Surprise et larmes de joie

Arrivés à pieds ou en voiture, parfois même vêtus d’un simple pyjama : près d’un millier de Libanais ont regagné hier les cinq villages évacués par l’ALS, surpris, joyeux et en larmes. Les habitants de Taïbé ne cachent pas leur joie après s’être assuré que les miliciens pro-israéliens se sont enfin décidés à se retirer de leur position érigée à l’extrémité du village. «Nous ne savions pas que notre village était libéré. Les coups de klaxons des revenants nous ont avertis que nous étions enfin délivrés de l’occupation», raconte Wafaa, en essuyant des larmes de joie, la tête adossée sur la poitrine de son frère qu’elle n’a pas vu depuis 22 ans. En moins d’une heure, la place du village est bondée de vieillards et d’enfants, de femmes et d’hommes, qui s’enlacent, s’embrassent et se félicitent. Des dizaines de drapeaux du Hezbollah flottaient dans la place. Le mot «surprise» est également dans la bouche des habitants qui ont quitté le village de Qantara pendant l’occupation israélienne ou qui sont nés dans l’exil et qui débarquent. Safiya as-Saghir, 8 ans, est folle de joie : elle va enfin connaître son village et rencontrer son grand-père, un vieillard de 82 ans qui vit dans une maisonnette cassée par les obus et dont la porte rouillée est criblée de balles. «Je n’ai pas cru mes oreilles lorsque j’ai appris que Qantara était libérée. Avec mon père et ma mère, nous avons fait à pied les cinq kilomètres qui séparent notre village de celui de Ghandouriyé où nous vivions», ajoute la fillette. Son père, 52 ans, était tellement pressé de regagner son village natal, qu’il est venu en pyjama. «Je voulais être le premier arrivé car j’avais hâte de revoir mon vieux. J’ai passé les années de l’occupation tout près de Qantara car je ne voulais pas le quitter des yeux».