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Actualités - CHRONOLOGIE

Festival - "Entre le hasard et le mystère, se glisse l'imagination" A Cannes, la leçon du professeur Agnès Varda

Citant pêle-mêle Raymond Queneau, Gaston Bachelard, Nathalie Sarraute, faisant chanter à intervalles réguliers un petit oiseau mécanique pour égayer une prestation bien peu académique, Agnès Varda a sacrifié au rite de la traditionnelle «leçon de cinéma» cannoise. Dans ce rituel, la réalisatrice française, 72 ans, succédait à quelques prestigieux prédécesseurs, Theo Angelopoulos (1999), Youssef Chahine (1998) et Milos Forman (1997). Celle qui fut la compagne et complice de Jacques Demy est présente cette année à Cannes hors compétition avec Les glaneurs et la glaneuse, un documentaire sur l’économie parallèle de la récupération dans les pays développés. «Nous vivons, dit-elle, dans une société qui laisse inutilisés quantité de biens alimentaires et ne sait pas comment distribuer ce surplus. J’ai voulu montrer cet aspect de la réalité, sans misérabilisme, mais avec le désir toutefois d’être didactique, pour qu’on apprenne comment cela marche». Au cours d’une séance qui a duré plus de deux heures, en présence d’une foule nombreuse, constituée de cinéphiles et d’étudiants principalement, la réalisatrice a offert un cours magistral plein de vie et d’humour, qui devait beaucoup par le sens de la formule, tour à tour poétique, humoristique ou décalée, à une de ses principales références en matière artistique, le poète Raymond Queneau. Elle lui emprunte, dit-elle, les trois ingrédients qui doivent constituer les principaux moteurs de la création artistique : le sentiment, l’intelligence et la volonté. Sarraute et Bachelard Agnès Varda a parsemé son discours d’anecdotes sur sa carrière, affirmant notamment que la photographie et la peinture ont déclenché son désir de se mettre derrière la caméra. «À 25 ans, je n’avais pratiquement aucune culture cinématographique, j’avais vu cinq films au maximum», dit-elle. «J’ai appris le cadrage à travers la peinture de Degas». Elle a indiqué comment un refus – celui de la Commission de l’avance sur recettes – était à l’origine d’un de ses films les plus connus, Le bonheur (1965). «Le vendredi, j’ai appris qu’on me refusait l’avance. Sous le coup de la colère, j’ai écrit en un week-end un autre scénario que j’ai déposé le mardi et qui, celui-là, fut accepté». La cinéaste a aussi expliqué que le hasard a le plus souvent guidé ses choix, citant notamment une phrase de Luis Bunuel : «Entre le hasard et le mystère, se glisse l’imagination». Lectrice assidue jusqu’à l’âge de 30 ans, elle désigne également la romancière Nathalie Sarraute et le philosophe Gaston Bachelard comme deux influences déterminantes dans son parcours. «Ce sont un peu mes “vieux”, ainsi que l’on surnomme parfois ses parents, toute ma vie, ces deux intellectuels m’ont protégée du crétinisme». Agnès Varda s’est enfin déclarée très attentive à la révolution numérique et l’introduction des nouvelles technologies dans le 7e art. «Nous abordons une ère où l’on va pouvoir filmer comme on pense, comme on note».
Citant pêle-mêle Raymond Queneau, Gaston Bachelard, Nathalie Sarraute, faisant chanter à intervalles réguliers un petit oiseau mécanique pour égayer une prestation bien peu académique, Agnès Varda a sacrifié au rite de la traditionnelle «leçon de cinéma» cannoise. Dans ce rituel, la réalisatrice française, 72 ans, succédait à quelques prestigieux prédécesseurs, Theo...