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Actualités - ANALYSE

Le recours aux extraits d'état civil compromettrait la régularité du scrutin

Dans la foulée du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, les loyalistes protestent : le recours aux extraits d’état civil adopté mercredi place de l’Étoile comme passeports de vote compromettrait à leur avis la régularité du scrutin. En rendant les opérations de fraude infiniment plus faciles qu’avec la carte électorale. Aussi, nombre de pôles gouvernementaux ont souhaité que le chef de l’État s’abstienne de promulguer l’amendement en question et le renvoie à la Chambre. Un responsable s’étonne «de la versatilité et de l’incohérence des députés. Ils avaient, à une écrasante majorité, insisté pour que seule la carte électorale soit utilisée, par souci de garantir la probité des élections. Et cette même majorité change maintenant d’avis pour permettre également l’utilisation des extraits d’état civil. En expliquant que nombre d’électeurs n’ont pas encore obtenu la carte électorale. Prétexte fallacieux, du moment que M. Murr indique qu’il reste une marge de temps confortable et que plus de 1 300 000 cartes ont déjà été distribuées, ce qui ne laisse que 150 000 pièces en suspens». Cette personnalité souligne que «comme les dernières éditions l’ont prouvé, il est très difficile d’empêcher la falsification d’un extrait d’état civil. Partant de là, les prochaines élections risquent d’être sérieusement polluées. D’autant que la Chambre laisse pleinement le choix aux électeurs pour les pièces à exciper. Ce qui signifie qu’on va inciter les votants, pour mieux tronquer les résultats, à utiliser l’extrait d’état civil plutôt que la carte électorale. Il aurait donc fallu, pour limiter à tout le moins les dégâts, préciser que ceux qui ont déjà leur carte électorale ne peuvent pas se servir de l’extrait d’état civil. Qui, de plus, grâce à un amendement de l’amendement encore plus permissif, n’aura plus besoin d’être daté de deux ans au maximum et pourra remonter au déluge. C’est vraiment la porte ouverte en grand à toutes les triches et l’on va de nouveau voir les morts voter». Abondant dans ce même sens critique, mais avec des nuances, le président Omar Karamé met en doute la représentativité et la légitimité d’une Chambre qui serait élue dans ces conditions. Il relève que l’affaire est d’importance, car c’est la législature suivante qui aura à élire le prochain chef de l’État. Et probablement, à ratifier un éventuel accord de paix régional. M. Karamé redoute en conséquence que les élections ne donnent une majorité préfabriquée, qui ne serait pas libre de ses mouvements. Un autre détail qui semble suspect aux loyalistes : les députés, tout en maintenant l’interdiction de vote faite aux militaires, n’ont pas accepté que les noms de ces derniers soient biffés des listes d’électeurs, comme la commission de l’Administration et de la Justice l’avait proposé. Ce qui permettrait sans peine à un militaire, pour peu qu’il soit en civil, de voter. Mais permettrait aussi à des fraudeurs d’utiliser le surcroît de noms ainsi disponibles. Cependant, sur ce point, la position de la Chambre paraît a priori défendable : exclure les militaires des listes d’électeurs reviendrait à les priver sans raison d’un de leurs droits civiques. La contradiction reste quand même de taille : pourquoi garder uniquement sur le papier un droit qu’on ne peut exercer de fait. Mais évidemment la grande question est de savoir si les élections ne vont pas devoir être reportées, à cause de la situation au Sud. Le pouvoir affirme certes qu’elles auront lieu aux dates fixées,«même si un séisme devait se produire». Mais l’homme propose et Dieu dispose : personne ne sait encore dans quel climat le pays baignera pendant et après le retrait israélien, s’il a vraiment lieu. En tout cas, il existe un risque que dénonce d’ores et déjà nombre de vrais démocrates : la participation au vote pourrait s’avérer dérisoire comme en 1992. Et l’on s’étonne que, dans la nouvelle loi électorale, il n’ait pas été prévu, comme partout ailleurs dans le monde, un taux minimal de participation pour valider l’élection.
Dans la foulée du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, les loyalistes protestent : le recours aux extraits d’état civil adopté mercredi place de l’Étoile comme passeports de vote compromettrait à leur avis la régularité du scrutin. En rendant les opérations de fraude infiniment plus faciles qu’avec la carte électorale. Aussi, nombre de pôles gouvernementaux ont...