne basée sur le développement et le monde...